Le géant du streaming Netlix a annulé la production d’une série en Turquie mettant en scène un personnage gay, faute d’avoir obtenu l’autorisation du gouvernement pour le tournage, a indiqué mardi la scénariste de la série.
La scénariste, Ece Yörenc, a confirmé des informations de presse selon lesquelles la série If Only avait été annulée. « Parce qu’elle mettait en scène un personnage gay, l’autorisation de tournage n’a pas été accordée à la série et c’est très effrayant pour l’avenir », avait déclaré dimanche Mme Yörenc au magazine d’actualité culturelle Altyazi Fasikul. Selon ce dernier, Netflix a refusé de se plier à la demande du Haut-conseil audiovisuel turc (RTÜK) de gommer le personnage homosexuel du scénario, choisissant d’annuler le projet plutôt que d’accepter une censure.
Netflix n’a ni confirmé, ni démenti les tentatives de censure envers la série annulée. « Nous demeurons profondément attachés à nos abonnés et à la communauté créative en Turquie », a déclaré la plateforme de streaming dans un communiqué. Cette polémique intervient au moment où des responsables et médias proches du gouvernement turc multiplient les remarques anti-LGBT. En avril, le chef du directorat des Affaires religieuses, Ali Erbas, avait fait un lien entre l’homosexualité et la maladie. Et l’enseigne de sport française Décathlon a été confrontée en juin à des appels au boycott en Turquie pour avoir publié des messages de soutien aux LGBT. Un projet de loi prévoyant un contrôle accru des réseaux sociaux a été présenté mardi au Parlement turc. Selon des observateurs, la future loi pourrait aussi permettre au gouvernement de limiter la visibilité des militants LGBT en ligne.
La Turquie est l’un des rares pays musulmans où l’homosexualité n’est pas réprimée par la loi. En revanche, l’homophobie et la transphobie y sont répandues et les associations LGBT font régulièrement état d’agressions et de discriminations. La marche des fiertés d’Istanbul, qui rassemblait autrefois plusieurs milliers de personnes, est en outre interdite depuis plusieurs années.
LQ/AFP