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Service de la médiation : le bureau des plaintes liées à la crise


Les appels étaient nombreux. "Nous sentions leur désarroi pour certains et nous ne pouvions pas les laisser en plan", explique Claudia Monti. (archives Editpress)

Le service de la médiation n’a pas chômé pendant le confinement et rentre encore aujourd’hui de nombreux dossiers liés à la crise sanitaire. Petit tour d’horizon des couacs.

Les portes du médiateur du gouvernement, Claudia Monti, sont restées ouvertes pendant le confinement et son équipe a mis les bouchées doubles pour venir en aide aux administrés. Quand le pays était à l’arrêt, ils étaient nombreux à vivre dans l’angoisse et elle n’a pas complètement disparue quand l’activité a repris son cours. Même dans les domaines qui n’entrent pas dans sa compétence, le service de la médiation a essayé de répondre aux attentes des citoyens. «Nous avons eu des questions relatives au droit du travail par exemple et nous avons alors livré des explications et guidé le demandeur vers des administrations compétentes en la matière, mais nous sentions leur désarroi pour certains et nous ne pouvions pas les laisser en plan», explique Claudia Monti.

Il y a eu également de nombreux étudiants qui avaient besoin de documents administratifs pour des inscriptions dans les universités et jusqu’à ce que l’administration décide de suspendre les délais, ces gens-là vivaient dans l’insécurité. Il y a eu aussi des détenus qui pouvaient bénéficier d’une liberté conditionnelle à la condition de quitter le pays, mais pendant le confinement les avions étaient cloués au sol et certaines frontières fermées donc ils n’avaient d’autre choix que de rester en prison.

Autre cas, celui des travailleurs en attente d’un reclassement professionnel. «Il n’y avait pas d’expertise médicale pendant le confinement et ces travailleurs ne savaient ce que l’avenir allait leur réserver», poursuit le médiateur. Elle peut témoigner que les fonctionnaires qui sont restés en poste n’ont pas chômé dans les ministères pendant le confinement et des solutions ont été trouvées.

Congés forcés

En revanche, les dossiers se multiplient depuis la fin du confinement qui ont trait à des retards de paiement au niveau des aides étatiques et du chômage partiel. Il y a aussi de nombreux administrés qui ne comprennent pas pourquoi ils ont été exclus des aides. «Souvent, on leur répondait qu’ils n’avaient pas eu besoin de s’arrêter de travailler mais quand vous vivez de l’événementiel c’était plutôt difficile de survivre pendant le confinement», admet-elle. Puis de nombreux particuliers qui emploient du personnel de ménage ont continué à verser les salaires sans bénéficier d’aucune aide contrairement à ceux qui ont pu bénéficier d’un congé pour raison familiale. «Ces particuliers en sont pour leurs frais et ils ne pouvaient pas demander à leur personnel de prendre des congés bien évidemment», rappelle Claudia Monti.

Il y a eu des cas, en revanche, où des salariés ont été obligés de prendre des congés et ils ont accepté de peur de perdre leur emploi. Même si le médiateur n’est pas compétent en la matière, ils étaient nombreux à venir toquer à sa porte pour se plaindre du traitement qu’ils ont subi pendant ce confinement.

Et pourtant, ce ne sont pas les administrations qui les dirigeaient vers la médiation. Au contraire, en cas de refus d’une aide étatique liée à la crise sanitaire, les intéressés étaient priés de saisir une juridiction pour contester la décision. «Des personnes qui se trouvaient déjà en situation précaire devaient encore payer un avocat pour défendre leur dossier sans aucun autre moyen de recours», constate Claudia Monti. Et pourtant les services de la médiation sont aussi là pour ça. Aure observation, les lettres de refus d’une aide n’étaient pas signées de la main du ministre de tutelle mais d’un fonctionnaire.

Le bon de 50 euros réclamé

Des aides d’État auraient été refusées au prétexte que les salariés avaient des jours de congé en retard à prendre et afin d’éviter qu’une telle situation se reproduise, ils ont été invités à prendre tous leurs jours de congé avant le 31 décembre de cette année, sans quoi ils les perdraient.

Le médiateur a entendu de tout depuis le début de cette crise. Des traducteurs du tribunal qui n’ont pas été aidés sous prétexte que rien ne les empêchait de travailler alors que les tribunaux tournaient au régime minimum pour les seules urgences.

Beaucoup moins grave, et pour l’anecdote, Claudia Monti a été contactée par un couple de retraités luxembourgeois vivant désormais en Allemagne et qui étaient mécontents de ne pas avoir pu bénéficier des bons de 50 euros offerts pour s’offrir une nuitée dans un hôtel du pays. D’ailleurs, elle a reçu plusieurs appels de personnes qui râlaient parce que le bon ne leur était toujours pas parvenu.

Le nombre de dossiers réceptionnés depuis le début de l’année jusqu’à jeudi, était de 587, exactement le même nombre que l’année dernière à la même date mais avec des effectifs réduits.

Geneviève Montaigu