Accueil | Editoriaux | Télétravail, abus en huis clos

Télétravail, abus en huis clos

Des bureaux bizarrement calmes, plus de rires devant la fameuse machine à café, aucun bruit ne venant des couloirs… l’ambiance de travail a bien changé dans de nombreuses entreprises au Grand-Duché à cause ou grâce au télétravail. Désolé, cela va durer. Le coronavirus est toujours là et l’Europe subit actuellement ce qui semble bien être la seconde vague de l’épidémie.
Aujourd’hui, le gouvernement va devoir organiser cette nouvelle façon de travailler, notamment pour les salariés frontaliers. La barrière fiscale est toujours là, même si la barrière des douanes a disparu. Inutile de dire que cela ne va pas être une mince affaire pour convaincre les pays les plus réticents comme la France. Mais le sujet fiscal n’est pas le seul à prendre en compte dans le cas présent. La mise en place du télétravail «forcé» en mars a été vue comme une contrainte par peu de salariés au Grand-Duché. À la mi-mai, alors que le pays se déconfinait, le Statec avait publié une première étude sur ce thème. L’expérience du télétravail a été jugée de manière positive pour 55 % des salariés concernés interrogés ou «neutre» pour 30 % d’entre eux. Seuls 15 % des personnes avaient trouvé l’expérience négative. Le télétravail fait-il l’unanimité ? On pourrait le penser en voyant ces chiffres. Pourtant cette nouvelle façon de travailler implique de nouvelles responsabilités pour l’employeur et pour le salarié. Et elles sont parfois complexes à mettre en place. Beaucoup de salariés forcés de faire du travail en ces temps de pandémie ont été déboussolés par la situation, se retrouvant, seuls, devant leur écran installé dans leur cuisine, leur salon ou leur chambre. En plus de cet isolement social, de nombreux témoignages ont évoqué des situations abusives où le salarié, chez lui, était inondé de messages ou de tâches à effectuer, avait l’obligation d’être disponible à tout moment. Le télétravail est pour beaucoup une nouvelle façon de travailler. Peut-être faudrait-il encore mieux l’encadrer au-delà de la sphère fiscale.

Laurent Duraisin