Les parcs font office de lieux de détente et de rencontre au sein des villes. Pourtant, certains citadins, trop détendus, les souillent et n’éprouvent aucune reconnaissance à leur égard.
Ce printemps, les parcs de la Ville de Luxembourg ont plus que jamais été des lieux de rencontre. Confinés chez eux, les citadins y ont trouvé des endroits où respirer et où se dégourdir les jambes poussés par une météo des plus clémentes. De phase de déconfinement en phase de déconfinement, leur popularité n’a fait qu’augmenter au point de donner lieu à des dérives. Les citadins, privés de bars et de discothèques, ont transformé les parcs et espaces verts en endroits où faire la fête et décompresser après des semaines d’enfermement. Certains ont même oublié les bonnes résolutions en matière d’écologie qu’ils avaient prises l’année passée et laissé traîner les restes de leurs fêtes, ainsi que des masques à la Kinnekswiss et autour de la forteresse des Trois-Glands. Des photographies prises par différents promeneurs en ont témoigné au début du mois dernier et provoqué l’indignation et la peur d’une seconde vague.
Cependant selon Sonja Fandel, cheffe du service des parcs de la Ville de Luxembourg : «Après le confinement, le service n’a pas eu beaucoup plus de travail que d’ordinaire. Confinement ou pas, les gens ne suivent pas toujours les règles et ne font pas toujours preuve de civisme. Les week-ends de beau temps ou la veille de vacances scolaires, nos équipes trouvent les parcs dans des états très délabrés au petit matin.» À la Kinnekswiss, principalement, lieu de rassemblement de prédilection des jeunes dans la capitale depuis des lustres. «Les gens laissent souvent leurs déchets sur place après s’être installés pour pique-niquer ou passer la soirée. C’est de pire en pire au fil des ans, poursuit Sonja Fandel. Je viens de recevoir des photographies qui montrent des sacs de supermarché réutilisables remplis de bouteilles et d’emballages posés à côté des bancs dans un parc. Les gens ne prennent plus la peine de jeter les déchets dans les poubelles. La discipline n’a jamais été très grande, mais elle l’est de moins en moins. Le confinement a rajouté un coup parce que tout le monde s’est retrouvé concentré aux mêmes endroits.»
«Il y a une vie dans les parcs»
Heureusement, ces négligences n’ont pas d’impact sur la faune et la flore des parcs. «Les animaux donnent du travail supplémentaire au service d’hygiène en éparpillant les déchets et en éventrant les sacs pour trouver de la nourriture», indique la cheffe de service. Plus inquiétant, une pratique dangereuse a toujours cours dans le parc. «Certains individus enfouissent des tessons de bouteille ou des capsules de bière dans les pelouses pour blesser les gens. Cette pratique s’était calmée, mais il semblerait qu’elle gagne à nouveau du terrain», note Sonja Fandel qui déplore également un nombre important de mégots de cigarettes jetés dans les espaces verts.
Le service d’hygiène de la Ville de Luxembourg qui est chargé du nettoyage des parcs et espaces verts a lancé une campagne de sensibilisation à l’intention des personnes irrespectueuses. «Ce n’est pas agréable de se rendre dans un parc dans ces conditions. Les équipes qui y travaillent pendant la journée sensibilisent les gens ou leur demandent de jeter leurs déchets dans les poubelles. Certains obtempèrent, d’autres deviennent insultants et vulgaires», raconte la responsable.
Les parcs sont des lieux de vie importants au sein des villes, du point de vue tant écologique que social. Ils sont des lieux de rencontre et d’échange, mais ils servent également de point de chute pour une population plus défavorisée. «Il y a une vie dans les parcs, la nuit», indique Sonja Fandel. Certains marginaux y dorment sur les bancs, mais personne n’y vit réellement. «Dès que nous trouvons quelque chose qui ressemble à un campement ou à une baraque aménagée, nous le démantelons. Il y a quelques années, dans le parc Pescatore, nous avons trouvé des gens qui s’étaient installés dans la sculpture en forme de boule, puis plus tard près de la fontaine. Dans ces cas-là, nous devons faire intervenir la police», témoigne la cheffe de service. Inutile de tenter de fermer les parcs, la nuit, comme c’est le cas pour les parcs de Merl et Tony-Neuman au Limpertsberg, «les personnes qui veulent entrer escaladent la clôture.»
Sophie Kieffer
Le service des parcs et son fonctionnement
La Ville de Luxembourg dispose de six parcs répartis sur près de 200 hectares, sans compter le futur parc de Gasperich.
– La majorité des espaces verts de Luxembourg appartiennent à l’État. C’est le cas d’une partie de la vallée de la Pétrusse. L’État se charge de l’entretien de ces espaces. Une fois le projet de renaturation de la Pétrusse, il faudra décider de la manière la plus cohérente d’entretenir cette surface. Au Kirchberg aussi, pas mal d’espaces verts appartiennent au fonds du Kirchberg. Le Klosegrëndchen notamment. Certains arbres appartiennent également à l’État. Il s’agit de ceux bordant les routes nationales.
– Deux cents personnes y travaillent. La majorité d’entre elles sont chargées de l’entretien des espaces verts, les autres sont du personnel administratif ou technique. Les personnes en charge de l’entretien sont réparties en équipe. Un quartier leur est assigné. Chaque équipe est composée de cinq personnes : un chef d’équipe qui est un jardinier qualifié, deux jardiniers et des ouvriers non qualifiés. Ils s’occupent de la moindre petite parcelle de verdure sur le territoire de la commune, des ronds-points aux bacs de fleurs en passant par les parcs et jardins publics.
– Le service dispose également de paysagistes qui interviennent dans la planification de nouveaux espaces verts, d’aires de jeux ou de parcs comme le nouveau parc de Gasperich.
– En été, les équipes commencent à travailler à 6 h. Cela leur permet d’effectuer les tâches qu’ils ont à faire sans déranger les utilisateurs des lieux par du bruit ou par leur présence. À l’aide d’un outil informatique, le chef d’équipe détermine les tâches à réaliser chaque semaine. Les travaux à réaliser changent en fonction des saisons.
– Quand il s’agit d’abattre des arbres ou de les tailler, le service fait appel à une équipe spécialisée. Elle dispose d’une plateforme élévatrice qui lui permet d’atteindre les branches en hauteur.
– La Ville dispose d’un cadastre de ses arbres. Ils sont contrôlés plus ou moins régulièrement en fonction de leur âge. Les plus anciens ont besoin de plus d’attention. En cas de doute sur leur santé ou de casse, le service fait appel à un bureau externe pour conseiller sur la marche à suivre.
– Les plantes sont achetées sur le marché européen et luxembourgeois par soumissions et appels d’offres. Les fleurs grandissent dans des serres au Reckenthal avant de venir fleurir les parterres des parcs et jardins. Les arbres sont issus de pépinières.