Haut-lieu touristique par excellence du Grand-Duché, le Parc naturel de la Haute-Sûre connaît une saison estivale quelque peu agitée et ayant dû s’adapter en fonction des mesures sanitaires.
Le «Stausee» n’aura certainement jamais autant été apprécié et pris d’assaut par les «touristes» autochtones. Pandémie de Covid oblige, voire adhésion à la philosophie stratégique du gouvernement qui se cache sous le doux nom de Vakanz Doheem, le Parc naturel de la Haute-Sûre suscite de nombreuses convoitises, en cette période estivale.
70% de visiteurs et touristes luxembourgeois
La directrice du Parc naturel de la Haute-Sûre, Christine Lutgen, peut en témoigner en toute connaissance de cause : «Nous avons constaté que nous avons plus de visiteurs luxembourgeois; cela ressort de statistiques que nous avons établies aux parkings situés autour du lac. Nous atteignons une proportion de 70% de Luxembourgeois cette année, ce qui est quand même assez énorme», indique-t-elle. Soit un phénomène particulièrement rare pour être d’emblée souligné. Mais qu’en est-il des 30% restants ? Eh bien, ce sont les habitués (voire des «explorateurs») à savoir des Belges, Néerlandais et Français.
Face à ces données s’impose inévitablement une question qui taraude tout naturellement l’esprit : comment ont été établies ces statistiques ? «Nous effectuons un comptage des plaques d’immatriculations sur les différents parkings donnant accès aux plages du parc. Certes, je reconnais qu’il est possible que des Belges puissent avoir des plaques minéralogiques luxembourgeoises et qu’ils ont, dès lors, été comptabilisés en tant que Luxembourgeois. Soit. De manière pratique, ce sont des étudiants qui travaillent pour le Parc naturel mais qui sont financés, chaque année, par la direction du Tourisme du ministère de l’Économie, qui réalisent ces ‘enquêtes’. Certains autres étudiants travaillent également pour les offices de tourisme locaux», précise la directrice du Parc naturel de la Haute-Sûre.
«On s’y attendait»
Ce changement de paradigme était prévisible et les responsables du Parc naturel avaient de toutes façons tablé sur cette une surfréquentation des touristes locaux, comme le confirme Christine Lutgen : «On s’y s’attendait. Il était devenu évident qu’il y aurait plus de monde que les années précédentes et nous étions bien conscients que beaucoup de résidents n’allaient pas partir en vacances à l’étranger. Et nous avions fait le même pronostic concernant les touristes de la Grande Région, car nous avions supposé qu’ils n’allaient pas partir plus loin mais au contraire, venir ici, pour une partie d’entre eux. De manière générale, nous savons depuis toujours que les Luxembourgeois viennent au lac lorsqu’il fait des températures de 30 à 35°C. Car il s’agit du site le plus proche pour passer des vacances. Cela dit, nous ne sommes qu’au début de nos statistiques et il faudra voir si les Luxembourgeois reviendront l’année prochaine dans l’hypothèse où il n’y aurait plus la menace du Covid.»
Outre cette mission de comptage, ces mêmes étudiants questionnent les visiteurs sur le mode de transport qu’ils ont privilégié pour se rendre au parc; en bref, on demande aux automobilistes s’ils comptent aussi revenir un jour au parc en empruntant le bus. «Nous essayons en effet de bien définir la demande en termes de transports publics. On essaie ainsi, par ce biais, d’en savoir un peu plus par rapport à la demande en transports publics et en mobilité douce», dixit Christine Lutgen.
Consignes sur les plages et satisfaction
Pour ce qui relève des consignes sanitaires, des affiches du ministère de la Santé apposées tout autour du lac rappellent aux visiteurs les consignes sanitaires. De plus, du matériel de désinfection a été mis à disposition des vacanciers. et des agents de sécurité ont également fait partie du dispositif en rappelant régulièrement les mesures sanitaires en vigueur. Par ailleurs, les recommandations de la direction de la Santé imposaient une surface de 10 m² par personne et, en fonction des restrictions, les autorités du Parc naturel ont défini 5 500 places pour l’ensemble des six plages et ce, par week-end, ce qui revient à plus de 2 000 par journée. À titre de comparaison, en temps «normal», et juste en se focalisant sur Insenborn, à savoir le site où un comptage des personnes était régulièrement réalisé, quelque 7 000 personnes étaient présentes.
Cela étant, pour Christine Lutgen, «nous vivons une saison touristique atypique et turbulente. En effet, nous avons organisé des événements, avant de les annuler, puis de les réorganiser… Au départ, nous voulions tout annuler et puis on s’est dit qu’on ne pouvait pas le faire, car nous avons pensé aux gens qui devraient rester chez eux : il était clair que nous devions assurer la tenue de certaines activités. Au final, nous sommes assez satisfaits parce que les activités que nous avons proposées ont bien été acceptées et toutes ont affiché complet».
