Le Swift et Pétange vont mal ? Ils s’affrontent ce samedi soir. Le Progrès traîne la patte ? Il va visiter le Fola. Conséquences cataclysmiques avant la trêve internationale ?
Vous avez vu le classement ? Tout fout le camp. Ça doit être l’année du titre pour le Progrès ? Huitième à huit unités de la tête, en prenant moins de 50 % des points possibles. Le RFCU, que tout le monde annonçait au moins sur le podium ? Dixième à sept unités de la troisième place. Pétange, qui clamait qu’il allait faire mieux que sa quatrième place de la saison passée ? Treizième avec une victoire seulement en six matches. Le Swift, promu le plus ambitieux depuis l’invention du football au Grand-Duché ? Gentil septième incapable de verrouiller sa défense, seulement la huitième de l’élite.
Il reste 24 journées, mais je ne dirais pas qu’il y a largement le temps de remonter
Vendredi, c’est Régis Brouard, coach du Racing, qui a théorisé la situation et son analyse pourrait tenir en quatre mots : il y a urgence !
«Il reste 24 journées, mais je ne dirais pas qu’il y a largement le temps de remonter !, lâche le technicien français. On ne peut pas se permettre de prendre trop de retard. Parce que pendant ce temps, d’autres équipes, elles, prennent de la confiance et on sait tous que cela a un impact énorme. On peut se dire qu’à un moment, ça se rééquilibrera, mais j’ai la sensation que ce championnat va rester très homogène et que cela rend toute projection à long terme impossible.»
Regardez Pétange. Le Titus, doté du meilleur effectif de son histoire (y compris avant la fusion), vient de changer de coach (Nicolas Huysman pour Ismaël Bouzid) avec l’objectif avoué non pas de rester synchrone avec ses objectifs de début de saison mais au moins de se remettre à gagner. On n’est pas dans l’abdication mais le fait d’aller visiter Hesperange après la gifle footballistique (1-2) reçue contre le Fola lundi soir n’a suscité qu’un commentaire entendu de la part de la direction sportive. Yassine Benajiba prend effectivement des pincettes avec les impératifs du club : «Le foot n’est pas une science exacte. On ne peut rien prédire. Là, on va visiter un club qui conserve le meilleur effectif du pays, qui va bien finir par se réveiller. Nous ? On est dans le trou et on cherche des solutions. C’est la première fois que ça nous arrive et on apprend. Même moi, qui fais mon autocritique. On se rend compte que tout ce qu’on tente ne porte pas forcément ses fruits. Il est important de passer par ces moments-là, aussi.»
Tout l’enjeu de ce début d’automne est de déterminer si «ces moments-là» peuvent se transformer en «ces saisons-là». Certains cadors visant au moins l’Europe et au mieux le titre vont-ils déjà et très vite devoir revoir leurs ambitions à la baisse ?
À Niederkorn, on donne aussi dans le minimalisme. Après le 3-0 que Wiltz a infligé à ses gars, Roland Vrabec, toujours confronté aux limites d’un effectif un peu décimé et surtout à la nécessité de se rendre au Galgenberg, marche sur des œufs. «On n’a pas eu la bonne attitude à Wiltz. Je veux absolument un autre langage corporel à Esch. Si on prend 1 ou 3 pts, je serai content. Si on perd mais qu’on montre autre chose, alors on pourra construire là-dessus.»
On ne sait pas encore si c’est grave
Là non plus, ce n’est pas un renoncement. Plutôt une reconnaissance explicite de la réalité du moment : les valeurs sont nivelées et très largement. Régis Brouard le formalise comme ça : «Regardez Rosport et le F91 ! Deux équipes très bien structurées, qui restent dans ce qu’elles savent faire et pas autre chose ! Alors que nous, on cherche et on n’a pas encore forcément trouvé.»
Ce «nous» ne ressemble pas à de l’égotisme. Il semble englober toutes ces équipes qui devraient être bien plus haut au classement et ont pris beaucoup de retard. «Eux ont la confiance désormais, embraye Brouard à propos des équipes du top 3. C’est difficile de gagner la confiance. Quand on l’a, il ne faut pas la perdre parce que c’est dur à retrouver. D’autant que là, j’ai l’impression que chaque club va avoir ses bonnes périodes de 4, 5, 6 matches.»
Vrabec a la même analyse mais dans sa version négative. «Ce retard, on ne sait pas encore si c’est grave. Tout le monde connaîtra un moment critique dans la saison comme cela nous arrive en ce moment à nous. Et je suis content d’avoir cette phase maintenant, alors qu’on peut encore améliorer les choses. Plus tard dans la saison, ce sera beaucoup plus gênant.» Bref, les cadors nous expliquent aujourd’hui qu’ils ont bien conscience de la précarité de leur situation et du risque de basculement définitif vers la saison qui part en sucette.
Et ce n’est pas le calendrier de ce week-end qui va les empêcher d’avoir des sueurs froides.
Julien Mollereau