Son nom ne dit peut-être rien au grand public, mais le jeune et ambitieux Vivien Henz, nouveau champion du 800 m, semble avoir tout ce qu’il faut pour faire parler de lui.
«Je pense que j’aurais facilement pu gagner le titre sur 800 m, mais je laisse ça aux plus jeunes !» Bob Bertemes se concentre sur les distances plus longues. Et il fallait donc chercher ailleurs le successeur de Luc Hensgen, champion sortant.
Sur le papier, en l’absence – encore une – de Charel Grethen, convalescent, on s’attendait à un duel entre le jeune Vivien Henz (CSL) et Gil Weicherding (CAEG), un «vieux» de 19 ans. Samedi après-midi, le double tour de piste s’est effectivement résumé à une explication entre les deux athlètes. Et c’est Vivien Henz qui a pris le meilleur grâce à une dernière ligne droite de folie. Son premier titre : «Je savais que Gil était plus adepte du fond, donc que j’avais plus de vitesse que lui en cas de sprint. Je l’ai laissé partir devant avant de le remonter. Je tiens aussi à remercier mes coéquipiers qui m’ont bien abrité du vent. C’était une course d’équipe. Maintenant, je sais aussi que j’ai gagné car d’autres n’étaient pas là.»
Mais qui est donc ce gamin, qui dégage une belle assurance et de qui son entraîneur, le fameux Camille Schmit, dit de lui qu’il est aussi fort que Charel Grethen au même âge : «Je pense qu’il a les mêmes valeurs en endurance et qu’il a une foulée peut-être un peu plus souple. Selon moi, il peut aller aussi loin que Charel», confie le technicien. Et qui ajoute, l’air satisfait : «C’est un gars qui a du culot. Qui respecte ses adversaires mais qui n’a pas peur. Et un athlète qui écoute ce qu’on lui dit.»
Tout a commencé en regardant Bolt
Les Jeux, un terme qui ne fait pas peur à Vivien Henz : «Évidemment que je rêve de participer aux JO. Pourquoi pas dès Paris !»
Pour lui, tout a d’ailleurs débuté avec le plus grand rendez-vous de la planète. Lors de Jeux de Londres, en 2012. Devant la télé : «C’est en regardant Usain Bolt que je me suis dit que je voulais faire comme lui!» À ce moment, il pratique le foot : «J’étais très nul ! Il fallait que je change…» et penche aussi pour le karaté, pratiqué par ses potes. Mais le veto parental le conduit à CSL, où il commence l’athlétisme : «C’est juste à côté de chez moi.»
Et ça aurait pu s’arrêter rapidement : «Au début, je n’étais pas emballé. On a fait surtout des étirements, des abdos. Ce n’était pas trop mon truc. Mais ma mère m’a dit que si je faisais quelque chose, je devais le faire à fond !»
Il continuera donc sur cette voie. Rapidement, il réalise qu’il ne sera jamais Usain Bolt. Mais qu’il a des prédispositions pour les distances plus longues : «Cela vient peut-être de mon grand-père algérien, qui pratiquait le cross.»
Très impulsif, Vivien va, un temps, laisser tomber l’athlé. Avant d’y revenir un an plus tard : «Je suis parti car ça me saoulait. Je suis revenu car ça me manquait.»
Et depuis deux ans, c’est devenu plus sérieux. À tel point qu’il a quasiment laissé tomber une autre passion : le skateboard. «Maintenant, je ne vais plus sur les rampes dans les skateparks. Je me contente de sauter un peu les trottoirs dans les rues.»
En effet, il s’entraîne avec Camille Schmit et côtoie donc régulièrement Charel Grethen, à qui son entraîneur le compare un peu, sans oublier Charline Mathias, autre protégée du technicien : «Cela fait deux ans que je m’entraîne pour de vrai! Avec plus de séances, des séances plus dures», souligne Vivien Henz, qui apprécie la technique de David Rudisha, recordman du monde du 800 m.
Un maillot de David Fiegen dédicacé
Et qui s’entraîne encore régulièrement avec un t-shirt dédicacé par David Fiegen : «Je participais à la course de jeunes avant la course d’adieu de David. J’ai gardé le t-shirt, de taille extra large !»
Samedi, il a donc écrit la première ligne à son palmarès chez les seniors. Mais sa présence n’a tenu qu’à un fil. En effet, alors qu’il avait déjà dû être mis en quarantaine cet été car une personne avec laquelle il effectuait un job d’été a été positive au Covid, la même mésaventure lui est arrivée, cette fois à l’école internationale : «On avait prévu de faire un test sur 600 m lors de notre meeting interne, mais ça n’a pas été possible car il devait rester chez lui», souligne Camille Schmit.
Même sans ce test, il a réussi à décrocher son premier titre. Quelque chose nous dit que ce ne sera pas le dernier pour un jeune homme qui explique qu’on le retrouvera en cross cet hiver. Mais certainement pas par plaisir : «Je le fais, parce qu’il faut le faire.»
La suite ? Le 26 septembre, il sera au départ des championnats jeunes et en octobre, à celui des championnats de France cadets/juniors, sous les couleurs de Metz Métropole.
Plus tard, il envisage des études aux États-Unis où il pourrait continuer de courir, en NCAA. Le but est clair : «Je veux devenir coureur professionnel.» C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter !
Romain Haas