Après deux mois de confinement et quatre mois sans football, le Fola a opté pour une approche scientifique de la reprise. Cinq joueurs ont été pointés du doigt par… la machine Biodex.
Le coronavirus a esquinté les corps. Plus de sauts, plus de passes, plus de frappes… durant le confinement, les footballeurs se sont transformés en «simples» joggeurs. Et la hantise habituelle de la blessure s’est transformée en quasi-certitude : il y aura de la casse en cette période de reprise. Le Fola, lui, a anticipé en envoyant ses joueurs s’asseoir… sur un fauteuil.
Forcément, avec un nouvel entraîneur kinésithérapeute, le fauteuil est un peu spécial. Biodex, c’est son nom. Allure d’outil de torture, mais bienfaits bien réels. «Le but, explique Sébastien Grandjean, c’est de constater de façon scientifique s’il y a des différences de musculature au niveau des quadriceps et des ischios, puis de comparer les deux jambes. Pour bien frapper au but par exemple, il faut que le quadriceps soit un tiers plus fort que l’ischio. C’est important, parce que sinon cela crée un déséquilibre dans la jambe qui, à la longue, peut créer des déchirures, claquages, etc. Et s’il y a une trop grande disparité entre les deux jambes, alors le problème peut se répercuter sur le bassin. Et là, c’est pubalgie, lombalgie…»
Autour des joueurs, sanglés sur la bête il y a précisément deux semaines, ont alors valsé les données en newton mètres. À base de flexions-extensions du genou, à raison de cinq répétitions sur trois vitesses différentes dans un laps de temps de vingt minutes, ils ont été cinq dans l’effectif à se voir dire qu’il y a un petit problème. «On a fait ce test parce qu’après cette longue période d’inactivité, on était sûr et certain qu’ils avaient perdu du muscle, synthétise Grandjean. On savait qu’il y avait de la perte dans l’explosivité, mais chez ces cinq-là, c’est carrément un déséquilibre sur lequel il va falloir travailler. C’est cinq joueurs de trop, mais sur un effectif de vingt-cinq, ce n’est pas énorme non plus. Je suis satisfait.»
Cinquième test Covid, mais pour les amicaux…
Ce un cinquième de «déséquilibrés» du groupe va donc remonter sur la machine, qui ne fait pas que détecter, mais soigne aussi (elle est préconisée pour à peu près tous les sports collectifs mais aussi le commun des mortels désireux de partir au ski sans y laisser un genou ou les gens en rééducation après une opération). Pour eux, il y aura du rab d’entraînement : deux fois trente minutes par semaine, sur un mois, avant un nouveau test. Ça ne préviendra pas les blessures nées de la fatigue, mais au moins le récent non-champion eschois se sera-t-il assuré d’avoir fait tout ce qu’il pouvait en termes de prévention. L’exercice devrait d’ailleurs être réédité à raison, désormais, de deux fois par an.
À un mois du tirage au sort de son premier tour de Ligue des champions et à quarante jours de son premier match officiel, le club doyen a passé hier son cinquième test Covid et n’est toujours pas sûr de pouvoir lancer sa période de matches amicaux, demain, contre l’US Esch. Non seulement il attend toujours le feu vert du gouvernement, comme l’ensemble des clubs, mais il souhaiterait aussi s’assurer que son adversaire puisse faire tester ses joueurs avant de les mettre sur un terrain, en face de lui.
Mais le virus est bien la dernière chose qui fasse peur au Fola. Son préparateur physique est en effet lui aussi revenu de confinement avec une nouveauté : le test Buchheit, du nom d’un ancien préparateur physique du Paris Saint-Germain, passé à l’académie Aspire, au Qatar. Billy Bernard, Veldin Muharemovic ou Stefano Bensi savent donc déjà où ils en sont de leur capacité à répéter les efforts à haute intensité et comment l’améliorer. Tout ça ne leur fera pas passer un tour en Ligue des champions, mais cela pourrait y contribuer…
Julien Mollereau
Parti dans sa famille, installée à la Réunion, au large des côtes africaines, le latéral droit du Fola Sylvio Ouassiero s’était retrouvé coincé sur place au moment de la reprise du trafic aérien et de la forte demande de billets : les prix s’étaient envolés et il ne trouvait pas de place lui permettant de revenir en métropole. Le défenseur est finalement arrivé mardi et se retrouvait avant-hier pour la première fois à l’entraînement.