Philippe Decressac, dessinateur satirique belge, ne rangera pas ses crayons.
Dans « Dieu est amûûûr », Philippe Decressac traite la religion avec humour. (Photos : DR)
« Je pense d’abord à ces gens qui sont morts… Ce ne sont pas des dessinateurs mais des copains. » Philippe Decressac, qui publie ses dessins dans Zelium, Fluide glacial et L’Écho des savanes mais aussi dans d’autres journaux satiriques en Belgique, est effondré par ce qui vient de se passer à Paris. Il est touché parce que lui aussi connaissait bien Tignous et que la dessinatrice Coco, qui a vécu la tuerie de près, est une amie.
La religion est un des domaines qui l’inspirent. Son dernier bouquin, Dieu est amûûûr, publié l’an dernier, où il s’attaque avec jubilation à chacune de ses formes, en atteste. Pourquoi s’intéresse-t-il à ce thème qui, aujourd’hui, peut coûter la vie ? « Parce que c’est tellement dingue que des gens pensent à s’entretuer pour des sujets aussi débiles qui ne font que les rendre encore plus cons… Notre passage sur terre est tellement bref ! Il n’y a pas d’autre solution que d’en rire. »
> « La solution : continuer et en rire »
D’ailleurs, pour lui, les assassinats d’hier dépassent le simple cadre de la religion : « Il n’est plus question de ça. Là, on est juste dans la connerie. »
Ces évènements tragiques, en tout cas, l’ont touché au plus profond. « Ça fait réfléchir. Sur Facebook, quand on voit le nombre de trous de balle qui ne comprennent rien à nos dessins et réagissent violemment, ça pose question… »
Il jure, pourtant, qu’il ne posera pas ses crayons. Au contraire, comme beaucoup de ses confrères, il insiste sur la nécessité de continuer et de se soutenir les uns les autres, « comme dans une famille ».
« Que l’on tue pour ça… quelle catastrophe ! La seule solution, pour nous, c’est de continuer, c’est d’en rire », conclut-il. Mais il faudra certainement attendre un peu avant d’en avoir le cœur…
De notre journaliste Erwan Nonet