L’Euro Space Center, situé en province belge de Luxembourg, le long de l’autoroute Luxembourg-Bruxelles, a rouvert ses portes vendredi, après un an de travaux. (Re-)découverte avec son directeur, Jean-Marcel Thomas.
L’Euro Space Center vient de rouvrir ses portes. Quel est le message que vous souhaiteriez adresser aux visiteurs du Grand-Duché de Luxembourg ?
Jean-Marcel Thomas : Notre intérêt concernant le Grand-Duché est double : d’un côté, le Luxembourg a une activité spatiale relativement importante, et ce depuis des années, par le biais de SES Astra dont une filiale (SES Astra TechCom Belgium SA) se trouve sur notre site. De l’autre côté, SES Astra est notre partenaire depuis plus de 30 ans : dès son ouverture, il a parrainé et sponsorisé l’Euro Space Center.
La relation entretenue avec le Grand-Duché voisin est donc très ancienne. Quelle en est la valeur ajoutée ?
Je tiens à rappeler que, depuis plus de 30 ans, nous avons de nombreuses classes d’écoles primaires (fondamentales) et secondaires du Luxembourg qui viennent visiter le centre chaque année. Ces visites se font dans le cadre d’une excursion d’une journée ou pour un séjour d’une durée plus longue.
Quelles autres nationalités sont représentées au niveau de vos visiteurs ?
L’Euro Space Center accueille, dans le cadre de stages et de ses activités de séjours prolongés, plus de 34 nationalités différentes.
De plus, le centre accueille des visiteurs de plus de 62 nationalités pour ce qui relève des visites d’un jour, ce qu’on qualifie de « grand public ». Il est clair que face à ces statistiques, je peux affirmer que beaucoup de Luxembourgeois viennent nous rendre visite.
D’un point de vue davantage politico-économique, quelles sont vos relations avec le Grand-Duché ?
Le Luxembourg est entré, depuis quelques années, dans l’ESA (NDLR : European Space Agency, l’Agence spatiale européenne, qui a son siège à Paris). De ce fait, nous constatons l’intérêt de la politique luxembourgeoise pour le spatial. Ainsi, il existe au Luxembourg une industrie spatiale ainsi qu’une volonté des autorités politiques de faire évoluer le spatial, notamment en collaboration avec la Belgique. Dans ce contexte, il y a un travail de fond qui se fait : la collaboration entre les industries spatiales luxembourgeoise et belge est très étroite.
Comment se matérialise, de manière concrète, cette collaboration spatiale entre les deux pays du Benelux ?
Nous tiendrons notamment, et ce très prochainement et durant deux jours, une grande conférence dans le cadre de l’Exposition universelle de Dubai à laquelle participeront Belges et Luxembourgeois. Il s’agira, pour nous, de défendre les intérêts spatiaux de la Grande Région. Je le répète, l’industrie spatiale luxembourgeoise a, depuis toujours, appuyé et aidé l’Euro Space Center.
L’Euro Space Center vient de rouvrir, après une année de travaux. Quel(s) objectif(s) vise-t-il pour le futur ?
Aujourd’hui, l’Euro Space Center n’est plus à considérer comme un musée ni même comme un centre d’interprétation, car il est désormais devenu un parc à thème, dédié au spatial. C’est la première fois qu’il existe un parc de ce type, aussi bien en Belgique qu’au Luxembourg.
Certes, tout le monde connaît le Futuroscope à Poitiers… mais désormais, en tant que « parc à thème », nous prétendons proposer de l’interactivité, laquelle s’avère supérieure à la passivité que l’on peut trouver dans un musée ou au simple dynamisme que l’on peut trouver dans un centre d’interprétation. Et l’offre de l’Euro Space Center a une vocation pédagogique, bien entendu.
L’Euro Space Center est l’unique parc à thème spatial au monde
Afin que les profanes comprennent bien la finalité visée, quel est concrètement ce que vous proposez de plus au sein de votre centre ?
