Avec plus de 7 000 signatures, une citoyenne a réussi à faire débattre des potentiels dangers de la 5G au Parlement, après avoir lancé une pétition. Mais celle-ci restera certainement sans suite.
Une pétition introduite à la Chambre des députés, si celle-ci reste au bout du compte lettre morte, ne sert-elle qu’à prôner les idéaux propres à la démocratie ? Tel est, finalement, l’objet du débat qui aurait dû être lancé après que de multiples pétitions publiques n’ont connu aucune suite favorable.
La pétitionnaire Concetta Valvason aura au moins eu le mérite de pouvoir exposer ses arguments anti-5G à la Chambre des députés, en plaidant contre un déploiement de cette technologie. «Il n’y a aucune étude internationale concrète et fiable », dit-elle face aux députés.
«Nous ne sommes pas des lapins de laboratoire»
«La 5G est présentée comme dangereuse pour les humains. Nous ne sommes pas des lapins de laboratoire !» , s’exclame-t-elle, en évoquant les radiations nocives que le 5G est censée dégager. «Nous vivons dans un monde digitalisé, qu’on le veuille ou pas», répond le Premier ministre, Xavier Bettel.
Avant, pour lui, de tempérer : «Au Conseil européen de la semaine dernière, j’étais le seul, sur les 27 chefs d’État et de gouvernement, à évoquer les risques environnementaux et sanitaires de la 5G, le seul ! Et je peux assurer que le Grand-Duché n’en a pas honte ! Jamais nous ne ferions quelque chose en catimini et il serait faux de le dire. La population est informée de la situation par le biais de conférences et de débats», a-t-il insisté.
«Vous me décevez, monsieur le Premier ministre, car seules deux conférences ont été tenues, mais aucun véritable débat. Le public n’est pas informé correctement !», a rétorqué la pétitionnaire, Concetta Valvason.
Pour la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, le « principe de précaution », revendiqué moult fois par les pétitionnaires et par certains députés, «est toujours appliqué par l’État, notamment quand il s’agit de nouvelles technologies».
Lenert : «Le pays est ouvert (à la discussion)»
Quant à Paulette Lenert, la ministre de la Santé, elle a tenu à apaiser les anti-5G en déclarant que «le Luxembourg est en position d’ouverture», tout en soulignant que «pour nous (le Luxembourg) le débat n’est pas clos.»
Quoi qu’il en soit, plusieurs députés (de l’opposition) se sont rangés du côté de la pétitionnaire en mettant les dangers de la 5G sur la table, et notamment pour ses applications industrielles, dans les domaines de la médecine et du transport, entre autres. «Les citoyens ne sont pas au courant. Quel sera le niveau de radiations ? Quel sera l’impact sur la santé des gens ? Quels sont les changements entre la 4G et la 5G ? Il serait bien que le gouvernement lance une campagne d’information. Il faut que le citoyen se fasse sa propre image et ce, en toute objectivité», a suggéré Viviane Reding (CSV).
De son côté, David Wagner (déi Lénk) s’est interrogé sur l’ «opportunité du déploiement de la 5G : quel est le besoin des gens ? A-t-on réellement besoin d’une nouvelle technologie ou d’une autre ? Quel en est le contrôle démocratique; je n’ai pas beaucoup entendu parler du « livre blanc » annoncé par le gouvernement au sujet de sa stratégie de digitalisation…»
«Une dictature digitale»
Selon la pétitionnaire à succès, il est finalement « utopique de vouloir débattre de la 5G en quelques minutes. Nous sommes dans le cadre d’une dictature digitale. Tout doit encore être débattu et discuté, il y va de notre santé.»
Finalement, il aura été décidé, à huis clos, de poursuivre ultérieurement la discussion en commission parlementaire. Mais concrètement, étant donné les enjeux économiques, notamment, d’un futur déploiement de la 5G, que Post, par exemple, est prête à mettre en œuvre depuis plus d’un an… sans parler de la concurrence étrangère, de la course à la technologie… le débat semble bien clos, et cela, depuis très longtemps.
Claude Damiani