Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a reconnu mardi soir que l’accord avec les créanciers pour un troisième plan d’aide financière était un texte auquel « il ne croit pas », mais qu’il « a signé pour éviter le désastre au pays ».
« J’assume mes responsabilités pour toute erreur que j’ai pu commettre, j’assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas mais je le signe pour éviter tout désastre au pays », a déclaré M. Tsipras lors d’une interview à la télévision publique grecque Ert.
« Quand un bateau est en difficulté, le pire pour le capitaine est de l’abandonner », a-t-il martelé en excluant des élections anticipées car « il n’a pas l’intention d’échapper à ses responsabilités ». Alexis Tsipras s’exprimait à la veille du vote crucial au Parlement sur cet accord annoncé lundi à Bruxelles et qui est très mal accueilli par une partie de son parti de gauche radicale Syriza.
Il a déclaré par ailleurs « vouloir faire tout ce qu’il peut pour garantir l’unité du parti ». « Ce n’est pas le moment pour des discussions idéologiques » mais de s’assurer de l’accord avec la zone euro.
Il a loué son partenaire de la coalition gouvernementale, Panos Kammenos, dirigeant du petit parti souverainiste Grecs Indépendants, qui l’a toujours soutenu malgré leurs différences idéologiques. « Je suis sûr que certains se seraient réjouis si ce gouvernement était une parenthèse (politique) », a déclaré M. Tsipras. « C’est une grande responsabilité de ne pas plier », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a, par ailleurs, laissé entendre que les banques, fermées depuis le 29 juin, allaient le rester encore un bon moment : « L’ouverture des banques dépend de l’accord final qui n’aura pas lieu avant un mois », a-t-il dit, pour ne pas que les Grecs risquent d’aller chercher tout leur argent. Mais il a espéré que la BCE augmente l’ELA (l’aide d’urgence aux banques, ndlr) donc « il y aura la possibilité de retirer plus ».
Il a estimé que la nuit de l’accord, celle de dimanche à lundi, « a été une mauvaise nuit pour l’Europe », marquée par « une pression sur un peuple qui s’était exprimé lors du référendum ». « La position des Européens était dure et vindicative », a-t-il dit.
Il s’est néanmoins réjoui du plan estimé à un montant entre 82 et 86 milliards d’euros de prêts sur trois ans que la Grèce peut obtenir si elle remplit les conditions imposées, et de l’engagement des créanciers de commencer à discuter de la dette grecque cette année.
« C’est une combinaison qui doit faire éviter le Grexit (la sortie de la Grèce de l’euro, ndlr) et renforcer les investissement en Grèce », a-t-il espéré.
Le Premier ministre s’en est pris aux cercles conservateurs en Europe et au ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble en faveur « d’un plan B » pour la Grèce, c’est-à-dire la sortie du pays de l’euro.
« En aucun cas je n’aurais accepté ce plan » élaboré depuis mars, a dit Alexis Tsipras en révélant qu’il avait demandé « une étude sur les conséquences d’un +Grexit+ » mais quand il l’a lu, il a jugé qu’il ne constituait pas « une solution alternative » pour la Grèce.
Il a estimé que le risque du Grexit existait toujours tant que l’accord avec la zone euro n’a pas été finalisé. Interrogé sur la démission de l’ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis, M. Tsipras l’a qualifié de « très bon économiste » mais pas forcement « un bon homme politique ».
AFP