Au pied du mur, les décideurs et les masses arrivent à trouver des solutions. Le récent plan de relance européen en est le meilleur exemple. Divisés sur tout, les 27 États membres ont réussi à se mettre d’accord sur un plan inédit. Évidemment, les plus grincheux diront que le diable se cache dans les détails de ce plan. Mais plus globalement, les pays européens ont compris, en quatre jours, que lorsqu’un État sombrera à cause de la crise sanitaire et économique, c’est toute l’Europe qui sombrera. Avant cette crise, voir des pays européens s’accorder sur un tel plan aurait pris des mois ou encore des années. Là encore, le parfait exemple se nomme «Brexit». Tant que l’on n’est pas au pied du mur, les décideurs ne s’accordent pas dans l’intérêt du bien commun.
Dès lors, on peut comprendre aisément que des «crises annexes» soient toujours en souffrance. La crise des migrants est toujours présente. Les départs de migrants depuis la côte libyenne ont augmenté de près de 300 % entre janvier et avril 2020, par rapport à la même période de 2019, selon l’ONU. Pourtant, plus personne ou presque n’en parle. La crise du coronavirus est beaucoup plus importante qu’une poignée de migrants en danger. D’autant plus que ces derniers ne mettent pas en péril les intérêts vitaux des décideurs et de la population. Le conflit armé en Ukraine, aux portes de l’Europe, n’intéresse plus et la lutte contre le terrorisme semble appartenir à un lointain passé.
Le raisonnement est le même en ce qui concerne le réchauffement climatique. Tant que les conséquences du changement climatique ne mettront pas les décideurs et la population au pied du mur, rien ne sera fait concrètement et rapidement. Il faudra, encore une fois, attendre une catastrophe telle que le coronavirus pour initier un changement. Mais c’est peut-être vouloir aller contre la nature humaine qui préfère, comme au poker, «payer pour voir» au lieu de payer pour prévoir.
Jeremy Zabatta