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Navalny victime d’un neurotoxique « type Novitchok », affirme Berlin


L'opposant russe est soigné à l'hôpital de la Charité, à Berlin. (archives AFP)

Les examens médicaux pratiqués sur Alexeï Navalny par un laboratoire de l’armée allemande apportent la « preuve sans équivoque » que l’opposant russe a été victime d’un empoisonnement « par un agent neurotoxique de type Novitchok », a annoncé Berlin mercredi.

« Il est choquant qu’Alexeï Navalny ait été victime d’une attaque avec un agent chimique neurotoxique en Russie », affirme le gouvernement d’Angela Merkel dans un communiqué. Le gouvernement allemand, qui « condamne cette attaque dans les termes les plus fermes », demande d’ores et déjà à la Russie des éclaircissements « urgents » sur cet empoisonnement, ajoute-t-il.

La chancelière Merkel, qui a réuni tous les ministres concernés par cette affaire, doit faire une déclaration mercredi. « Le ministère des Affaires étrangères informera l’ambassadeur russe des résultats de l’enquête », prévient le gouvernement. L’Allemagne va en outre tenir informés « ses partenaires de l’Union européenne et de l’Otan des résultats de l’enquête », poursuit-il. « Elle discutera d’une réponse commune appropriée avec ses partenaires à la lumière de la déclaration russe ». Le gouvernement allemand prévoit aussi de « prendre contact avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques », les agents de type Novitchok étant interdits.

Déjà en cause dans l’affaire Skripal

Après son transfert en urgence d’Alexeï Navalny en Allemagne la semaine dernière, les médecins de la Charité avaient annoncé avoir diagnostiqué des traces d’empoisonnement avec une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase, auxquels appartiennent de redoutables armes chimiques appelées « agents innervants ». Parmi lesquels donc le Novitchok russe, utilisé pour empoisonner l’ex-espion Sergueï Skripal et sa fille Ioulia en 2018 en Angleterre.

Les médecins russes ayant soigné Alexeï Navalny lors de son hospitalisation en Sibérie le 22 août ont, eux, assuré ne pas avoir trouvé lors de leurs tests une telle substance dans l’organisme de l’opposant.

Principal opposant au pouvoir du président Vladimir Poutine, auteur de publications dénonçant la corruption des élites russes qui sont abondamment partagées sur les réseaux sociaux, Alexeï Navalny a déjà été victime d’attaques physiques par le passé. En 2017, il avait été aspergé d’un produit antiseptique dans les yeux à la sortie de son bureau à Moscou. En juillet 2019, tandis qu’il purgeait une courte peine de prison, il avait été traité à l’hôpital après avoir soudainement souffert d’abcès sur le haut du corps, dénonçant un empoisonnement alors que les autorités évoquaient une « réaction allergique ».

LQ/AFP

Le Kremlin sans aucun doute, selon les proches

L’État russe est le « seul » acteur à avoir la possibilité d’utiliser un agent neurotoxique de type Novitchok, a estimé le directeur du Fonds contre la corruption d’Alexeï Navalny.

« Seul l’État (FSB, GRU) a pu avoir recours au Novitchok. C’est au-delà de tout doute raisonnable », a estimé sur Twitter Ivan Jdanov, citant les acronymes des services spéciaux russes.