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La liste de contrôle

La phrase est un peu passée inaperçue, dimanche, lors du briefing de presse très tardif du gouvernement. Le Premier ministre, Xavier Bettel, avait évoqué la possibilité de poster des policiers devant une maison pour compter le nombre de personnes entrant et sortant, le tout afin de s’assurer que le ménage n’invite pas plus de 10 personnes, comme le prévoit désormais la loi Covid.

Imposer aux agents de dresser une telle liste de contrôle est «fort de café», comme le souligne à juste titre le député Sven Clement (Parti pirate). L’idée formulée par le Premier ministre va aussi à l’encontre de toutes ses déclarations antérieures dans lesquelles il s’est défendu contre l’instauration de toute forme d’État policier. Simple lapsus donc dû à la fatigue du sommet européen marathon ? Ou mauvaise formulation pour sensibiliser les gens à respecter les règles ?

Il ne sert à rien de s’acharner sur ces propos qu’on qualifiera de malheureux. Un peu plus de pédagogie est toutefois nécessaire pour chasser le faux sentiment de sécurité qui a gagné une frange de la population avec la baisse momentanée des chiffres d’infections. Face à la recrudescence du virus, la sensibilisation doit primer, d’autant plus que les moyens pour contrôler le respect de la bulle sociale de 10 personnes en sphère privée sont limités. L’inviolabilité du domicile, inscrite dans la Constitution, doit en effet être respectée à la lettre.

Pouvoir compter sur le bon sens et la solidarité des gens est donc indispensable. En début de crise, le respect des règles était exemplaire. «Ce ne sont pas les virologues ou la politique qui décident seuls de l’évolution de la pandémie. Les citoyens y contribuent également beaucoup», insiste Josée Lorsché (déi gréng). S’il existe donc un besoin de liste de contrôle, ce sera celle reprenant les mesures sanitaires. Garder ses distances et porter le masque est finalement peu demander en comparaison avec les risques que l’on encourt si les gestes barrières ne sont pas respectés.

David Marques