Handicap International Luxembourg appelle à la mobilisation, surtout en ligne, pour mettre fin aux bombardements des civils.
C’est une tradition depuis 21 ans : chaque année, le premier samedi d’octobre est le rendez-vous de la pyramide de chaussures de Handicap International. Mais cette année, les choses se passeront de manière différente à cause de la crise sanitaire liée au Covid-19. L’association a imaginé un événement voulu sûr du point de vue sanitaire. Sans chaussure, la pyramide dressée samedi de 10 h à 17 h place Clairefontaine à Luxembourg proposera aux passants une exposition sur les conséquences des bombardements en zone habitée et «l’effet domino» fatal qu’ils engendrent. Des décors immersifs illustrant le quotidien des civils sous les bombes seront aussi déployés (les mesures barrières seront scrupuleusement respectées tout au long de la journée). Et le reste se déroulera en ligne via le hashtag #PyramideHI20 et sur le site www.6moispourgagner.lu.
«Cette journée est importante, car elle constitue le point d’orgue de notre campagne « 6 mois pour gagner », explique Hélène Lo Presti, responsable Éducation au développement et sensibilisation. Comme l’année dernière, nous invitons les résidents à envoyer un mail aux députés pour les inciter à soutenir notre action et à mettre fin aux bombardements sur les civils. L’an passé, 3 000 courriels avaient été envoyés. Ensuite, nous proposons aux résidents de soutenir notre action en se montrant créatifs en confectionnant leur propre minipyramide de soutien.»
«Ces bombardements sont des crimes»
Et sur le hashtag #PyramideHI20, on voit déjà fleurir des minipyramide boîtes de conserve, jeux vidéo, livres, bouchons, matériel scolaire, jouets… Et des sportifs ont dessiné des parcours «en triangle» dans leur application de running préférée.
Et la mobilisation «est plus que jamais importante aujourd’hui», souligne Mehdi Magha, «Nous combattons une pratique qui est celle des bombardements de civils, clame le nouveau directeur de Handicap International Luxembourg. Aujourd’hui, 90 % des victimes et blessés des bombardements sont des civils. Ces bombardements ne sont pas « faire la guerre », ce sont des crimes.»
Depuis un an, le Luxembourg est impliqué, aux côtés de 70 autres États, dans des négociations pour aboutir à une déclaration politique forte sur l’usage des armes explosives en zones peuplées. Handicap International a fourni un important travail de documentation pour mettre en évidence les preuves des conséquences désastreuses de cette pratique militaire et convaincre les États de se prononcer en faveur de son interdiction. «Une opportunité unique de changer le droit de la guerre tel qu’il existe, estime Mehdi Magha. Le confinement du printemps dernier a retardé ce processus diplomatique historique, mais ne l’a pas suspendu. La fin de l’année sera décisive : nous avons six mois pour enfin gagner contre le bombardement des civils. Le Luxembourg peut incarner l’un des pays moteurs de la lutte contre l’utilisation des armes explosives en zones peuplées, rôle qu’il a déjà joué par le passé dans la lutte contre les mines.»
Guillaume Chassaing
«Des moments difficiles»
À l’instar de tous les secteurs d’activité du pays, le monde associatif a également été touché par la crise sanitaire liée au Covid-19. «Nous avons connu des moments difficiles, ne nie pas Mehdi Magha, le directeur de Handicap International Luxembourg. On a dû suspendre de nombreuses activités et cela va avoir des conséquences sur l’année prochaine. En effet, même si nous avons des accords avec le ministère des Affaires étrangères et européennes, nos finances viennent en grande partie de nos donateurs. Et cette année, nous avons recruté beaucoup moins de nouveaux donateurs. Mais je tiens à remercier nos donateurs réguliers qui ont répondu à notre appel aux dons lors de l’explosion à Beyrouth (Liban).»
Les choses semblent rentrer petit à petit dans l’ordre. Le «face to face» de handicap International Luxembourg, à savoir le recrutement de nouveaux donateurs dans la rue, devrait pouvoir reprendre à partir de la mi-octobre dans le respect des gestes barrières. Et Handicap International devrait également reprendre ses actions de sensibilisation auprès de la population et notamment auprès des jeunes via des interventions dans les écoles du pays.
Mehdi Magha est le nouveau directeur
de Handicap International Luxembourg
Il est arrivé fin mai dans les locaux de Handicap international Luxembourg et sa nomination a été officialisée début septembre : Mehdi Magha est le nouveau directeur de Handicap International Luxembourg. Il a remplacé Martin Lagneau, membre historique de l’association et directeur durant 13 ans.
Après avoir porté pendant de nombreuses années la collecte de fonds de Médecins sans frontières Belgique en qualité de directeur adjoint, Mehdi Magha a également dirigé les campagnes de santé publique d’Euro RSCG Life au titre de directeur de sa filiale belge. Aujourd’hui, fort de ses expériences professionnelles et nourri par son engagement en tant que bénévole dans le secteur de l’aide à la personne handicapée, il souhaite agir à une plus grande échelle pour que les personnes en situation de handicap soient reconnues pleinement dans leurs droits de citoyens et citoyennes.
«Permettre un accompagnement des personnes les plus vulnérables et un accès équitable aux informations, aux soins et aux services de santé sont autant d’objectifs qui ont un sens profond pour moi et que je m’attellerai à atteindre avec toute mon équipe», explique Mehdi Magha. Le nouveau directeur peut compter sur une vingtaine de collaborateurs installés au 140, rue Adolphe-Fischer dans la capitale. Ils œuvrent à la fois dans la vingtaine de pays où HI Luxembourg est engagé dans des projets cofinancés par le ministère des Affaires étrangères et européennes, et aussi au Grand-Duché, auprès du public ou des donateurs privés, pour la collecte de fonds ou encore l’éducation au développement.
«Mehdi mettra au service de HI sa riche expérience dans les domaines de la santé et de l’associatif, commente Martin Lagneau, directeur sortant. Sa détermination à porter haut et fort les valeurs de Handicap International font de lui un vrai atout pour poursuivre notre travail entamé il y a plus de 20 ans maintenant auprès des citoyens au Luxembourg et du ministère des Affaires étrangères et européennes.»