Des notes manuscrites de Joe Biden vantant les mérites de Kamala Harris et l' »erreur » d’un site annonçant qu’il l’avait choisie comme colistière…
Les spéculations allaient bon train mercredi sur les chances de la sénatrice de l’accompagner dans la présidentielle contre Donald Trump et de devenir, en cas de victoire, la première femme vice-présidente des États-Unis.
« Pas rancunière », « A fait campagne avec moi et Jill », « Talentueuse », « D’une grande aide pour la campagne », « Grand respect pour elle » : les mots inscrits par le candidat démocrate à la Maison Blanche sur un carnet avant de répondre aux questions des journalistes ont été capturés mardi par les photographes.
Joe Biden, 77 ans, avait soigneusement préparé les points qu’il voulait mettre en avant s’il était interrogé sur la sénatrice noire de 55 ans, déjà en tête des pronostics sur la colistière qu’il choisira pour défier avec lui le président Trump le 3 novembre. Au final, l’ancien vice-président de Barack Obama n’a cité personne en particulier, se contentant d’affirmer qu’il dévoilerait son choix « la première semaine d’août ».
Après une primaire marquée par une diversité inédite, il a promis il y a des mois de désigner une femme. Peu après, surprise : le site spécialisé Politico annonçait, dans un texte pré-daté au 1er août, que Joe Biden avait choisi Kamala Harris. Le journal citait même le candidat, qui l’aurait qualifiée de « remarquable colistière ». Souvent bien renseigné, Politico a rapidement évoqué une « erreur » et un porte-parole a précisé qu’il s’agissait d’un texte utilisé pour la mise en page.
« Un bon choix », selon Trump
« Ce n’est pas vrai », a simplement tweeté le porte-parole de Joe Biden, TJ Ducklo. Il n’empêche que la cote de Kamala Harris a grimpé en flèche sur le site de paris PredictIt, où elle apparaît largement devant les autres candidates envisagées.
« Avec Joe Biden comme président, nous pourrons construire une Amérique à la hauteur de nos idéaux », a tweeté dans la soirée la principale intéressée, qui fait campagne activement pour son ex-rival dans la primaire démocrate. Même le président républicain a été interrogé sur sa possible nomination mercredi : « Je pense qu’elle ferait un bon choix », a-t-il dit de la sénatrice qui le critique avec virulence. « Une vérité sur Donald Trump (…) : il n’a absolument aucune idée de comment gérer ou qualifier Kamala Harris », a réagi celui qui était son porte-parole lorsqu’elle était candidate à la présidentielle, Ian Sams. « Il est déconcerté par les femmes fortes comme elle et, entre autres raisons, cela en ferait un choix très solide de vice-présidente », a-t-il tweeté.
La trajectoire de cette fille d’immigrés jamaïcain et indienne incarne le meilleur du rêve américain. Après deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011), elle avait été élue, deux fois, procureure de Californie (2011-2017), devenant alors la première femme, mais aussi la première personne noire, à diriger les services judiciaires de l’État le plus peuplé du pays. Puis en janvier 2017, elle était devenue la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la seconde femme noire dans l’histoire du Sénat américain.
Pénalisée par son passé de procureure ?
Mais si beaucoup plaident pour que Joe Biden désigne une colistière noire pour répondre au mouvement historique de colère contre le racisme aux États-Unis, son passé de procureure pourrait peser contre elle. Depuis la Caroline du Sud jusque dans le Michigan pendant la primaire, des électeurs noirs et progressistes déploraient sa réputation de dureté. En cause, notamment, son soutien à une loi californienne qui punissait durement les parents des enfants séchant l’école, ce qui avait été perçu comme affectant surtout les minorités et les plus modestes. Elle avait alors défendu son bilan et ses réformes judiciaires et policières.
Très amicale avec « Joe » au début de la primaire, elle avait durci son discours avec une attaque virulente contre les positions passées de l’ancien vice-président sur la ségrégation raciale dans les années 1970, qui avait secoué le premier débat démocrate. Après avoir abandonné la course dès décembre 2019, elle le soutient désormais sans réserve. Mais certains alliés de Joe Biden ne lui ont pas pardonné ses critiques.
Loin derrière elle dans les pronostics mais en pleine ascension depuis juin, apparaît l’ex-conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, Susan Rice, 55 ans, qui n’a toutefois jamais affronté une campagne électorale. Et encore plus loin, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, 70 ans.
LQ/AFP