Tout l’été, chaque dimanche, nos confrères du Républicain lorrain font (re)découvrir à leurs lecteurs les trésors d’architecture contemporaine du quartier du Kirchberg, à Luxembourg.
L’ architecture est le grand livre de l’humanité, l’expression principale de l’homme à ses divers états de développement, soit comme force, soit comme intelligence » , écrivait Victor Hugo dans Notre Dame de Paris. De tout temps, les hommes ont bâti des temples, des cathédrales, puis des immeubles et édifices publics à l’image du génie de leur temps. Aujourd’hui encore, l’architecture contemporaine exprime les préoccupations et les innovations de notre siècle. Elle a le souci de l’esthétisme, bien sûr, mais aussi celui du développement durable et de la fonctionnalité. Sur tous les continents, d’incroyables talents s’illustrent dans cet art.
Pour admirer leur travail, pas besoin d’aller à l’autre bout du monde. Un quartier propose une impressionnante collection d’architecture contemporaine. C’est le Kirchberg, à Luxembourg-Ville.
Sur cet ancien plateau agricole de 365 hectares acquis en 1961 par l’État, plusieurs dizaines de bâtiments à l’architecture remarquable ont été construits en moins de cinquante ans pour accueillir des institutions européennes, des banques ou des équipements publics.
Parmi tous les architectes qui ont façonné ce nouveau quartier, quatre sont lauréats du fameux Prix Pritzker, l’équivalent du prix Nobel d’architecture : Christian de Portzamparc, le père de la Philharmonie, Ieoh Ming Pei qui a signé le MuDam, Richard Meier à qui l’on doit l’Hypolux Bank et enfin Gottfried Böhm, lequel a dessiné la Deutsche Bank.
On pourrait citer d’autres architectes de renom, comme Ricardo Boffil à qui l’on doit les portes de l’Europe ou encore Dominique Perrault, en train de réaliser l’extension de la Cour européenne de justice.
À qui doit-on une telle concentration de talents ? À l’État luxembourgeois, qui, dès 1961, a créé le Fonds Kirchberg. La mission de cet établissement public est d’urbaniser le quartier de façon cohérente en veillant à la qualité architecturale du bâti. Il est le garant du foncier encore disponible. Concrètement, après avoir établi le plan d’urbanisme du quartier et défini les fonctions de chaque espace, le Fonds lance un concours d’architecture mondial pour chaque terrain disponible.
Les candidats à l’acquisition de ce terrain doivent arriver avec un projet architectural et une offre financière. « Un jury présidé par un architecte mondialement connu et indépendant arbitre entre les différents candidats, explique Marianne Brausch, architecte au Fonds Kirchberg. Le choix se fait en partie sur l’offre financière mais essentiellement selon le critère architectural. Il y a clairement une volonté de faire de ce quartier un modèle en matière d’architecture contemporaine. »
Du coup, pour une grande entreprise, construire un bâtiment au Kirchberg revêt un caractère prestigieux. « C’est pour cela que tous les grands groupes souhaitent s’afficher ici dans de beaux bâtiments, poursuit Marianne Brausch. KPMG vient d’investir dans un nouveau siège social et Ernst & Young, après plusieurs tentatives d’installation infructueuses est en train de construire un bâtiment. »
Chaque année, des centaines de passionnés, d’étudiants en architecture ou en art plastiques viennent au Kirchberg pour admirer les dernières réalisations. Et ils n’ont pas fini d’affluer car le quartier va encore beaucoup se transformer dans les années qui viennent (notre dossier ici).
Les institutions européennes vont poursuivre l’immense chantier de la rénovation et de l’agrandissement de leurs locaux. Le tramway va révolutionner les espaces urbains. Des logements, 6 800 en tout, vont également être bâtis. Le Kirchberg était déjà un quartier de travail, de culture et de commerces. Il va devenir aussi un quartier d’habitations. Les meilleurs architectes du monde entier y travaillent déjà.