L’État vient de racheter le terrain où sera construit le lycée européen pour 1,8 million d’euros. Soit 900000 de moins que ce qu’il a coûté à la commune.
Contrairement à Redange ou Junglinster, Differdange –pourtant la troisième ville du pays– ne dispose toujours pas de lycée sur son territoire. Et alors que l’État s’est enfin décidé, il s’avère que la commune, pourtant déjà très endettée, doit mettre la main à la poche pour que le projet ne tombe pas à l’eau. Le conseil communal est furieux.
Le bourgmestre Roberto Traversini (déi gréng) l’a en travers de la gorge. Sa commune lutte depuis toujours pour avoir un lycée sur son territoire. Finalement, l’arrivée de l’ancien bourgmestre, Claude Meisch, au ministère de l’Éducation nationale a permis de débloquer le dossier et c’est finalement un lycée européen – ou plutôt une «école internationale» comme elle est désormais appelée – qui verra le jour dans la Cité du fer.
Pour commencer la rentrée 2016/2017, les classes de l’école primaire (francophones et anglophones) seront installées dans l’ancienne Haushaltungsschoul. Celles de l’école secondaire crècheront dans des préfabriqués. Ce n’est qu’à partir de la rentrée 2020 que les lycéens intègreront les nouveaux bâtiments sur le terrain qui fâche.
«Je ne suis pas content, a tonné Roberto Traversini. La commune doit mettre de l’argent sur la table pour ne pas mettre le lycée en danger.» L’affaire n’est pas banale. Le lycée, en effet, doit être construit sur un terrain qui appartenait à ArcelorMittal, dans l’entrée en ville, près du plateau du Funiculaire. Or le sidérurgiste a exigé un prix, 15 000 euros l’are, que l’État se refusait à payer. Le ministère, lui, avait fixé sa limite à 10 000 euros.
Voyant là un point de blocage susceptible de tout faire capoter, Differdange a décidé de sortir le chéquier pour acheter tout le secteur au prix demandé par ArcelorMittal. L’idée, ensuite, était de convaincre le gouvernement de revoir son offre à la hausse. Mais force est de constater que le plan a échoué : l’État n’a pas cédé et a acheté à la commune 1,8 hectares pour la somme de 1,8 million d’euros. Soit 10 000 euros l’are, un point c’est tout. Au final, cette transaction a donc coûté la bagatelle de 900 000 euros de perte pour la commune!
«Nous n’avons pas eu le choix»
«Malheureusement, nous n’avons pas eu le choix, estime le bourgmestre. Près de 3 000 jeunes doivent quitter tous les jours la commune pour aller étudier ailleurs et c’est une situation inacceptable. Ce lycée est une absolue nécessité.»
Globalement, l’ensemble du conseil a suivi Roberto Traversini. «La nécessité est telle qu’on ne peut pas faire autrement», a regretté Gary Diderich (déi Lénk). «Il faudrait obtenir de l’État des compensations pour un montant équivalent», a suggéré Marcel Meisch (DP), le père du ministre Claude Meisch. Finalement, seul Ali Ruckert (KPL) a voté contre : «Il est lamentable de devoir débourser cette somme pour que le lycée soit construit», a-t-il argué.
Erwan Nonet