Dans une lettre au président de l’EPA Alzette-Belval, plusieurs maires du Pays-Haut s’inquiètent de voir l’entreprise Colas figurer en bonne position dans l’adjudication des travaux d’aménagement de la ZAC de Cantebonne. Ils rappellent que l’entreprise est celle qui porte le projet de carrière à Audun-le-Tiche.
Dans quelques mois démarreront les travaux d’aménagement de la ZAC de Cantebonne. Cette zone, située à la sortie de Villerupt, s’inscrit dans l’Opération d’intérêt national (OIN) qui prévoit à l’horizon 2031 la construction de 8 000 logements sur le territoire de la Communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette (CCPHVA).
Le 29 juillet dernier, la commission achats de l’EPA Alzette-Belval a examiné les offres reçues dans le cadre de l’attribution du lot numéro 1. Ce lot comprend les terrassements, les travaux de voiries et les réseaux. Parmi les prétendants, l’entreprise Colas a formulé la meilleure offre.
Colas, persona non grata dans le Pays-Haut
À la lecture de ce nom, bon nombre d’élus du Pays-Haut se sont étranglés. Colas, qui appartient au groupe Bouygues, est l’actionnaire principal de la société Carrière de l’Est, à l’initiative du projet de carrière à Audun-le-Tiche. Depuis 2017 et la décision de justice qui autorise son implantation , le projet de carrière se heurte à une vive opposition d’une partie des habitants et des élus. Plusieurs manifestations ont été organisées en ce sens ces deux dernières années.
Les opposants voient en ce projet un camouflet à la politique prônée par l’intercommunalité, laquelle est porteuse du label TEPCV (territoire à énergie positive pour la croissance verte). Ils redoutent par ailleurs les conséquences sur le trafic routier de la RD16 , déjà saturée aux heures de pointe.
Ils soulignent enfin les risques d’effondrements des cavités souterraines , vestiges de l’activité minière.
Les élus souhaitent une nouvelle consultation
Dans leur lettre, les maires de Villerupt, Audun-le-Tiche, Aumetz, Thil, Errouville, Crusnes, Boulange, Rédange, l’ancien maire de Villerupt et de Thil avertissent le directeur de l’EPA sur une éventuelle collaboration avec cette entreprise. Ils l’exhortent de lancer une nouvelle consultation : «Qui pourrait comprendre la logique d’un partenariat avec une entreprise méprisant à ce point-là […] les objectifs environnementaux portés sur le territoire local et le respect de la démocratie locale ?», écrivent-ils.
La décision finale appartient au conseil d’administration qui devra statuer cet automne. En attendant, Colas figure bien en pôle position pour rafler la mise.
Damien Golini (Le Républicain lorrain)