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La fin du virus du sida envisagée pour 2030


Des Algériennes font le test du sida, le 11 juin 2015 à Alger. (Photo : AFP)

De passage à Addis Abeba, Ban Ki-moon s’est félicité des progrès en termes de lutte contre le sida dans le monde et envisage même la fin du virus d’ici 2030.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a estimé, hier, que la planète était bien partie pour une «génération sans sida», après l’annonce par les Nations unies d’une chute de 35% des infections par le virus VIH sur 15ans.

Il faudra encore débourser 32 milliards de dollars (29 milliards d’euros) par an d’ici 2020 pour espérer en finir avec le sida vers 2030, mais les nouvelles infections par le VIH ont chuté de plus d’un tiers depuis 2000, selon un rapport de l’Onusida publié à Genève et présenté hier par Ban Ki-moon dans la capitale éthiopienne.

En 2000, les Nations unies avaient fixé huit grands objectifs du Millénaire pour 2015, dont combattre le VIH/sida. Ce dernier objectif a été atteint grâce aux milliards de dollars investis, dont près de la moitié par les États-Unis. Entre 2000 et 2014, les nouvelles infections ont reculé de 35,5 %, à 2 millions. Encore mieux, elles se sont effondrées de 58 % parmi les enfants. Les décès liés au sida ont, quant à eux, chuté de 41 % (à 1,2 million) depuis le pic de 2004.

«Le monde a réussi. Nous avons réussi et dépassé les objectifs concernant le sida. Nous allons vers une génération sans sida», a lancé Ban Ki-moon, depuis Addis Abeba, où il participe à une conférence internationale sur le financement du développement.

À titre d’exemple, l’hôpital Zewditu d’Addis Abeba est parvenu à réduire de presque 100 % le nombre de nouveaux-nés infectés, avec seulement un cas en 2014, s’est félicité Ban Ki-moon. Le secrétaire général a également salué les performances de la Namibie, où 95 % des femmes enceintes ont désormais accès aux traitements HIV. «Nous avons brisé la trajectoire de l’épidémie. Nous voyons une baisse du nombre d’infections dans 83 pays», s’est félicité Michel Sidibé, directeur d’Onusida depuis Addis Abeba.

Si le nombre de personnes vivant avec le VIH/sida continue d’augmenter, 36,9 millions l’an dernier, soit 700 000 de plus que l’année précédente, c’est qu’il est désormais possible de vieillir avec le sida, grâce aux thérapies antirétrovirales, toujours plus efficaces et faciles d’accès.

Quelque 15 millions de personnes sont sous traitements antirétroviraux (TARV) en 2015, contre seulement 1 million en 2001.

«Mettre fin à l’épidémie de sida, d’ici 2030 est ambitieux, mais réaliste», a encore estimé Ban Ki-moon. «Mais nous devons d’urgence mener des efforts à plus grande échelle ces cinq prochaines années», prévient l’ONU, demandant que près de 32 milliards de dollars soient investis chaque année d’ici 2020, contre 21,7 milliards cette année. «L’épidémie n’est pas enrayée car nous avons 19 millions de personnes qui ne connaissent pas leur statut et 20 millions de personnes qui attendent leur traitement», a, lui aussi, nuancé Michel Sidibé.

Pour parvenir à éliminer l’épidémie, l’ONU s’est fixé des objectifs intermédiaires pour 2020 en utilisant une formule «90-90-90» : 90 % des personnes infectées par le VIH doivent le savoir (contre environ la moitié actuellement); 90 % des personnes connaissant leur statut doivent suivre un traitement; 90 % de celles qui sont traitées doivent voir leur charge virale supprimée (devenue indétectable).

Un vaccin dans la prochaine décennie

Grâce aux fonds, l’ONU espère surtout faciliter l’accès aux traitements dans le monde. Elle appelle ainsi à une baisse des prix des matières premières utilisées dans la fabrication des antirétroviraux, et déplore que seules deux entreprises se partagent 71 % de ce marché. Le marché des outils de diagnostic est, lui aussi, dominé à 90 % par deux sociétés, alors que la demande augmente.

Le traitement est un outil essentiel pour mettre fin à l’épidémie du sida mais il n’est pas le seul, soulignent les experts. Ceux-ci appellent à intensifier les efforts de prévention, par la distribution de préservatifs, l’élimination de la transmission mère-enfant (seul Cuba y est parvenu jusqu’à présent), la multiplication des services de réduction des risques pour les personnes qui s’injectent des drogues ou encore la lutte contre la violence faite aux femmes.

Le rapport regrette aussi qu’en 2014, 76 pays criminalisent toujours les relations entre personnes de même sexe et que 116 autres criminalisent les travailleurs du sexe. L’ONU compte sur l’arrivée d’un vaccin durant la prochaine décennie, a expliqué Michel Sidibé.

L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée, représentant 70 % des cas. Trois pays ont représenté plus de la moitié des nouvelles infections dans la région en 2014 : le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Ouganda. Mais la région Asie/Pacifique, bien que moins affectée avec seulement 5 millions de personnes vivant avec le virus l’an dernier, préoccupe l’ONU en raison d’une recrudescence des cas. Les nouvelles infections y ont progressé de 3 % entre 2010 et 2014.

La Chine, l’Inde et l’Indonésie ont représenté 78 % des nouvelles infections dans la région l’an dernier.

AFP

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