Pour les visiteurs d’un jour, nous véhiculons de l’information et proposons de l’initiation. Lorsque l’on se rend chez nous dans le cadre d’un séjour, pour des week-ends en famille par exemple, les gens se voient offrir l’opportunité de vivre dans la peau d’un astronaute, le temps d’un week-end. Ici, au centre, on ne fait pas du « Disneyland ». Et je peux vous dire que les gens sont satisfaits à hauteur de 99,9 % après avoir séjourné dans notre centre.
Le centre a rouvert vendredi dernier. Comment avez-vous vécu dès lors la crise sanitaire du Covid-19 ?
Nous l’avons très bien vécue, dans la mesure où nous étions effectivement fermés pendant douze mois. Nous venons tout juste de rouvrir nos portes. Sinon, je peux vous assurer que nous sommes sereins parce que nous avons à présent des installations neuves, dont des ventilations double et triple flux. De plus, nous avons pu nous réorganiser et nous restructurer, en fonction de l’épidémie, notamment.
En quel sens le centre a-t-il concrètement pu se réorganiser en fonction du Covid ?
Nous nous retrouvons désormais dans une situation dans laquelle nous avons tout repensé, de l’agencement des files d’attente jusqu’aux toilettes. Aux toilettes, par exemple, a été installé du papier hygiénique dont on peut arracher un morceau sans devoir toucher tout le rouleau. De plus, des sprays incolores et inodores, qui tuent toute bactérie, agiront dans tous nos locaux. Toutes les pièces ont été repensées avec divers types d’appareils qui vont dans ce sens. Idem pour les couloirs ou encore les salles de formation.
Tout a été réfléchi : l’Euro Space Center est absolument sûr et les visiteurs du Grand-Duché sont les bienvenus!
Quelles sont vos nouveautés ?
Tout est nouveau. Le hub spatial, par exemple, est un espace dédié aux tests d’aptitude de nos candidats astronautes : ce sont les dix tests qui ont été sélectionnés par notre équipe pédagogique. Ils proviennent des agences spatiales NASA, ESA, Roscosmos ainsi que d’autres, qui ont été adaptés pour le grand public. Évidemment, tout a été vulgarisé pour que nos visiteurs se rendent compte des capacités à acquérir pour les astronautes et pour devenir des candidats astronautes dignes de ce nom.
Nous avons aussi le hall training, avec de nombreux engins tels que des exosquelettes pour découvrir Mars. Le Village Mars est un habitat martien grandeur nature pour tout savoir sur la planète rouge; il y sera expliqué comment réaliser une mission et surtout comment on va pouvoir explorer Mars demain, c’est-à-dire comment créer de l’oxygène, se nourrir et se déplacer sur la surface de Mars. De plus, le Free Fall Slide, autre nouveauté, avec ses toboggans, permet d’expérimenter la chute libre, tel un astronaute en sortie extravéhiculaire. Enfin, le Space Rotor permettra de tester sa résistance au décollage d’une fusée, avec une rotation à 3 G, tout comme lorsque les astronautes décollent à bord d’une fusée.
À combien de visiteurs vous attendez-vous pour cette année de réouverture ?
Nous avons accueilli 53 000 visiteurs lors de notre dernière année d’exploitation, de même que 35 000 jours-stages. Pour 2021, nous avons déjà plus de 25 000 jours-stages qui sont réservés et confirmés.
Comment donner envie aux visiteurs luxembourgeois de se rendre à l’Euro Space Center, en quelques mots ?
Les avantages, pour la province de Luxembourg et le Grand-Duché, c’est d’avoir la chance de se trouver à proximité d’un site unique au monde, cela attire des gens à l’international. Nous espérons ainsi que l’Euro Space Center sera un moteur économique, et plus particulièrement un moteur touristique, pour le Grand-Duché et pour la Belgique. C’est ça l’intérêt. Après, donner envie aux Luxembourgeois de venir… Eh bien, il faut qu’ils sachent qu’ici il y a des gens qui viennent d’Australie, de Chine, de Taïwan, des Émirats, d’Israël, d’Ukraine et de partout dans le monde… qui, lorsqu’ils ont la chance de venir en Europe, font en sorte de visiter l’Euro Space Center car ils savent qu’ils vont vivre une expérience unique, que les Luxembourgeois peuvent vivre, ici, juste à côté de chez eux !
Entretien avec notre journaliste à Transinne, Claude Damiani