Battu par le F91 ce week-end, Niederkorn va affronter Willem II mardi soir en 2e tour d’Europa League, avec l’obligation de trouver des solutions pérennes pour remplacer son capitaine, Sébastien Thill. Il l’a déjà fait bien des fois dans un passé récent. Ses anciens racontent.
C’est devenu une sorte de running-gag local : accepter de lâcher quelques-uns de ses meilleurs éléments au petit monde professionnel sans garantie de retour sur investissement au niveau de la compétitivité de son onze de base. Et le pire, c’est que le club, même s’il n’a encore rien remporté, finit toujours par retomber sur ses pieds.
C’est ce qu’on va guetter de nouveau demain, à Differdange, contre les Néerlandais : le coup du miracle permanent, de la réorganisation majestueuse qui fait qu’aujourd’hui, le Progrès est capable de se passer de son capitaine depuis des lustres, Sébastien Thill, parti pour Tambov, en Russie. Bien d’autres l’ont devancé auparavant. Nous sommes donc allé à la rencontre de deux anciens de la maison, Metin Karayer et Sébastien Flauss, pour qu’ils nous racontent, un peu, comment la maison a fait pour survivre aussi bien aux départs qui ont jalonné les dernières saisons.
2018, départ d’Olivier Thill pour Oufa
Olivier Thill connaît une ascension fulgurante. Et sa complémentarité dans l’entrejeu avec son frère fait de sacrés dégâts. Joli pied de nez du Progrès, qui se réinvente dare-dare une fois privé de son volume de courses : «Il y avait Watzka à l’époque. Et Séba. Donc on avait fini par faire monter Ben Vogel dans l’entrejeu et cela a été un joli coup», se remémore Metin Karayer.
Cette époque-là est trop lointaine pour la mémoire de Sébastien Flauss, qui se souvient pourtant de la tâche qui semblait insurmontable : remplacer son jeune coéquipier. «Il était monté si vite en gamme ! Son talent nous a manqué et pourtant, on s’est adaptés.»
2019, départs de Marvin Martins et Tim Hall au Karpaty Lviv
Double peine. Niederkorn perd cet été-là son titulaire au poste d’arrière droit et son défenseur central, sur qui de sérieux espoirs étaient fondés. Le Progrès va faire quelque chose qu’il fait rarement : anticiper en prenant Tom Laterza dans l’éventualité d’avoir à remplacer poste pour poste Martins.
«Mais pour compenser le départ de Tim, c’est Aldin, recruté pour jouer au milieu qui a fini par redescendre, se remémore Karayer. C’est comme ça, on a beaucoup de joueurs polyvalents.» «On avait beaucoup de choix à ce poste, complète Flauss, même si Hall, à un moment, était assis en tribunes sous Serredszum, ce que je n’ai jamais compris. Metin d’ailleurs, était une option. Mais aussi Adrien Ferino. C’est ça aussi, le recrutement intelligent de ce club : tout prévoir. Là, ils ont pris Ba en sachant que Ferinoi peut basculer à droite, que Metin peut jouer au milieu…»
2020, départs de Manu Françoise au Swift et Mayron de Almeida au Red Star
L’attaque décimée. Le club choisit de ne pas s’aligner sur le Swift (il ne peut de toute façon pas) pour conserver Françoise et tient sa promesse de laisser De Almeida s’échapper vers la France pour un nouveau challenge. On parle de deux références au sein du secteur offensif. Là, le recul est encore trop petit pour juger de ce que la reconstruction du secteur va donner, mais tout le monde jure que cela sera aussi bien, voire mieux. «Effectivement, il faudra attendre, cette fois encore, de juger sur une saison». «Mais on ne recrute pas que la qualité, indique encore Flauss. Aussi des comportements. Et l’ambiance est excellente cette saison. Ce n’était pas le cas il y a trois ans.» Et voilà : le Progrès va au moins déjà mieux dans les têtes.
2020, départ de Séba Thill à Tambov
«Chaque année ça nous arrive, et ça nous réussit toujours», sourit Flauss avant de recevoir Willem II sans son capitaine emblématique. «On perd un leader technique et on le remplace par un Toni (Luisi), plus percutant, plus provocateur. Pas du tout le même style», ajoute Karayer, qui se demande s’il pourra avoir autant de bons ballons sur phases arrêtées sans son tireur préféré. Muratovic, Holtz, Tekiela, vont se partager la tâche. Et si le Progrès en profitait pour devenir moins lisible. Ce ne serait pas la première fois qu’il devient meilleur en s’affaiblissant. «Et tout le monde est content», s’esclaffe Flauss.
Julien Mollereau