Le premier syndicat du pays lance une campagne autour de la sortie de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus. Au vu des plans sociaux qui se multiplient au Luxembourg, le gouvernement est pressé à renforcer le statut des salariés, «les principales victimes de la crise».
ArcelorMittal, Luxair, Guardian Luxguard, CFL Cargo, Fondation Kräizbierg, Post ou encore le secteur du nettoyage. La liste de conflits sociaux que l’OGBL est appelé à affronter en cette rentrée syndicale est longue. Même si tous les dossiers ne sont pas liés à la crise sanitaire, Nora Back évoque ce mardi une «situation très grave. Les temps sont rudes». La présidente de l’OGBL a dressé un état des lieux tout en appelant le gouvernement, mais aussi le patronat, à agir pour mieux protéger les salariés. «On en a marre des promesses non tenues», clame-t-elle.
Le comité national de l’OGBL s’est penché sur une campagne intitulée «Notre sortie de crise pour tout le monde». Le plan d’action repose sur cinq piliers visant à éviter que la crise sanitaire, devenu une crise économique ne se transforme en crise sociale qui risque de creuser encore davantage les inégalités. Une réforme du droit du travail, le renforcement du pouvoir d’achat, une offensive pour contrer la crise du logement, une politique fiscale plus juste et la pérennisation du système de sécurité sociale figurent en haut de l’agenda de l’OGBL.
«On est engagé sur tous les fronts»
«Pour l’instant, on est vraiment engagé sur tous les fronts pour défendre les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Il faut éviter à tout prix qu’ils deviennent les principales victimes de la crise. Les inégalités sociales ne doivent pas continuer à se creuser», clame Nora Back. La présidente annonce que l’OGBL «va user de tous ses moyens syndicaux» pour parvenir à ses fins.
Mis en perspective, la réforme la législation concernant le plan social et le plan de maintien de l’emploi doivent rapidement se concrétiser, clame le syndicat. «Le Comité permanent pour le travail et l’emploi doit enfin se consacrer à cette thématique. Le cadre législatif actuel présente trop de lacunes. Il n’est pas assez contraignant et permet de contourner notamment les règles du plan social», déplore Nora Back.
Des revendications comme la revalorisation des prestations familiales et la hausse du salaire social minium auraient encore une fois gagnés en importance.
Logement : «Des formules anachroniques»
En ce qui concerne l’éternel chantier du logement, l’OGBL estime que «la volonté politique» de lutter vraiment contre l’explosion des prix n’est pas présente. Le Pacte Logement 2.0 tout comme la réforme de la loi sur le bail à loyer ne «résoudront en rien les problèmes existants». Le gouvernement miserait toujours sur des «formules anachroniques». À bout de patience, l’OGBL a décidé de se rallier aux initiatives citoyennes pour dénoncer la crise du logement. Une manifestation d’envergure aura lieu le 10 octobre à Luxembourg.
Toute «attaque» contre le système de sécurité sociale est une ligne rouge pour l’OGBL. «La crise sanitaire a plus que jamais démontré l’importance de disposer d’un fort système de sécurité sociale», insiste Nora Back. Dans cet ordre d’idées, le syndicat revendique que la Caisse nationale de santé se fasse rembourser dans les meilleurs délais l’argent débloqué pour financer le congé spécial pour raisons familiales. «Dans l’urgence, il s’agissait de la bonne solution. Il n’existe toutefois aucun lien avec un congé de maladie», détaille la présidente. Les dépenses devraient être donc compensés par d’autres budgets ministériels.
En faveur d’un impôt sur la richesse
L’OGBL est conscient que l’Etat devra trouver de nouveaux moyens pour financer les répercussions de la crise. Dans ce contexte, le syndicat est favorable à un impôt sur la fortune et à l’imposition du droit de succession en ligne directe. «La priorité doit être un impôt sur la richesse visant les très grandes fortunes. La valeur du logement personnel devra toutefois être neutralisée», souligne Nora Back. Le même principe devrait valoir pour l’imposition des successions en ligne directe.
Le fait que le gouvernement ne compte plus réunir de tripartite nationale avant la déclaration du Premier ministre sur l’état de la Nation, fixée au 13 octobre, ne réjouit pas l’OGBL. «En juillet, on a dû se battre pour obtenir l’assurance de la tenue d’une seconde tripartite à l’automne. On ne va pas lâcher prise», promet la présidente.
David Marques