Tétange : un festival en soutien à la «cause féminine»

La Schungfabrik lance sa saison avec un festival pluridisciplinaire en soutien à la «cause féminine». Cherchant à éviter le clivage, son instigateur, Pascal Useldinger, prône pour une ouverture tous azimuts, sexuelle comme générationnelle.

Après sa fugace prise en main de la Schungfabrik enrayée par la pandémie, et un confinement étouffant, Pascal Useldinger (ex-dEFDUMp) a aujourd’hui des envies de partage. «Imaginez : j’ai pris mon poste début janvier, et en mars, il y a eu le Covid… Toute la programmation est tombée à l’eau, même la fête de la Musique, pour laquelle j’avais concocté une belle affiche.»
Si l’on avance encore à tâtons, que l’avenir se lit en pointillé et que le brassage se fait avec mesure (de distanciation), en cette timide rentrée, lui opte pour un généreux mélange, impulsé par la commission à l’égalité des chances de Kayl-Tétange, et par extension, par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. L’idée? Soutenir la «cause féminine» et ses représentant(e)s, sous «toutes ses coutures», à travers un évènement à la fois «festif, sérieux et pluridisciplinaire».

Une thématique, certes, «dans l’air du temps», reconnaît-il, mais qui nécessite de régulières piqûres de rappel, comme le suggère Edsun, artiste qui, à travers sa danse, sa musique ou son apparence, célèbre la «diversité» comme personne au Luxembourg. «C’est vrai, il y a eu des évolutions, des avancées, mais la route est encore longue. Tant que ces inégalités persistent, il faut continuer! Regardez le mouvement Black Lives Matter : actuellement, il est central dans la lutte contre le racisme, mais il existe depuis longtemps. Les choses s’oublient vite…».

Voilà donc l’occasion de renouer avec la culture dans un geste réfléchi et fédérateur. Car comme le suggèrent l’affiche et le nom du festival, ici, tout le monde est concerné : la femme, bien sûr (la cheffe d’entreprise, la mère active, l’artiste, l’activiste comme la politique, la mère de famille, la femme au foyer, la femme d’hier, d’aujourd’hui et de demain), mais aussi l’homme.

«Ne pas tenir l’homme à l’écart»

«Il ne s’agit pas de culpabiliser ni de pointer du doigt, et surtout pas non plus de proposer un évènement purement féministe et de tenir l’homme à l’écart, explique Pascal Useldinger. Au contraire, il en va de proposer des alternatives, de dresser un tableau réaliste de la situation actuelle.» Évidemment, celle-ci prend en compte la sexualité, désormais plus affirmée (homosexualité, transgenre…), et l’avis des différentes générations.

D’ailleurs, Edsun convient que le sujet dépasse parfois ses interlocuteurs, même quand ils ont entre 25 et 30 ans. «J’observe, parfois, une certaine distance. L’inégalité homme/femme reste, pour certains, difficile à imaginer.» Dans ses discussions, il insiste alors sur la «compassion», la «compréhension», et joue de son statut d’artiste.

«Même si, sur scène, on n’aborde pas le thème frontalement, on essaye tout de même de changer les états d’esprit, avec subtilité. Si on arrive à toucher une personne, c’est déjà un bon début!» Pascal Useldinger, lui, confirme les propos par un fougueux «célébrons les choses ensemble!». D’ailleurs, «sa» Schungfabrik poursuit cet allant bienveillant en conviant, dès octobre, Claire Parsons, et dans la foulée, le collectif Weibereien (Betsy Dentzer, Nadine Kauffmann et Nancy Schlammes).

Grégory Cimatti

«This is a human’s world » Schungfabrik – Tétange,  Samedi de 14 h à 23 h. Gratuit.