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[BGL Ligue] Sanel Ibrahimovic ? «Dans sa tête, il est le meilleur attaquant au monde»


Alors que Wiltz et Pétange se rencontre ce samedi, Yassine Benajiba (Pétange) nous raconte "Ibra" (Wiltz)(Photo : Wildson Alves).

(4e JOURNÉE) Yassine Benajiba connaît «par cœur» Sanel Ibrahimovic, l’attaquant de Wiltz. Mais cela sera-t-il suffisant pour permettre à Pétange de faire vaciller le surprenant leader de DN? Wiltz reçoit Pétange samedi à 19h.

Quatre titres de champion et quatre Coupes de Luxembourg ! Tel est le bilan en commun de Yassine Benajiba (35 ans) et Sanel Ibrahimovic (32) sur les cinq saisons qu’ils ont passées ensemble : une à la Jeunesse (2012-2013) et quatre à Dudelange (2015-2019). Cela vous garnit une cheminée !
L’actuel directeur sportif de Pétange et «Ibra» en ont fait saigner des défenses en évoluant de concert. Et forcément, ils ont appris à se connaître et à s’apprécier.
«Il m’a encore téléphoné avant-hier. « Brate (NDLR : cela veut dire frère en bosniaque), quatre buts en trois matches ! », m’a-t-il lancé. Je lui ai répondu que son bilan personnel sur ce début de saison ne m’étonnait pas. Je le connais le « Ibra ». Par cœur !», souriait vendredi Benajiba. Il en parle bien en tout cas de l’attaquant de Wiltz…

«IBRA», LE JOUEUR  : «CE N’EST PAS UN VÉRITABLE « 9 »»

« »Ibra » est un buteur né, comme tout le monde le sait au Luxembourg. Mais ce n’est pas un véritable « 9 » qui ne passe son temps que dans la surface. Non, c’est plutôt un « 9 et demi » très complet», lance un Benajiba qui a raccroché les crampons en 2017, avant d’occuper le poste de directeur sportif au F91. «C’est un attaquant très filou, qui va frapper sur un deuxième ballon. Technique aussi. Un joueur surtout super intelligent qui a très vite analysé comment cela fonctionnait en BGL Ligue. Il connaît tous les points faibles, toutes les forces. Il sera toujours là au moment où tu t’y attends le moins. En un mot : un « poison ». Malin et parfois un brin vicieux.» Avant d’ajouter dans un éclat de rire : «Il a un point faible. C’est le même que moi : son jeu de tête.»
Et le fait que le buteur bosnien aille aujourd’hui tout doucement sur ses 33 ans (ce sera le cas fin novembre) ne change rien à la vision de son ancien équipier. «Ceux qui croient qu’il est fini parce qu’il a 32 ans se fourvoient complètement», souligne l’ancien ailier. «Je vous assure qu’il peut encore durer. Peut-être pas jusqu’à 40 ans comme un gardien, mais je le vois bien aller jusqu’à 36, 37 ans. S’il ne connaît pas de grave blessure, il peut durer jusqu’à 38 ans même. Ce que tout le monde ne sait pas, c’est que physiquement, il est toujours parmi les meilleurs lors des différents tests. Alors que généralement, les attaquants sont un peu à la ramasse à ce niveau-là. Lui, ce n’est vraiment pas le cas.»

«IBRA», L’HOMME :«DANS SA TÊTE, IL EST LE MEILLEUR ATTAQUANT DU MONDE»

« »Ibra » est quelqu’un qui n’a rien d’extravagant. Les boîtes de nuit, ce n’est pas trop son truc. Il est plutôt du genre famille», sourit Yassine Benajiba. «Cette vie familiale calme, c’est notamment grâce à ça qu’il continue d’être aussi performant. Cela ne m’a pas surpris de le voir retourner du côté de Wiltz après Dudelange. C’est là-bas qu’il a construit, que sa maman habite. C’est quelqu’un qui n’a pas connu la facilité mais plutôt la misère en Bosnie. Cela vous forge un caractère.» Et le natif de Bruxelles d’évoquer un petit exemple. «Avec Dudelange, il jouait moins. Mais à chaque fois que Dino (Toppmöller) lui donnait sa chance, il répondait toujours présent. Il ne connaît pas de « trou » sur le plan mental lorsqu’il est moins sur le terrain. Parce que dans sa tête, il est convaincu d’être le meilleur attaquant au monde! Comme le sont les plus grands joueurs. C’est sa force, à « Ibra ».»

SON MEILLEUR SOUVENIR AVEC LUI : «DANS LES JOURNAUX, ON ÉCRIVAIT : QUI SONT LES PATRONS ?»

«On a joué tellement de matches que sortir un seul moment est difficile… Il y a peut-être cette fameuse semaine à la Jeunesse où on a battu deux fois le Fola en sept jours», se remémore le directeur sportif pétangeois.
Ce dernier fait référence à l’hiver 2012 où son équipe l’avait emporté le 25 novembre puis le 2 décembre au stade Emile-Mayrisch. «Un moment formidable. Vous savez qu’on est un peu allergique au rouge à la Jeunesse. Il y a cette rivalité qui est, au final, assez bon enfant. Le Fola avait une grosse équipe… comme nous. En attaque, il y avait « Ibra » en pointe et Ndongala et moi sur les flancs. Cela déménageait! Dans tous les journaux, il était écrit : « Qui sont les patrons à Esch ? C’est la Jeunesse. »» Une saison qui se termina par une victoire eschoise en Coupe…

L’ANECDOTE LE CONCERNANT :«ON A ÉTÉ GARDIENS… DU MÊME PARKING»

«Une anecdote? J’en ai une mais elle ne parle pas de football. À l’époque de la Jeunesse, on a été gardiens… dans le même parking à Luxembourg», lance Yassine Benajiba.
«C’est moi qui ai commencé à y bosser en arrivant à la Jeunesse. Mais je me suis vite rendu compte que c’était compliqué de cumuler un job qui débute à 6 h pour se terminer à 14 h avec le foot. Dieu merci, Ndongala a pris la suite mais a aussi arrêté assez vite. Et puis, ce fut au tour de Sanel. Et lui a su prendre ça plus tranquillement. Parce que passer 8 heures en sous-sol, sans réseau, ce n’est pas simple. Cela lui arrivait de dormir à son poste le matin, de sortir manger avec son épouse lorsque celle-ci venait le rejoindre… Il s’est arrangé pour pouvoir durer dans ce job. Et il ne l’a pas lâché jusqu’à son départ à Dudelange. Parce que c’était important pour lui.»

Julien Carette