Kalendula est connu pour ses bons légumes bios qui poussent sur les hauteurs d’Altwies. Mais, cette semaine, place à la construction paille et terre. Envie de se lancer ? Une formation est organisée.
Pas une brique à l’horizon, mais des bottes de paille entassées non loin du chantier et un grand tas de terre, «sablonneuse et argileuse», comme l’aime Mathieu Tassin, ingénieur et responsable du site pour le CIGL d’Esch-sur-Alzette. Le bâtiment qui doit accueillir le centre de l’éducation à l’environnement est déjà bien avancé.
Il n’y a pas que des bons légumes bios chez Kalendula, le jardin solidaire perché sur les hauteurs d’Altwies, près de Mondorf-les-Bains, mais aussi des constructions écoresponsables que la structure d’insertion professionnelle vous propose de découvrir tout au long de la semaine.
Construire durablement avec des matériaux naturels et disponibles localement, c’est la formation et la sensibilisation qui animera le site d’Altwies, un bout de nature perdu au-dessus de la rue des Romains. Le silence y règne d’autant qu’ici aucune bétonneuse n’est en action. Perché sur une marche pour atteindre le sommet d’un réservoir, Mathieu Tassin brasse la préparation comme un bouilleur de cru touillerait ses fruits à distiller.
Pas de quetsches ni de mirabelles dans le tonneau, mais de l’eau et de la terre. Un mélange basique qui sera appliqué directement sur la paille à l’intérieur du bâtiment, comme première couche. «C’est ce qu’on appelle la barbotine», précise le responsable du site.
Il descend de sa marche pour nous guider à travers les jardins et surtout le gros chantier de construction qui occupe une partie des quinze salariés actifs à Altwies. Dans le bâtiment en bois qui accueillera le centre d’éducation à l’environnement version double-volume, un jeune travailleur, spatule en main, applique la première couche de l’enduit terre à même la paille qui tapisse les parois. «Une couche de corps de trois centimètres viendra s’ajouter et cette fois c’est un mélange de terre, de sable, de paille et d’eau», explique Mathieu Tassin.
L’ingénieur de formation a dessiné l’ensemble des plans de la construction à l’ancienne et passe à la réalisation tout en se réjouissant de pouvoir partager son enthousiasme avec le public.
Le but de cette semaine dédiée à l’écoconstruction est bien de créer des vocations, pour qu’elle ne reste pas qu’une alternative mais devienne ‹«un courant principal dans le monde de la construction». Kalendula offre une formation gratuite demain de 9 h à 16 h à travers un atelier technique ouvert à 15 participants. Les formateurs sont issus de l’association LESA, un centre de formation en écoconstruction et biodiversité situé dans les Hautes-Alpes, et viennent partager leur expérience au Luxembourg.
Les vendredi 18, lundi 21 et mardi 22 septembre, Kalendula et ses partenaires proposeront des ateliers découverte de maximum 30 personnes de 9 h à 16 h et enfin le samedi 19 septembre, ce sera la journée grand public pour petits et grands et pour tout savoir sur la construction terre-paille. En raison des mesures sanitaires en place, les places sont réservées à 30 personnes soit de 10 h à 13 h ou de 13 h à 16 h, sauf si le nombre n’est pas atteint, auquel cas le public pourra rester toute la journée.
Le panier ou le bocal
Mais il y a de quoi faire chez Kalendula pendant toute une journée. Le site qui s’étend sur 2,5 hectares est actif depuis 2006. On y cultive des légumes en adoptant des principes de la permaculture. Tout est bio, bien entendu. À l’ombre d’un hangar, deux hommes sont occupés à trier les pommes de terre. «On va les vendre au marché à Mondorf tous les 15 jours», informe l’un d’eux, tout sourire. «On fait aussi le marché à Esch et on prépare des paniers de légumes de saison tous les vendredis qui se vendent sur le site sans oublier les cantines et les restaurants que nous livrons également», ajoute Mathieu Tassin.
Pour éviter les pertes, Kalendula cuisine aussi des plats préparés, tels que la ratatouille en bocal ou des soupes. «En règle générale, on vend tout ce que l’on produit ici», assure le responsable.
Le maraîchage biologique, la construction durable et la petite ferme. Les biquettes et les poules ont trouvé leur place à l’ombre d’un verger, non loin du jardin pédagogique où les enfants viennent eux-mêmes semer fleurs et plantes.
C’est pour renforcer les animations pédagogiques (3 000 enfants l’an dernier) que Kalendula agrandit son bâtiment dédié à l’éducation à l’environnement. Le jeune public se retrouvera entre des murs en paille et terre, dans une enveloppe en bois.
Geneviève Montaigu