Le pavillon Skip va prochainement enfin pouvoir gagner la place qui lui était dévolue depuis sa conception en 2005, au cœur du quartier d’Esch-Belval.
Vous l’avez peut-être remarqué en passant devant, le pavillon Skip a disparu sous des bâches et des échafaudages. Il est en train d’être minutieusement démonté pour être remonté sur le site d’Esch-Belval en vue d’Esch 2022, capitale européenne de la culture.
«Le pavillon va être remonté en face de la halle des Soufflantes, près de la Maison de l’innovation. Les travaux de construction des fondations ont commencé avant les congés collectifs», explique Julie Moret, architecte chef de projet au Fonds Belval qui assure que l’opération sera terminée à temps pour le lancement des festivités d’Esch 2022, même si sa durée est difficilement quantifiable. «Il y a beaucoup de pièces à démonter minutieusement. Toutes les pièces sont réutilisées, donc il ne s’agit pas de les casser, poursuit-elle. L’opération va prendre dans les six mois. Le démontage a commencé au mois de mai. Comme le bâtiment est destiné à être réutilisé, nous devons prendre notre temps pour ne rien abîmer ou casser.»
Nouveau quartier général
Imaginée par Polaris Architects, Deadalus Engineering et Betic Ingénieurs Conseils, cette vague jaune pétant située rue Henri-Koch, à deux pas du rond-point Raemerich, avait, depuis son installation en 2005, pour vocation d’accueillir des manifestations diverses. Réimplanté à Belval, le pavillon de 400 m2 servira de quartier général à l’équipe organisatrice d’Esch 2022 et trouvera enfin la place qui lui était à l’origine destinée. Le pavillon est le tout premier projet lancé à l’époque par le Fonds Belval dans le but de revitaliser les anciennes friches industrielles. Il doit d’ailleurs son nom aux chariots qui transportaient le minerai par le monte-charge incliné vers le gueulard pour alimenter le haut-fourneau.
Issu d’un concours d’architectes lancé par le ministère des Bâtiments publics et destiné aux jeunes architectes et étudiants, le pavillon devait être le lieu d’information sur le thème de la Cité des sciences que l’État voulait construire à quelques encablures de là, au pied des hauts- fourneaux. Pourtant, une fois construite, la vague d’enthousiasme en faveur de ce bâtiment est vite retombée. En 2010, la massenoire et ses 600 m2 d’exposition au pied des deux hauts-fourneaux et au cœur du nouveau quartier de Belval lui ont été préférés.
Dès sa création, le bâtiment en forme de vague censée rappeler les paysages vallonnés du Bassin minier a été conçu pour pouvoir être démonté et remonté ailleurs. Mais le Fonds Belval n’avait pas l’intention de mettre la charrue avant les bœufs, c’est-à-dire déplacer ce bâtiment au cœur de Belval sans savoir qu’en faire ensuite. Le Fonds Belval souhaitait avoir une nouvelle attribution précise pour ce bâtiment avant, éventuellement, de le déplacer. C’est chose faite! Son utilisation ne se limitera pas à Esch 2022, comme tous les autres bâtiments occupés par la manifestation, il a vocation à pouvoir être réutilisé après.
Sophie Kieffer
Belval à l’avant-garde d’Esch 2022
Le Skip n’est pas le seul bâtiment dont Esch 2022 va changer la destinée. L’organisation de la capitale européenne de la culture a jeté son dévolu sur sept lieux, tous situés autour de la terrasse des hauts-fourneaux, en plein cœur de Belval, dont le profil va considérablement changer.
Si Esch donne son nom à la manifestation, c’est bien Belval et ses friches historiques qui en sera la scène principale et les coulisses. Un budget de plus de 35 millions d’euros a été alloué par l’État au Fonds Belval pour préparer au mieux le site des terrasses des hauts-fourneaux à l’évènement à venir. La halle de la massenoire, le plancher de coulée, la Möllerei, le Skip, le socle des hauts-fourneaux et la halle couverte vont tous avoir un rôle à jouer.
À commencer par la Möllerei, où étaient mélangées les matières entrant dans la fabrication de l’acier. Elle accueillera le projet phare de l’année culturelle, «Digital spaces», le pôle culturel digital qui concentre toutes les ambitions du projet de capitale de la culture. À ce titre, elle subit un rajeunissement complet sans toucher à son caractère industriel ni à son aspect. Le but étant de préserver un maximum d’éléments originaux. La Möllerei sera reliée à l’ancien bâtiment de coulée du haut-fourneau A par une passerelle située à 22 mètres de hauteur. Le tout pour 12 millions d’euros. Les travaux, interrompus en raison du Covid-19, ont repris et le Fonds Belval est optimiste quant à leur achèvement dans les temps, c’est-à-dire fin 2021. Sans l’espace d’exposition de la Möllerei, c’est un pan essentiel du programme de la manifestation qui s’effondre. Aucun contretemps ne doit donc venir gripper ce projet.
Ravalement de façade également pour la massenoire qui elle non plus ne va pas être fondamentalement transformée. Les tôles détériorées vont être remplacées pour améliorer son aspect visuel.
Enfin, deux nouveaux bâtiments seront construits. Le premier, à la terrasse des hauts-fourneaux, pour accueillir le personnel d’Esch 2022. Le second, près du bâtiment Laboratoires, permettra de stocker l’équipement nécessaire à la réalisation d’évènements culturels. Tous deux seront construits en matériaux préfabriqués. À l’image du pavillon Skip, tous les bâtiments devront être modulables et adaptables aux évènements qu’ils accueilleront. Les salles seront donc équipées de cloisonnements mobiles. Pour conclure, une scène surélevée va être montée au beau milieu du haut-fourneau C. Les artistes invités pourront s’y produire dans une atmosphère très particulière.
L’argent investi par toutes les parties prenantes dans ce projet de capitale européenne de la culture ne doit pas l’être en vain. Aussi, toutes les structures créées ou rénovées sont destinées à être réutilisées après 2022. Ce sera également le cas de la future piste cyclable qui reliera Esch à Belval grâce à une passerelle sur le site d’ArcelorMittal.
Le centre-ville n’est pas en reste
En juin dernier, l’organisation d’Esch 2022 avait annoncé l’ajout de trois nouveaux projets qui eux aussi devraient perdurer. Trois projets dans le centre-ville d’Esch-sur-Alzette, à proximité de la gare. Il s’agit de l’ancien et très vaste Espace Lavandier qui, racheté par la Ville, va promouvoir les arts contemporains sous la houlette de Christian Mosar, transfuge d’Esch 2022. Il dirigera également le Bridderhaus. En cours de réfection, cette demeure accueillera des artistes de tous les horizons en résidence. Enfin, le Bâtiment 4 sur la friche d’Esch-Schifflange est mis gracieusement à la disposition des associations locales par ArcelorMittal afin qu’elles puissent promouvoir l’innovation et la création culturelle. Ces trois lieux ont pour vocation de travailler ensemble.
On connaît désormais les principaux bâtiments qui accueilleront Esch 2022 dans la Métropole du fer, reste à connaître les programmes et artistes qu’ils hébergeront.