Robert Maah, auteur d’un début de saison tonitruant à 35 ans, est l’un des très rares de l’effectif pétangeois à avoir un passé européen, bref mais intense, derrière lui. Focus, avant le 1er tour d’Europa League ce jeudi après-midi, face à Lincoln FC (Gibraltar).
Quand on a passé 90 minutes dans la zone de Javier Zanetti au stade Giuseppe Meazza, on a le droit de dire qu’on a joué la Coupe d’Europe. Même quand cette expérience n’a duré que deux matches. Ce n’est pourtant pas sur ce seul fait de gloire que Robert Maah, le nouvel avant-centre du Titus, aurait le droit de se voir en éclaireur d’un novice continental.
Déjà, avec un but et une passe décisive dès son premier match officiel de DN, contre Strassen (2-0), l’ancien joueur de Bari, Mouscron, Cluj, Ajaccio (entre autres) a posé des bases élevées qui le font bien rire, du haut de ses 35 ans plein d’humilité et de ses 63 buts en 279 matches pros : « Ah ça, c’est sûr que j’ai déjà connu des débuts moins réussis ! Mais en plus, ces deux buts qu’on met, ils sont beaux dans la construction ». Robert Maah aurait déjà l’air d’un sage dans beaucoup d’équipes mais avec la moyenne d’âge si peu élevée de Pétange, sa parole va vite faire autorité. Surtout si elle continue de s’accompagner de performances de ce genre.
Le natif de Paris a grandi en Italie, où il est arrivé à 18 ans. En général, quand on s’autorise ce genre de fantaisie d’ado footballeur mal dégrossi, c’est soit la gloire, soit le ratage. Maah a suivi la voie médiane. « C’est exactement ça ! Là, je me retourne sur le rétro et je me dis que le boulot n’a pas été trop mal fait. Aujourd’hui, je me rends compte comme c’est compliqué de durer ». Après Laval, en mars, il a eu la tentation d’arrêter mais s’est rendu compte qu’on n’a « en fait jamais fini de faire le tour de la question. J’avais encore envie ». Pétange débarque avec son projet et l’Europa League. Il plonge. « Nos jeunes doivent comprendre que c’est exceptionnel de jouer l’Europe ! Il y a des pros qui font quinze ans de carrière sans jouer un seul de ces matches. Même moi, là, j’ai une chance incroyable de revivre ça ».
« À la fin, j’échange mon maillot avec Cassano »
Car, donc, l’un des grands moments de sa carrière aura été de défier, avec Cluj, l’Inter Milan en Europa League, en février 2013. « On y allait pour gagner ! Tout le pays y croyait. Nous, on était forts et eux étaient dans une période pas très bien. Et moi qui ai grandi en Italie, y ai passé huit ans, en parle la langue, je me retrouve à San Siro quelques mois après mon départ (NDLR : de Cittadella, en Serie B), devant 30 000 spectateurs. Ça résonne. Deux ans plus tôt, ils étaient champions d’Europe (NDLR : vainqueur de la Ligue des champions 2010 contre le Bayern Munich). À la fin, j’échange mon maillot avec Cassano et Zanetti, avec qui j’ai des amis en commun, vient me parler. Un moment extraordinaire ».
En deux rencontres, Cluj prend un 5-0 bien tassé. Mais est-ce face à un Zanetti « vieux » depuis des lustres que Maah a acquis la certitude qu’il pouvait, et même qu’il fallait continuer le plus longtemps possible ? « À l’époque, j’avais 29 ans. Zanetti, lui, cela faisait trente ans qu’il avait 65 ans. Mais ça ne m’avait pas impressionné parce que j’avais déjà joué quelques gros matches en Italie et qu’à cet âge-là, on a encore plein de rêves ».
Comme celui d’aller plus loin, peut-être même de retourner à Milan, défier l’ogre rossonero cette fois, puisqu’il sera là au tirage du 2e tour. « Je sais qu’ils sont venus ici, jouer contre le F91. Toute l’Europe a suivi ça même si je ne savais pas que Dudelange avait fait un sacré pied de nez à l’histoire en éliminant mon ancien club de Cluj. Je ne m’attendais pas à un tel niveau au Luxembourg. Mais maintenant, il n’y a plus de petites équipes ». Suivez le guide.
Julien Mollereau