La saison touristique se terminera à l’occasion de la rentrée scolaire, c’est-à-dire le 15 septembre. L’activité diminuera déjà néanmoins autour du 15 août, à cause des rentrées scolaires en Belgique et aux Pays-Bas. Rendez-vous l’année prochaine au «Stausee», en espérant que le Covid ne soit plus qu’un lointain cauchemar, ce qui est loin d’être acquis…
Claude Damiani
Réservations sur les plages : une affluence maîtrisée
Un système de réservation en ligne de places sur les plages a été mis en place, après que celles-ci ont été fermées avant la Pentecôte en raison de fêtes nocturnes. Le système en question a été développé durant le confinement car les responsables du Parc naturel avaient prévu un afflux plus important que d’habitude de visiteurs au lac. Après réflexion, les grandes communes membres du Parc naturel de la Haute-Sûre ont fait savoir qu’elles n’étaient pas en mesure de faire face à un grand nombre de visiteurs.
«Cela aurait été le chaos total et les visiteurs n’auraient pas respecté d’eux-mêmes les distanciations sociales. De fait, la combinaison entre un système de réservation en ligne et l’assurance d’être en sécurité sur place s’est avérée être une revendication des trois communes qui disposent de plages au lac. Car ces plages avaient été fermées juste avant la Pentecôte parce que des personnes y faisaient la fête durant toute la nuit. La direction du Tourisme est alors intervenue pour rouvrir les plages, car il s’agissait de l’un des seuls endroits de villégiature au pays où les gens pouvaient voyager et se déplacer cet été. D’où cette idée de système de réservation en ligne couplé à une surveillance des plages. Un tel système existait déjà auparavant et avait été mis en place par l’Office régional du tourisme ORT Éislek. Il s’agit d’un site internet sur lequel on peut aussi réserver des tickets pour d’autres activités, comme une visite au château de Vianden par exemple voire pour d’autres visites guidées», souligne Christine Lutgen.
Abus constatés : vers un système payant ?
De manière générale, le système de réservation pour les plages est jugé positif et il aura pu voir le jour grâce à un coup de pouce de la direction du Tourisme qui avait annoncé bien vouloir financer le système, ainsi que la surveillance des plages, «car les deux ne vont pas l’un sans l’autre», selon Christine Lutgen. Le site est devenu opérationnel en même pas 24 heures. En outre, un bilan aura lieu avec l’ORT Éislek et les communes concernées, en fin de saison, pour décider – ou non – de reconduire ce système l’année prochaine et si d’éventuelles adaptations doivent être faites. Cela étant, il est déjà question de rendre le système payant à l’avenir, car des abus ont été constatés : certaines personnes ont réservé des tickets pour tous les week-ends de la saison, sans venir au lac, ou seulement de manière ponctuelle; on discute déjà d’un système qui ne permettrait pas de réserver tous les week-ends d’un seul clic».
En guise de bilan intermédiaire, la directrice du Parc naturel estime que «nous avons bien communiqué, et les gens ne se sont pas déplacés dans l’espoir d’avoir une place à la dernière minute. L’afflux des visiteurs a été plus diffus. Nous avons élargi les journées d’afflux, pour ne pas concentrer tous les visiteurs uniquement sur le week-end, notamment le vendredi, car il ne fallait pas de réservation au préalable pour ce jour. Idem pour le jeudi. Durant les week-ends, ce fut évidemment un peu plus prolongé, car il ne fallait pas de réservations en semaine. En fait, ce fut surtout les vendredis où il y eut énormément de gens.»
C.D.
Places de parking doublées
Concernant les places de parking, qui ont un temps été au centre d’une «polémique» à la suite de situations de stationnement «sauvage», il a été décidé de doubler leur nombre. La police est d’ailleurs intervenue bien plus fréquemment cette année. Les communes concernées et le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, ont fait beaucoup plus de contrôles et dressé des avertissements taxés.
L’effet collatéral aura été que certains, qui n’avaient pu réserver une place en ligne, sont allés dans les forêts aux alentours en vue d’accéder au lac par des sentiers sauvages. Or le Parc naturel déplore les déchets et détritus retrouvés à ces endroits, alors que les plages sont régulièrement nettoyées. Par ailleurs, en temps «hors Covid», le parking d’Insenborn peut accueillir 700 voitures. La commune d’Esch-sur-Sûre a voulu installer un parking provisoire, qui devrait désormais être accessible chaque année. Il s’agit d’un pré à Insenborn. Au début, il y eu un problème de signalétique, dû à la surprise liée à la réouverture des plages. Mais, depuis, ces panneaux de signalisation ont bien été mis en place et sont désormais bien visibles. «Il n’y a donc plus aucune raison de ne pas connaître l’existence de ce parking, qui est gratuit, je le rappelle», est d’avis la directrice du Parc naturel, Christine Lutgen.