Le Fola Esch retrouve le Dinamo Zagreb, ce soir, deux ans après au même stade de la compétition. Et son adversaire a tellement envie de retrouver la phase avoir été éliminé par les Croates de poules qu’il va devoir s’accrocher.
Même s’il estime un coup vaguement jouable, le Fola n’a pas le droit de regarder le tirage du 3e tour, vendredi, comme autre chose qu’une sympathique invitation à ne pas tout gâcher dès le match aller, histoire de rêver un peu. C’est exactement le plan de Jeff Strasser.
Jeff Strasser est à la fois trop pragmatique et passionné pour laisser écrire n’importe quoi à propos de ce deuxième choc contre le Dinamo Zagreb en deux ans seulement, que personne au pays ne voit comme autre chose qu’une aimable récompense pour le champion en titre, et rien d’autre. Genre 300 000 euros et une jolie double confrontation et on n’en parle plus.
Parce que c’est un compétiteur hors norme, le coach eschois refuse absolument que l’on puisse dire que tout est joué d’avance et parce qu’il veut faire progresser son Fola, il ne se prive pas, paradoxalement, de signaler que son club ne doit pas oublier, si possible, de ramener au moins un petit résultat, histoire de continuer à faire progresser son ranking. Parce qu’après Zagreb, que cela passe ou plus sûrement, que ça casse, le Fola aura d’autres campagnes à mener et qu’il y a bien un moment ou ce coquin de tirage au sort lui sera plus favorable, surtout s’il arrive un jour à être tête de série.
10 000 au moins, mais sûrement plus
Le message, toutefois, est passé auprès de ses gars. Et son capitaine, Ronny Souto, ne la joue pas petit bras : «On a conscience des différences qu’il existe entre eux et nous et nous avons travaillé à les réduire. Il y a moyen de faire mieux qu’il y a deux ans et on veut les mettre en difficulté pour aborder le match retour en position de se dire que c’est peut-être jouable.» Strasser a enfoncé le clou : «Pour moi, le but est clair : obtenir un résultat qui ne scelle pas la perspective de qualification avant le retour.»
Personne ne cracherait sur cette perspective plaisante d’avoir encore quelque chose à jouer au Barthel dans une semaine. D’autant plus que vendredi, l’UEFA livrera déjà le nom du futur adversaire du vainqueur de cette double confrontation et que le même résultat qu’en 2013 (une courte défaite 1-0), par exemple, suffirait à faire rêver tout le pays au moins jusqu’au 23 juillet.
Une prévision bien trop optimiste? Il y a déjà à prendre en compte cette circonstance particulière d’un climat à gérer. Le retour des supporters du Dinamo au stade Maksimir, après plusieurs mois à bouder la politique sportive du club, pourrait faire du bruit. Hier, les prévisions d’affluence étaient tellement fantaisistes qu’on conservera la fourchette basse, donnée par le patron de la police locale : 10 000 personnes au bas mot.
Et ici, un spectateur fait du bruit comme deux. Il y a aussi, plus sportivement, cette somme de «détails» à gérer et dont parle Souto, sans les lister, qui font toute la différence entre un club amateur et un club professionnel. Il y a deux ans, à l’aller, le Fola avait flanché et pris cinq buts en vingt minutes après l’heure de jeu et après qu’on se soit longtemps dit que ça pouvait passer. «Des détails» donc, pour Souto, mais ses coéquipiers «ont grandi». «On a beaucoup analysé ces trente minutes», sourit Jeff Strasser qui a «chaque année plus de certitudes». Et la certitude du jour, c’est que le Fola «n’a pas peur».
De notre envoyé spécial à Zagreb, Julien Mollereau