La compagnie aérienne nationale, lourdement touchée par la pandémie de coronavirus, a trouvé ce mercredi un accord de principe avec le gouvernement et les syndicats pour un plan de maintien de l’emploi concernant 20 % de ses effectifs. L’État va débloquer une enveloppe de quelque 50 millions d’euros.
Le verdict est tombé. Contrairement aux attentes, la situation du secteur de l’aviation civile ne s’est pas améliorée en ce début d’automne. Déjà handicape par des problèmes structurels, Luxair se voit désormais confronté à une conjoncture en chute libre. Les prévisions pour les mois d’octobre, novembre et de décembre ont dû être solidement revus à la baisse. En cause : le sentiment d’insécurité qui prévaut toujours auprès des voyageurs mais aussi la fermeture de frontières décrétée une nouvelle fois par certains pays.
Ce mercredi, la tripartite aviation s’est réunie pour la troisième fois depuis le début de la crise sanitaire. Assis au côté du ministre de la Mobilité, François Bausch, le directeur général de Luxair, Gilles Feith, avait le visage sombre. Et pour cause. La compagnie aérienne nationale se voit en cette période de crise forcée de supprimer 600 emplois. Seule nouvelle positive : il n’y aura aucun licenciement sec. Avec le gouvernement et les syndicats, un accord de principe sur un plan de maintien dans l’emploi a pu être conclu. Il aura une durée de trois ans.
50 % en reclassement, 50 % en préretraite
La moitié des salariés concernés sera transférée dans la cellule de reclassement, où des formations seront proposées afin de leur permettre de retrouver un emploi durable. Le prêt temporaire de main-d’œuvre fait partie des outils pour recaser les salariés. L’autre moitié va bénéficier de mesures de préretraite. Des réaffectations en interne ne sont pas exclues. La possibilité de transférer des pilotes de Luxair vers Cargolux est une autre option envisagée.
L’Etat va débourser quelque 50 millions d’euros sur les trois ans à venir afin de financer le plan de maintien de l’emploi. Les actionnaires de Luxair devront à leur tour décider des prochains investissements à effectuer. Tous les détails doivent être finalisés d’ici le 9 novembre, date prévue pour signer l’accord trouvé ce mercredi.
Toutes les entités du groupe concernées
«Le gouvernement prend ses responsabilités. Comme c’est le cas pour ArcelorMittal, le soutien de l’État est cependant lié à l’engagement de Luxair d’investir dans l’avenir afin de pérenniser son activité», note le ministre François Bausch. Une adaptation du cadre légal traitant de la cellule de reclassement, instrument datant de la crise sidérurgique des années 70 et 80, doit encore intervenir.
«Je ne suis pas fier de devoir annoncer le départ de 600 employés. Nous faisons toutefois preuve de responsabilité sociale et je suis content du soutien apporté par l’État et les syndicats. Luxair pourra désormais se concentrer sur la préparation de son avenir», commente Gilles Feith, le directeur général de Luxair. Il précise que toutes les entités du groupe (cargo, service, airline, catering et administration) seront concernées par le dégraissage.
La convention collective prolongée de trois ans
«Il s’agit tout de même d’une situation dramatique. La contribution du personnel est importante, mais au moins on a pu acter une garantie de l’emploi», indique Patrick Dury, le président du LCGB.
La convention collective chez Luxair, venant à terme en cette fin d’année, a été prolongée de trois ans. «Il nous a importé non seulement de garantir le maintien de l’emploi mais aussi les acquis des salariés. C’est chose faite avec la prolongation de la convention collective, à l’exception près qu’il n’y aura pas de hausse salariale dans les trois années à venir», détaille Michelle Cloos, secrétaire centrale de l’OGBL.
Il reste à noter que lux-Airport, l’exploitant de l’aéroport de Luxembourg, et Cargolux, la compagnie de fret aérien, se portent mieux. Aucune coupe des effectifs n’est prévu pour l’instant.
David Marques