Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Une petite délégation luxembourgeoise – précaution sanitaire oblige – a eu l’honneur de défiler à Paris, ce 14 juillet, avec la Suisse, l’Autriche et l’Allemagne, en tant que pays invités en remerciement de l’aide apportée à la France dans la gestion du coronavirus.
Le Luxembourg a défilé ce mardi 14 juillet, en remerciement de l’aide apportée à la France lors de la gestion du coronavirus. Il avait accueilli 11 patients du Grand Est, au plus fort de la crise.
Le Grand Est a été la région la plus touchée au début de l’épidémie, avec 3 500 décès décomptés. La région est à ce jour en France celle où le virus tourne désormais le plus faiblement (taux de reproduction à 0,78).
L’Allemagne, le Luxembourg, la Suisse et l’Autriche, avaient alors accepté d’accueillir des patients dans leurs hôpitaux : 161 patients « externalisés » en tout, avec un effort particulièrement marqué du côté allemand (120 malades pris en charge), et donc, onze patients principalement pour le Luxembourg, principalement envoyés depuis l’Alsace.
C’est désormais le Grand-Duché qui se retrouve dans une situation plus complexe, sans être tendue sur le plan hospitalier : le nombre d’infections a considérablement augmenté depuis un mois, avec de nouveau quelques retours en soin intensif. Le pays est d’ailleurs classé à risque par d’autres nations, à commencer par le voisin belge. Nul doute que les Français sauraient se montrer solidaires à leur tour en cas de réelle deuxième vague.
Une solidarité un brin mise en scène à l’époque…
Quoi qu’il en soit, il faut le souligner malgré la beauté du geste : cette solidarité a pu être orchestrée à l’époque par les politiques des deux côtés de la frontière, les uns et les autres exagérant la portée « européenne » du geste, probablement pour lutter contre les sentiments populistes qui naissent ici et là envers l’UE. Cette solidarité, pour onze patients, constituait en réalité plus certainement une forme d’obligation morale pour le Grand-Duché, pour au moins deux raisons :
• Le Corps médical grand-ducal est pour une partie significative constitué de frontaliers français.
• Dans le jeu de la balance des paiements de sécurité sociale entre le Luxembourg et ses pays frontaliers, le Luxembourg conserve chaque année un reliquat confortable dans ses caisses : 183 millions d’euros en 2018. En clair : ces 183 millions d’euros représentent la différence entre les cotisations perçues des travailleurs frontaliers au bénéfice du Luxembourg, et les remboursements effectués directement auprès des caisses de sécurité sociale des pays voisins. Parmi ces pays voisins, les frontaliers français représentent plus de la moitié du total des frontaliers.
Hubert Gamelon
