Après le récent concert de reprise de l’OPL, l’OCL se met au diapason. En octobre, l’orchestre démarrera sa nouvelle saison sous le signe de l’optimisme et avec quelques surprises encore bien gardées.
C’est au Kinneksbond que la saison 2020/2021 de l’Orchestre de chambre du Luxembourg (OCL) s’est dévoilée jeudi, en présence, notamment, de son nouveau président, Georges Santer, ainsi que de l’administratrice de l’orchestre, Corinne Rosé. Après un arrêt de plusieurs mois pour cause de pandémie de coronavirus, l’orchestre est bien décidé à remettre la splendeur de la musique classique au cœur de la scène musicale luxembourgeoise, même s’il «doit naviguer à vue», regrette Corinne Rosé.
L’OCL se déplace beaucoup et il n’est pas question de remettre en cause ses mouvements. «Nous sommes très dépendants des consignes que nous donneront les lieux d’accueil pour travailler, poursuit l’administratrice, et on s’adaptera en fonction de celles-ci. Adapter l’effectif est plus compliqué car il est vraiment lié au choix du programme; si nous ne pouvons pas avoir tous les musiciens sur scène, il faudra changer le programme, mais c’est très compliqué de s’y prendre au dernier moment, ou alors le concert sera reporté à une date ultérieure. C’est une situation qui demande une certaine agilité.»
«Plats de résistance»
La saison complète, pourtant, est bien orchestrée, avec, en haut de l’agenda, un gros morceau : cinq concerts à la Philharmonie, dont les programmes ont été réalisés par le comité artistique de l’orchestre, qui regroupe des membres du conseil d’administration et des musiciens. Un travail de programmation qui doit à la fois «convenir à un ensemble de 35 à 40 musiciens» et «donner un sens à l’assemblage» des pièces jouées pour chaque concert, selon l’administratrice.
Ainsi, chacun de ces cinq programmes est conçu autour d’un «plat de résistance». Et quels plats ! La saison reprendra en effet à la Philharmonie le 4 octobre avec Beethoven et son Concerto pour violon (le seul qu’il ait jamais composé), introduit par la Symphonie n°35 de Mozart, dite «Haffner», interprétés avec le violoniste albanais Tedi Papavrami et sous la direction du chef franco-suisse Joseph Bastian. Puis un hommage à Mozart le 8 novembre avec deux symphonies (n°32 et n°36) et deux pièces contemporaines, l’une de Jacques Ibert composée en 1956 et l’autre créée en 2017 par le Hongrois Peter Eötvös.
Gustav Mahler, lui, sera à l’honneur en février avec son immense Symphonie n°4 (le chant étant assuré par la soprano Samantha Gaul), précédée d’une pièce inédite, Demain la montagne d’Olivier Dartevelle, qui fut clarinettiste solo à l’Orchestre philharmonique du Luxembourg pendant 38 ans. Sa pièce est une commande du ministère de la Culture et prend pour point de départ les conditions dans lesquelles Mahler a composé sa «Quatrième», isolé dans sa maison des Alpes.
En avril, sous la direction de la cheffe allemande Corinna Niemeyer, place à la danse avec Stravinsky, Ravel et Astor Piazzolla, à qui l’OCL rendra également hommage en mars pour le centième anniversaire de sa naissance, au Trifolion Echternach, avec un concert en collaboration avec la formation luxembourgeoise Nomad The Group. Enfin, la Symphonie n°103 de Haydn, considérée comme le modèle de la symphonie classique en quatre mouvements, sera jouée en juin avec le Concerto pour flûte et harpe de Mozart et la célèbre Symphonie n°1 de Prokofiev.
Reports et surprises
Les collaborations de l’OCL se poursuivront elles aussi en mettant l’accent sur sa dimension pédagogique, avec des événements donnés pour ou avec les jeunes publics, comme l’Oratorio de Noël de Bach, qui sera joué le 13 décembre au CAPE dans une version adaptée pour les enfants, ou le concert de gala du concours de composition «Artistes en herbe», initialement prévu en avril mais reporté au 30 janvier en raison de la crise sanitaire.
À propos des reports et annulations, Corinne Rosé s’explique: «Dans la programmation artistique, on s’y prend très longtemps à l’avance et quand les annulations ont commencé, à la mi-mars, notre saison prochaine était déjà bien bouclée. Certains concerts que l’on voulait reporter à cette saison ne seront finalement reportés qu’à la saison d’après.» Cependant, «il se peut qu’il y ait d’autres projets qui n’ont pas été présentés mais qui arrivent dans les mois à venir», à savoir ceux conçus par l’OCL au moment de l’arrivée de la crise.
D’autres nouvelles sont également attendues dès la rentrée comme le nom du futur chef de l’orchestre, qui sera annoncé à l’automne, ou une collaboration avec le Kinneksbond, qui mêlera danse et musique, avec un effectif réduit pour l’orchestre et des danseurs solistes. Cette saison 2020/2021 sera donc placée sous le signe de l’optimisme même si, comme le veut l’adage, c’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens.
Valentin Maniglia