Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Une assemblée générale des médecins de la clinique Sainte-Zithe s’est déroulée jeudi soir en vue d’organiser la riposte de l’établissement, menacé de perdre son statut d’hôpital général.
Toutes les rumeurs qui circulent sont démenties pour finalement revenir en boucle. La ZithaKlinik ne sait pas de quoi son avenir sera fait. Ou du moins elle croit avoir compris que son rôle ne sera plus celui qu’elle a toujours assumé jusqu’ici. La communication, pour l’heure, est quasiment nulle.
« Je vis depuis 15 ans avec les rumeurs, cela ne m’énerve plus», lâche ce médecin de la clinique sous couvert de l’anonymat. Le personnel de l’hôpital du quartier de la Gare à Luxembourg entend régulièrement des menaces de fermeture ou de changement radical de cap et la fusion avec les hôpitaux Robert-Schuman (ZithaKlinik, l’hôpital du Kirchberg, les cliniques Bohler et Sainte-Marie) n’arrange pas les choses. Au contraire, la fusion passe mal.
Une assemblée générale des médecins de la «Zitha», qui s’est tenue jeudi soir, a finalement accouché d’une lettre adoptée à l’unanimité et qui sera adressée au conseil d’administration des hôpitaux Robert-Schuman. «Il est trop tôt pour en dévoiler le contenu, il faut d’abord, par respect, que les destinataires en prennent connaissance», nous a indiqué le docteur Marco Hirsch, vendredi.
La clinique ne compte déjà plus de neurologues. Ils sont partis exercer au centre hospitalier de Luxembourg comme l’indiquait vendredi le Tageblatt. «C’est déjà de l’histoire ancienne, le départ des neurologues, nous l’avons digéré», affirme Marco Hirsch. Mais il n’en dira pas plus. «Nous allons communiquer dans les prochains jours», précise-t-il.
L’avenir de la clinique demeure donc incertain. Le 18 mars dernier, les députés ont voté le projet de loi sur son extension et sa modernisation et sur l’enveloppe de 55 millions qui les accompagne. Ce n’est pas une petite somme, mais le projet avait été voté à l’unanimité, l’ensemble des députés ayant rappelé leur attachement à cet hôpital général de proximité.
En décembre 2014, alors que les rumeurs circulaient sur la fin de vie de la clinique telle qu’elle est, le collège échevinal de Luxembourg avait voté une motion dans laquelle il rappelait que la Zitha est «un hôpital de pointe au cœur de la Ville, fort apprécié de la population depuis des générations». Le collège était invité à intervenir auprès du gouvernement pour accélérer la procédure relative à ce financement qui était attendu depuis 2011 par l’établissement.
Quid des 55 millions ?
Seul le collège médical, tout en accueillant favorablement l’avant-projet de loi en date du 17 juillet 2013, s’interrogeait sur «l’opportunité de libérer une telle somme à un établissement ayant fusionné avec un autre». Quoi qu’il en soit, ces 55 millions ont été accordés par les députés après que le gouvernement eut pris connaissance du concept médical des hôpitaux Robert-Schuman qui présentait un partage des services.
Or, le conseil médical du groupe n’a pas accepté ce concept médical et la procédure de médiation engagée a échoué. La bataille se poursuit toujours et, la semaine dernière, elle a coûté son poste de directeur général adjoint des hôpitaux Robert-Schuman, le docteur Philippe Turk, ancien directeur de la Zitha.
Toutes les craintes sont permises alors que la rumeur enfle qui destine la clinique Sainte-Zithe à un avenir tourné vers la gériatrie, voire une maison de retraite. En tout cas, les hôpitaux Robert-Schuman ne voient pas un avenir d’hôpital général, mais plutôt de placement. Situé dans un quartier sensible, l’hôpital perdrait-il son centre d’addictologie également prévu dans le concept médical?
La question est de savoir si ce financement de 55 millions reste valable alors qu’il était destiné à moderniser un hôpital général selon un concept médical déposé en novembre 2014.
Il faudra attendre la semaine prochaine, sans doute mardi, pour en savoir plus alors que le conseil d’administration aura reçu le courrier des médecins de la Zitha qui semblent avoir préparé leur riposte.
Selon le directeur des hôpitaux Robert-Schuman, le docteur Paul Wirtgen qui s’exprimait en mai dernier dans les colonnes de Paperjam, la nouvelle structure sera déployée en janvier 2016. «Nous aurons alors opéré de nombreux changements qui donneront à chacun de nos quatre établissements des missions beaucoup plus spécifiques», avait-il ajouté.
Ce déploiement continue précisément à poser problème.
Geneviève Montaigu
