Ça y est, ils arrivent. L’entreprise de construction Stugalux a présenté jeudi à Hesperange deux robots qui seront déployés sur les chantiers. Leurs futurs collègues ont sûrement hâte de travailler avec eux. Mais, passé la curiosité, il y aura sûrement un petit peu de méfiance dans les regards. Évidemment, nous sommes encore loin du robot parfait qui manie la pelle et la truelle avec dextérité comme on peut le voir dans les films de science-fiction. La révolution robotique est néanmoins en marche et ces petits engins rigolos (mais utiles) font figure de pionniers.
L’inquiétude concernant l’impact de ce type de machine sur le monde du travail n’est pas nouvelle. Loin de là. Au début du XIXe siècle, en Angleterre, tisserands et autres tricoteurs sur métier à bras avaient suivi John Ludd dans son combat contre cette invasion technologique. Masqués et armés de maillets, ils détruisaient les machines à tisser dans les manufactures. La raison : elles allaient les mettre au chômage, voire faire disparaître tout simplement leur métier! La répression du gouvernement anglais fut féroce et nombre de ces luddistes, comme on les nommait, furent pendus. On ne badinait pas avec ceux qui n’aimaient pas la modernité à l’époque…
Aujourd’hui, le débat est moins «passionné», mais il existe. Les robots semblent vouloir peu à peu s’affranchir de la sphère industrielle pour commencer à occuper notre espace public, notre environnement direct. Les chantiers sont une première étape. Dans le monde hospitalier, ils ont déjà rendu de fiers services. Lors de la crise due à l’épidémie de coronavirus, des robots ont été appelés en renfort pour suppléer le personnel soignant. Ils servaient par exemple de relais entre les patients et les médecins grâce à leur écran (limitant ainsi les contacts entre humains) ou étaient utilisés pour désinfecter les pièces des hôpitaux. L’avancée des robots va-t-elle résister à l’effet de mode ou au coût de maintenance? Demandez à John Ludd…
Laurent Duraisin