EUROPA LEAGUE (2e TOUR, Progrès-Willem II) Sept ans après avoir aidé Differdange à éliminer les Néerlandais d’Utrecht en inscrivant un but décisif, Yannick Bastos retrouve ce mercredi soir celui dont il avait été l’un des bourreaux à l’époque, le gardien Robbin Ruiter, aujourd’hui actif à Willem II. Avec en vue un nouvel exploit luxembourgeois ?
«Chez nous, le nom de Differdange est un peu synonyme d’avertissement.» Voilà ce que nous lançait en début de semaine un journaliste néerlandais spécialisé en foot. Avec un sourire forcément un peu jaune au bout des lèvres. Car lui comme pas mal d’autres amateurs de ballon rond aux Pays-Bas n’ont pas oublié l’été 2013. Et plus spécifiquement cette confrontation en aller-retour qui avait vu le FC Utrecht se faire éliminer par les «amateurs» de Differdange. La seule qualification européenne luxembourgeoise à ce jour face à une équipe néerlandaise.
Un exploit qui est forcément revenu avec vivacité dans les mémoires voici quelques jours lorsque le tirage au sort du 2e tour de l’Europa League a été effectué. Et que l’affrontement entre le Progrès Niederkorn et Willem II, cinquième du dernier championnat néerlandais, a été programmé à ce mercredi soir.
On y a d’autant plus vite pensé chez les Bataves que l’actuel gardien titulaire de Willem II, Robbin Ruiter (33 ans), était en 2013 dans les cages d’Utrecht. Ce qu’on n’a pas encore remarqué, par contre, côté néerlandais, c’est que la coïncidence ne s’arrête pas là. Le portier, passé entre-temps par Sunderland et le PSV, retrouvera, en effet, ce mercredi soir trois de ses bourreaux de l’époque : Mathias Jänisch, Toni Luisi et l’auteur du dernier but au retour, Yannick Bastos.
«C’est vrai, c’est lui le gardien de Willem II? Je ne savais pas. C’est marrant…» rigolait un Bastos (27 ans) dont c’est «un des plus beaux souvenirs de footballeur», à côté de ses sélections en équipe nationale. «Je vous avoue qu’on m’arrête encore de temps en temps dans la rue pour me parler de ce but et de cette qualification. Surtout du côté de Differdange…»
Le discours de Michel Leflochmoan
Il faut dire que cela avait été assez marquant. Déjà avec le succès 2-1 acquis à l’aller, au Josy-Barthel. La première et jusqu’à présent seule victoire d’un club luxembourgeois sur un néerlandais. Puis ce match retour dantesque aux Pays-Bas où les troupes du président Bei avaient été menées 3-1 avant de recoller à 3-3 et de sortir Utrecht. «Ce qui m’avait marqué, c’était le discours d’avant-match de notre entraîneur, Michel Leflochmoan. Il nous avait lâché que nous n’avions aucune chance, qu’ils allaient nous manger et qu’il fallait donc qu’on se fasse plaisir sur la pelouse. C’était très différent de ce à quoi je m’attendais, mais cela nous avait enlevé pas mal de pression après notre victoire de l’aller.» «Lafloche» avait une nouvelle fois trouvé les mots justes. Son plan a fonctionné, grâce notamment à ce but de Bastos, celui du 3-3, à la 72e… «Quelques minutes avant, j’avais déjà tapé le poteau après une course de 50 mètres. Et puis arrive cette contre-attaque où la reprise de Gauthier Caron est déviée par le gardien et revient vers moi. Je loupe mon contrôle avant de frapper de toutes mes forces en direction du coin opposé et la balle rentre. J’avais vraiment des jambes de feu ce jour-là!»
Évidemment, celui qui pourrait bien se retrouver aligné à l’arrière-droit ce mercredi soir signerait des deux mains pour que l’histoire repasse les plats aujourd’hui. Et que Robbin Ruiter se retrouve éliminé par le club voisin de Differdange.
Le gardien néerlandais, lui, ne veut pas en entendre parler. «Oui, j’ai une certaine expérience des équipes luxembourgeoises. Je savais qu’on allait me reparler de cette élimination avec Utrecht… Mais ce ne sont pas des situations comparables», expliquait-il ces derniers jours dans la presse de son pays. «Cette fois, cela ne se jouera qu’en une manche et, surtout, un peu plus tard dans la saison. En 2013, nous étions encore en pleine préparation lors de ces confrontations (NDLR : les matches s’étaient joués les 18 et 25 juillet) et pas mal de départs du mercato n’avaient pas été compensés…»
Si ce dernier argument tient la route, celui d’un manche unique semble, lui, plutôt favorable à des Niederkornois qui évolueront en outsiders. «Je nous donne 25 ou 30 % de chances de passer», lance de son côté un Yannick Bastos qui se dit peut-être encore un peu court physiquement, cinq semaines après son opération à la main. «En 2013, Utrecht nous avait clairement sous-estimés. Ici, je ne pense pas que cela soit le cas. On a aussi quelques blessés dans le groupe et on doit encore réussir à compenser le transfert de Séba Thill vers la Russie. Bref, les conditions ne sont pas optimales avant cette rencontre. Mais ce n’est pas pour ça qu’on ne va pas se qualifier.»
Julien Carette