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Hôtel des Postes : «Ce ne sera pas un hôtel de luxe»


Géraldine Dohogne présente son concept de bar et restaurant pour la cour intérieure. (photo : Fabrizio Pizzolante)

À l’image de toutes les grandes villes modernes, Luxembourg va bientôt avoir son hôtel-boutique. C’est le concept retenu par Post pour redonner vie à son ancien siège.

Les spéculations allaient bon train sur le sort que réserverait l’entreprise Post Luxembourg à son ancien siège rue Aldringen une fois qu’elle aurait intégré son tout nouveau bâtiment dans le quartier Gare. La Ville de Luxembourg suggérait d’en faire un hôtel, tandis que l’entreprise de télécommunications rêvait de mixité. Ce sera donc un boutique-hôtel de «catégorie lifestyle» qui ouvrira ses portes en 2023.

«Une nouvelle génération d’hôtellerie», dit le communiqué de presse, que l’on trouve dans les grandes métropoles depuis quelques années déjà. Un lieu ouvert à tous. «Ce ne sera pas un lieu exclusif à l’image d’un palace où seule une clientèle privilégiée osera entrer», a indiqué Géraldine Dohogne, conceptrice et décoratrice d’intérieur basée à Londres qui a notamment transformé l’ancien bureau de poste de Gand en Belgique en hôtel de catégorie lifestyle et s’occupera du design intérieur du futur hôtel des Postes.

L’entreprise Post Luxembourg ne se lance pas seule dans ce projet. Elle a conclu un partenariat avec le groupe immobilier français Artea. Tous deux sont coïnvestisseurs du projet, mais Post Luxembourg reste propriétaire de l’immeuble, qui sera exploité par Artea. Les investissements s’élèvent pour le moment à 50 millions d’euros.

«Nous avons choisi Artea parce que sa philosophie nous a plu, a indiqué Claude Strasser, le directeur général de Post Luxembourg. Nous avons deux principes, deux objectifs communs : restituer au maximum la valeur historique et architecturale du bâtiment construit et les nombreuses transformations qu’il a connues et trouver une affectation digne de sa valeur culturelle en l’ouvrant au public.» Car le maître-mot de ce projet est l’ouverture. Absolument tout le monde doit pouvoir accéder au bâtiment et découvrir ses richesses.

«Un lieu ouvert à tous»

«C’est un projet magnifique !», estime Philippe Baudry, le président-directeur général d’Artea, avant de présenter son entreprise qui réalise un projet similaire dans un ancien couvent du centre de Florence. «L’hôtel des Postes doit redevenir un lieu inspirant.» Pour y parvenir, il compte sur un concept basé sur des usages variés mais complémentaires. «Chaque citoyen doit pouvoir pousser la porte pour pouvoir découvrir le cœur de ce bâtiment qu’est la cour intérieure ainsi que les différentes activités et expériences qui y seront proposées», poursuit-il.

Le terrain de découverte ouvert à tous s’étendra sur 8 600 m2. La cour intérieure du rez-de-chaussée accueillera un restaurant, un bar des boutiques et bien entendu le lobby de l’hôtel qui occupera les trois quarts des étages et devrait compter environ 85 chambres. Le quart restant sera dédié au coworking. Quant au sous-sol, il accueillera des espaces dédiés au bien-être indépendants de l’hôtel et ouverts au public.

«J’ai très vite été séduite par le potentiel extraordinaire de l’hôtel des Postes, note Géraldine Dohogne. Après 15 ans d’expérience dans l’hôtellerie de luxe, je base chaque projet sur une culture et une histoire forte. Chaque projet raconte une nouvelle histoire.» La nouvelle histoire de l’hôtel des Postes sera celle «d’un lieu unique qui par son style, son ambiance sera perçu comme un lieu accueillant, chargé d’histoire, facile d’accès où l’on aime passer du temps grâce aux différentes atmosphères et activités qui y sont proposées et par-dessus tout, parce que l’on s’y sent bien. (…) Les lieux seront à taille humaine.»

La jeune femme dit avoir trouvé des espaces comparables dans des lieux en vogue comme à Londres où elle réside. «Ce sont des lieux très inspirants. On s’y sent comme à la maison et on n’a qu’une seule envie, c’est d’y revenir très rapidement», estime la décoratrice d’intérieur.

Claude Strasser se dit rassuré

Dans le futur hôtel-boutique, on pourra donc venir travailler, se détendre, organiser des rendez-vous, déjeuner, boire un verre ou encore faire du sport. Mais pas uniquement. Le futur hôtel-boutique est vendu comme un lieu «d’expériences, de rencontres et d’échanges culturels» sous la grande verrière de la cour centrale «qui fonctionnera comme un forum, un carrefour où se retrouveront les accès aux différents services et aux commerces».

Bref, l’hôtel sera un tout en un «cohérent et fonctionnel». De quoi rassurer Claude Strasser qui ne souhaite rien de moins que l’hôtel des Postes «retrouve sa superbe d’antan» et qu’il fasse «partie intégrante de l’espace public de la capitale pour que le plus grand nombre de résidents et de visiteurs étrangers puisse profiter de ce bijou architectural du Luxembourg».

Pour y parvenir, les parties prenantes du projet s’adjoindront également les compétences du bureau d’architectes Romain Schmiz architectes et urbanistes.

Le projet présenté, ne reste plus qu’à trouver celles et ceux qui vont l’animer avec leurs boutiques et leur cuisine. «Il est encore trop tôt pour en parler», selon Philippe Baudry.

Sophie Kieffer

Un peu d’histoire

En 1869, un premier bureau de poste de la Ville-Haute a été aménagé dans les anciennes casernes de la garnison prussienne au lieu-dit «beim Piquet». Le développement rapide de la poste, a conduit à l’agrandissement du bureau. L’aile nord a été construite entre 1902 et 1905, puis de 1908 à 1910, l’architecte de l’État Sosthène Weis érigea le bâtiment actuel dans le style néo-Renaissance française.

Si la façade extérieure de l’hôtel des Postes est restée intacte au fil des années, la cour intérieure a, quant à elle, été couverte et différentes extensions, ainsi qu’une aile centrale, ont été rajoutées. De sorte qu’il est aujourd’hui difficile de comprendre ce qu’était la cour intérieure à son origine.

Le bâtiment a accueilli, entre autres, le standard téléphonique, le bâtiment de la télégraphie et le ministère du Travail et de la Protection sociale en 1937.

Post Luxembourg a quitté cet immeuble historique en 2017 pour s’installer dans un nouveau siège social moderne et adapté à l’évolution de ses différents métiers. Le 2 mars 2018, l’hôtel des Postes, bâtiment emblématique et mythique du centre-ville, a été classé monument national sur la liste des monuments classés et se situe dans un secteur protégé Unesco.