À Marseille et Nîmes, mais aussi Nantes, Strasbourg, Montpellier et dans tous les clubs de Ligue 1, le coronavirus a perturbé la préparation et fait planer de lourdes incertitudes sanitaires et budgétaires sur la saison.
Après près de six mois de sevrage, la première journée de Ligue 1 s’annonce maigrichonne : outre le report des matches du PSG et de Lyon pour cause de Ligue des champions, l’annonce de quatre cas de coronavirus dans les rangs marseillais a renvoyé aussi à septembre le match d’ouverture Marseille – Saint-Étienne. Et le Nîmes-Brest est en sursis après la découverte de nouveaux cas qui portent le club gardois au seuil fatidique des quatre contaminations en moins de huit jours décidé par la Ligue professionnel de football (LFP).
Les clubs épargnés ne font pas les fiers : « On est très vigilants, on casse la tête aux joueurs avec des messages quotidiens assez forts. On les incite à faire tester leurs familles, à être prudents avec les gens qui viennent chez eux, à limiter malheureusement au maximum les contacts avec l’extérieur. Mais on sait très bien que la bulle est percée de partout », explique Nicolas Holveck, président de Rennes.
Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard que certains clubs touchés le soient dans des villes où les contaminations sont en forte hausse, comme Marseille et Nîmes, relève Emmanuel Orhant, directeur médical de la Fédération française de football. Les efforts des clubs et des entourages ne seront pas forcément suffisants, puisque la hausse des contaminations pourrait pousser les autorités à reconfiner des villes ou des départements, et leurs clubs avec.
La suspension du championnat en mars a coûté cher aux clubs, qui ont perdu une partie de leurs droits télévisés et de leurs recettes de billetterie et de sponsoring, ce qui, pour la plupart d’entre eux, efface les gains espérés cette année grâce à l’augmentation des droits dans le nouveau contrat avec Mediapro. Ainsi à Angers, les droits de cette saison vont augmenter de 15 millions d’euros, mais cela servira avant tout à éponger les 11 millions d’euros de manque à gagner de la saison dernière. Et surtout, le maintien au moins jusqu’à fin octobre de la jauge des .000 personnes au stade et la perspective croissante de matches à huis clos augure de nouveaux manques à gagner.
« Les cas de Covid, c’est comme les blessures »
À Montpellier, « on a présenté devant la DNCG (NDLR : gendarme financier) un budget prévisionnel déficitaire malgré l’augmentation des droits télés (…). On part tellement dans l’inconnu en matière de recettes et de sponsoring que l’on roule un peu dans le brouillard », a expliqué le président du club, Laurent Nicollin, au quotidien Midi-Libre. D’autant que la limite des 5 000 dépasse souvent le nombre d’abonnés. Face à cette situation, Lorient privilégie ses anciens abonnés, Nantes a proposé des abonnements où chacun paie au match assisté… Et Marseille, dont les finances n’étaient déjà pas au beau fixe avant la crise sanitaire, a carrément dû reporter sa campagne d’abonnements et se passer pour l’instant de la manne fournie par ses 33 000 encartés.
L’incertitude plane aussi sur l’état de préparation de plusieurs équipes touchées par le virus cet été et qui ont dû renoncer à des stages de préparation, annuler des matches amicaux, revenir à des conditions d’entraînement sans contact et laisser un certain nombre de joueurs à l’isolement. C’est le cas tout particulièrement de Strasbourg (9 joueurs touchés), Nantes (7 joueurs) et Montpellier (6 joueurs), même si la plupart des joueurs positifs n’ont eu que peu ou pas de symptômes et ont pu reprendre l’entraînement à l’issue de leur quatorzaine, plus ou moins rapidement en fonction des protocoles médicaux des clubs.
Mais « les cas de Covid, c’est comme les blessures », explique le préparateur physique Xavier Frezza. « L’organisme n’aura pas eu sa montée en puissance, ils vont passer d’un rythme d’entraînement à un rythme de match au plus haut niveau, ce n’est pas évident », ajoute-t-il. « La vérité c’est le terrain. Il faut récupérer le rythme du terrain ». Or, « tout le problème de cette situation, c’est qu’il y a un manque de rythme énorme à la base. Il faut voir comment les organismes ont digéré cette grosse grosse période d’arrêt, parce que ça n’arrive jamais », relève-t-il.
AFP/LQ