L’enquête sur la gestion mondiale de la pandémie, l’une des pires crises sanitaires qu’ait connu la planète, a pris son envol jeudi, l’OMS, très critiquée pour sa réponse au Covid, ayant promis un accès complet à ses dossiers.
Lors d’une réunion en mai, les États membres de l’Organisation mondiale de la santé étaient tombés d’accord sur le principe d’une enquête indépendante. Et début juillet, le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait annoncé la création d’un comité indépendant d’évaluation présidé par l’ancienne Première ministre néo-zélandaise Helen Clark et l’ancienne présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf. Depuis, les deux coprésidentes ont passé en revue les candidatures de plus de 120 experts du monde entier.
Les onze personnalités retenues ont été dévoilées jeudi, parmi lesquelles le Français Michel Kazatchkine, enseignant à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève et spécialiste de longue date du sida, l’ancien chef de la diplomatie britannique David Miliband et l’ex-président mexicain Ernesto Zedillo. « L’OMS nous a clairement indiqué que ses dossiers étaient un livre ouvert. Tout ce que nous voulons voir, nous le verrons », a assuré Helen Clark, lors d’une conférence de presse virtuelle.
Les experts, qui présenteront un compte rendu d’étape en octobre avant leur rapport final en mai, vont notamment évaluer l’efficacité des mesures prises par les pays et l’OMS face au Covid-19, dans l’espoir d’éviter ou de mieux affronter une nouvelle pandémie.
«Une certaine complaisance à l’égard de la Chine»
L’équipe sélectionnée comprend aussi l’ancienne présidente de l’ONG Médecins sans frontières Joanne Liu, qui fut très critique vis-à-vis de l’OMS pendant la terrible épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.
On y trouve également un ancien ministre des Finances de Colombie, Mauricio Cardenas. L’Américain Mark Dybul, ancien directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, est aussi sélectionné, de même qu’un professeur de pneumologie chinois, Zhong Nanshan.
La pandémie de Covid-19 a fait plus de 863 000 morts dans le monde depuis que le bureau de l’OMS en Chine a fait état de l’apparition de la maladie fin 2019. Depuis le début de la crise sanitaire, l’OMS a été vivement critiquée dans sa réponse, notamment pour ses recommandations jugées tardives ou contradictoires sur le port du masque ou les modes de transmission du virus.
Surtout, l’organisation a été accusée par les États-Unis d’avoir été extrêmement complaisante avec la Chine, où est apparu le coronavirus, et d’avoir tardé à déclarer l’état d’urgence sanitaire mondiale, annoncé le 30 janvier alors que le coronavirus avait été signalé pour la première fois fin décembre en Chine.
Le Français Michel Kazatchkine avait pour sa part déclaré en avril : « L’OMS a eu une certaine complaisance à l’égard de la Chine. Et le fait qu’elle ait envoyé une mission en Chine, puis qu’elle ait été à ce point laudative de la façon dont la Chine a répondu crée un malaise et une impression de biais, on ne peut pas le nier ». Les États-Unis, principaux contributeurs au budget de l’OMS qu’ils ont qualifié de « marionnette de la Chine », ont depuis officiellement entamé en juillet leur retrait de l’institution.
LQ/AFP