Après avoir longtemps résisté, l’équipe de football américain de Washington a annoncé lundi l’abandon de son nom des Redskins, cédant à la pression d’une partie de l’opinion et de ses parraineurs qui critiquaient sa connotation raciste envers les Amérindiens.
« Le 3 juillet, nous avons annoncé le début d’un examen approfondi du nom de l’équipe », dont la traduction française est « Peaux Rouges », peut-on lire dans un communiqué. « Aujourd’hui, nous annonçons que nous allons abandonner le nom et le logo des Redskins après la fin de cet examen », ajoute le communiqué, qui clôt une histoire débutée en 1933 et ponctuée par trois titres (1982, 1987 et 1991).
C’est une défaite pour le propriétaire de l’équipe, Dan Snyder, longtemps opposant déclaré à tout changement d’appellation qui, selon lui, rendait hommage aux Indiens d’Amérique. Dan Snyder et l’entraîneur Ron Rivera, qui était favorable au changement, « travaillent en étroite collaboration pour développer un nouveau nom et une nouvelle approche visuelle », poursuit le communiqué, alors que le championnat de NFL doit reprendre le 10 septembre.
Cette décision a été saluée par plusieurs responsables ou militants de la cause amérindienne, qui dénonçaient depuis des décennies ce nom et son logo, un Amérindien de profil flanqué de deux plumes, considérés comme une « insulte raciste » par les organisations autochtones. « Il était temps », a écrit sur Twitter l’élue du Nouveau-Mexique au Congrès, Debra Haaland. « On ne devrait pas avoir besoin d’un grand mouvement social et la pression des parraineurs pour prendre la bonne décision mais je suis heureuse que cela arrive », a ajouté la parlementaire, membre de la tribu des Laguna Pueblo. « C’est la fin d’un voyage long et difficile », a réagi sur Twitter Notah Begay, le seul Amérindien à avoir participé au circuit américain professionnel de golf (PGA).
Et Cleveland Indians a fait disparaître sa mascotte « Chief Wahoo »
Pour l’activiste Suzan Shown Harjo, ce changement « aidera d’autres (équipes) à abandonner leurs fantômes du racisme encore plus vite ». La mort de George Floyd fin mai a plongé les États-Unis dans un examen de conscience sur leur rapport à leur passé raciste. Un vaste mouvement de colère a conduit une partie de la société à reconsidérer certains symboles comme les statues de généraux confédérés, partisans de l’esclavage, ou de Christophe Colomb. Plusieurs de ces monuments ont été déboulonnés ou vandalisés à travers le pays.
Longtemps célébré comme « celui qui a découvert l’Amérique », Christophe Colomb est aujourd’hui vu par certains comme le symbole de la colonisation violente par les Européens de terres ne leur appartenant pas. Ces dernières semaines, la pression avait encore augmenté autour des Redskins : la société FedEx, qui parraine et donne son nom au stade de l’équipe, a ainsi demandé officiellement à cette dernière de changer son nom, avec d’autres parraineurs. Et l’équipementier Nike a arrêté de vendre les produits dérivés de l’équipe sur son site internet, suivi par les grandes enseignes Walmart et Target. Face à cette pression grandissante, l’équipe avait ouvert la voie à un changement, « au vu des récents évènements à travers le pays ».
La maire de Washington, Muriel Bowser, a montré sa satisfaction. « Nous voulons changer le nom et changer le lieu » où joue l’équipe a-t-elle affirmé. La démocrate avait fait du changement de nom une des conditions pour que l’équipe revienne jouer dans la capitale, qu’elle avait quittée en 1997 pour évoluer dans le Maryland voisin. Plusieurs autres équipes de sport professionnel américain comme les Kansas City Chiefs, vainqueurs du Superbowl cette année, ou les Atlanta Braves (base-ball) sont également critiquées pour leur nom ou leur logo amérindiens. L’équipe de base-ball des Cleveland Indians a ainsi fait disparaître sa mascotte « Chief Wahoo » de ses tenues et de presque tout son merchandising, et a également annoncé réfléchir à la question de son nom. Donald Trump était récemment entré dans la polémique en critiquant les « deux franchises sportives légendaires » pour avoir cédé au « politiquement correct ».
LQ/AFP