À seulement 32 ans, Samy Picard s’apprête à devenir président de la fédération luxembourgeoise de basket, ce samedi. L’ancien pro évoque cet intérêt récent. Et nous dévoile ses priorités pour ce mandat de deux ans.
Samy Picard est un jeune homme pressé. Qu’on ne retrouve pas forcément toujours là où on l’attendait.
Après l’arrêt d’une belle carrière, qui lui a permis d’être un pionnier en évoluant comme pro du côté de Trèves, l’ancien joueur de l’Amicale ou encore des Musel Pikes n’a pas choisi de s’orienter, comme beaucoup, vers le coaching.
Non, il y a un peu plus d’un an, après une conversation avec Ken Diederich «et deux ou trois autres personnes», Samy Picard décide de se lancer dans une autre aventure. Plus politique, puisqu’il a intégré le conseil d’administration de la fédé. Pour quelle raison? «Le basket est quelque chose qui me tient à cœur. J’avais envie d’être impliqué dans le processus. Et pendant cette année, on a traité des sujets très intéressants. Je vois beaucoup de potentiel.»
Parmi les choses à améliorer selon lui, la communication avec les clubs est un sujet d’importance. Et c’est dans cette optique que la fédération a enrôlé un secrétaire général professionnel, à savoir Chris Dentzer, qui vient tout juste d’entrer en fonction puisqu’il est en place depuis le 1er septembre.
Évidemment, en intégrant le CA il y a un an à peine, Samy Picard ne se doutait pas qu’il se retrouverait propulsé sur le devant de la scène quelques mois plus tard. Mais la décision d’Henri Pleimling a changé la donne : «Quand il a annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat et qu’il cherchait quelqu’un pour assurer la relève, j’ai expliqué que j’étais intéressé.»
Une solution à voter pour éviter la situation de mars
Et, sauf énorme rebondissement de dernière minute, c’est donc lui qui deviendra le nouveau président de la FLBB. En effet, il sera a priori le seul candidat pour le seul poste appelé à être modifié, toute l’équipe sortante restant en place : «Mais cinq ou six autres jeunes viendront également nous rejoindre», confie le futur président.
Un président qui a déjà commencé à enrôler le costume : «J’ai adressé un courrier avec le programme pour les deux années qui viennent.» Qu’y a-t-il donc dans ce programme ? «Rien de très spectaculaire», tempère immédiatement Samy Picard. «On va travailler sur le fonctionnement interne, on l’a déjà fait avec l’arrivée de Chris comme secrétaire général. On veut développer le 3×3, discipline sur laquelle on est en retard par rapport à beaucoup d’autres pays. Et le plus grand défi, ce sera de lutter contre la fuite des jeunes joueurs. On doit travailler sur la transition cadets/seniors pour éviter de voir trop de joueurs arrêter parce qu’ils n’ont pas de perspectives. Dans ce sens, on doit faire en sorte de rendre le championnat espoirs plus intéressant.»
Mais pour cela il faut, bien sûr, que la saison ait lieu. Et si ce n’est pas le cas, être paré à toutes les éventualités : «On a travaillé ensemble pour établir les directives, on espère que tout le monde les respectera. Ensuite, samedi, on a fait ajouter à l’ordre du jour une proposition qui doit nous permettre d’éviter ce qui s’est passé cette année. Dedans, il est stipulé que si on a joué plus des 2/3 du championnat, le classement est validé et si ce n’est pas le cas, la saison est annulée. J’espère que cette proposition sera votée.»
Samy Picard avait d’ailleurs été en première ligne il y a quelques mois, quand il avait été chargé par la FLBB d’aller défendre le projet à 20 clubs, à la suite de la volée de bois vert reçue par la fédération consécutive à sa décision de valider le classement établi au moment de l’arrêt : «À l’époque, la communication n’était pas optimale. Mais en définitive, un nouveau mode de jeu a été voté avec une bonne majorité. Ce sera intéressant de voir ce que ça va donner avec de vrais play-offs.»
Quelques dossiers épineux
En prenant les commandes de la FLBB, il va également se retrouver avec plusieurs dossiers. Dont certains assez épineux comme le statut de joueur professionnel : «La question n’est pas de savoir si le joueur est étranger, on sait très bien qu’au Luxembourg il y a beaucoup de joueurs qui ne sont pas d’origine luxembourgeoise. C’est un sujet très délicat qui est traité par un groupe de travail. Peut-être qu’il aboutira lors d’une AG extraordinaire en mai ou juin prochain.»
Les joueurs pros, luxembourgeois ceux-là, un autre cheval de bataille pour celui qui a ouvert la voie : «Le but est de suivre le modèle du football et de développer le plus possible de joueurs pros. Chaque pro supplémentaire sera un succès pour le basket luxembourgeois. Nous avons plusieurs garçons, le prochain devrait logiquement être Ivan Delgado. Mais il ne faut pas oublier les dames avec Lisa Jablonowski qui va évoluer en D1 italienne. Il faut essayer de les mettre davantage en vitrine.»
Une fois élu, Samy Picard a prévu d’assister à beaucoup de rencontres. Mais pas tout de suite : «Ma femme est immobilisée à la suite d’une chute pendant les vacances. Elle en a pour plusieurs semaines», indique le papa de deux enfants, dont le dernier a 18 mois. Il faudra patienter avant de voir le nouveau président dans les salles régulièrement.
Le mot de la fin est pour le bilan de son prédécesseur. Et sans surprise, Samy Picard se montre élogieux : «Je trouve qu’il a fait du très bon boulot. Il n’y a qu’à voir les résultats de nos équipes nationales. On a un championnat national compétitif qui permet aux jeunes de se développer. Et puis c’est sous sa direction qu’on a sorti quelques pros. On peut dire qu’Henri a fait un très bon job !»
Romain Haas