Bill Gates, Elon Musk, Joe Biden, Barack Obama : ces personnalités et bien d’autres ont été visées mercredi par un piratage massif aux cryptomonnaies sur Twitter, qui remet sur le devant de la scène la question de la cybersécurité.
Des messages sur ces comptes piratés, pour la plupart rapidement effacés, invitaient notamment les internautes à faire parvenir rapidement des bitcoins à des adresses spécifiques, prétendant renvoyer en échange le double des montants transférés. Selon le site spécialisé Blockchain.com, qui trace les transactions effectuées en cryptomonnaies, un total de 12,58 bitcoins, soit près de 116 000 dollars, a été envoyé vers l’une des adresses mentionnées dans les tweets frauduleux. « Joyeux mercredi ! J’offre des bitcoins à tous mes abonnés. Je double tous les paiements envoyés à l’adresse bitcoin ci-dessous », ont notamment pu lire les internautes sur le compte d’Elon Musk, le fantasque patron de Tesla.
Les comptes du cofondateur de Microsoft Bill Gates, du patron d’Amazon Jeff Bezos, du candidat démocrate à l’élection présidentielle Joe Biden, de l’ancien maire de New York Mike Bloomberg ou encore du célèbre investisseur Warren Buffett ont affiché pendant un temps des messages au contenu similaire. Ceux d’entreprises comme Apple et Uber ainsi que de compagnies spécialisées dans le bitcoin ont aussi été victimes de ce piratage de très grande ampleur. La campagne de Joe Biden a indiqué que le réseau social avait bloqué le compte du candidat démocrate dès que l’intrusion avait été constatée afin d’effacer le tweet problématique. « Nous pouvons confirmer que ce tweet n’a pas été envoyé par Bill Gates », a pour sa part indiqué une porte-parole de Bill Gates.
« Il est possible que vous ne puissiez pas tweeter ou réinitialiser votre mot de passe pendant que nous étudions cet incident », a indiqué le compte Twitter Support en fin d’après-midi. Pendant près de deux heures, les utilisateurs certifiés, dont le compte est agrémenté d’une marque bleue, se trouvaient en effet dans l’impossibilité de publier des messages. « La plupart des comptes devraient pouvoir tweeter de nouveau. Nous continuons de travailler sur la résolution du problème, et cette fonction pourrait disparaitre et revenir », a prévenu le réseau social dans la soirée alors que ses utilisateurs certifiés, dont le président Donald Trump, pouvaient de nouveau poster des messages.
Chute de l’action à Wall Street
Juste après le piratage, l’action de l’entreprise chutait à Wall Street dans les échanges électroniques après la clôture. « L’hypothèse la plus probable est que les pirates soient entrés en possession du panneau d’administration des employés de Twitter, qui permet de modifier les mots de passe et de désactiver les authentifications à plusieurs facteurs », avance Rachel Tobac, présidente de la compagnie de cybersécurité SocialProof Security. Une telle manipulation, précise Rachel Tobac, a pu permettre à des individus ou des groupes malveillants de prendre le contrôle des comptes attaqués.
Justin Sun, un jeune entrepreneur américain très actif dans les cryptomonnaies et lui-même victime du piratage, a offert un million de dollars à quiconque identifierait les pirates. Le réseau à l’oiseau bleu a déjà été victime d’attaques ciblées dans le passé. En mars 2017, de nombreux comptes certifiés, dont ceux d’Amnesty International, du ministère français de l’Économie ou de la BBC Amérique du Nord, avaient ainsi été piratés par des hackers présumés, favorables au président turc, Recep Tayyip Erdogan. En août dernier, une série de messages insultants ou racistes avait été publiée sur le compte personnel de Jack Dorsey, à son insu. Le fondateur de Twitter avait été victime d’une arnaque à la carte SIM.
Dans ce type d’attaque, des hackers parviennent à faire transférer le numéro de mobile de la cible sur un autre téléphone en leur possession. Le piratage de mercredi semble toutefois d’une toute autre ampleur et suscitait déjà de nombreuses interrogations à un peu plus de 3 mois de l’élection présidentielle américaine, où les questions de cybersécurité devraient être au premier plan.
LQ/AFP