Michel Erpelding a profité du confinement pour modifier sa manière de se nourrir et de s’entraîner. Résultat ? Des tests médicaux impressionnants. Et une envie d’en découdre encore plus forte qu’avant.
C’est l’histoire d’un boxeur luxembourgeois pour qui la pandémie est finalement bien tombée.
En effet, le monde du sport s’est arrêté de tourner alors que Michel Erpelding venait de se rendre à Londres pour le tournoi de qualification olympique européen. Dans un sale état : «Lors du dernier entraînement avant de prendre l’avion, sur l’ultime sprint, je fais une glissade et mon genou s’encastre dans une barrière. Une fois à Londres, je passe des rayons X au terme desquels on m’indique que je ne serais pas en mesure de combattre le samedi», confie le boxeur de 25 ans.
Le tournoi débute donc sans lui… pour rapidement s’arrêter : «Et même s’il reprend l’an prochain, vu qu’on a déjà passé un tour dans ma catégorie, il se dit qu’on reprendrait les qualifications au même stade», poursuit-il.
À Londres, il n’avait pas pu défendre ses chances. Et il y avait fort à parier que quelques semaines plus tard, à Paris, pour le tournoi de qualification olympique mondial, il ne se serait pas présenté à 100 % à ce qui aurait été sa toute dernière chance de voir Tokyo à l’été.
Seulement le coronavirus est passé par là. Et pour le boxeur luxembourgeois, basé à Belfast, c’est à la maison, au Luxembourg, que ça s’est passé.
Le genou, seule chose qu’il ménage
Au début, il a surtout travaillé le haut du corps, histoire de ménager son genou. Mais c’est bien la seule chose qu’il allait ménager.
Et quand on lui parle de la difficulté de trouver de la motivation alors qu’on n’a pas de rendez-vous fixé à son calendrier dans les prochaines semaines, Michel Erpelding balaie l’argument d’un revers de la main : «Personnellement, j’ai du mal à comprendre ceux qui pensent ainsi. J’aime m’entraîner. Pour moi, chaque jour est une possibilité de travailler pour m’améliorer. C’est avec cet état d’esprit que j’ai abordé cette période de confinement. Avec l’idée d’en ressortir encore meilleur qu’avant.»
Pour y parvenir, il n’a pas lésiné sur les moyens. Il faut dire qu’il est déjà bien équipé à la maison pour travailler : «J’ai deux sacs, dont un aquabag de 85 kg qu’on peut remplir avec de l’eau. J’ai aussi un pneu de tracteur et un marteau.»
Bref, tout ce dont il a besoin pour permettre à son corps de se renforcer. De gagner en puissance. Et en vitesse.
Depuis le début du mois de mai, il peut également bénéficier des infrastructures de la Coque et notamment de la salle de musculation, bien mieux équipée que sa maison : «Il y a notamment tout ce qu’il faut pour faire des squats. À la maison, j’ai seulement une barre avec environ 70 kg de poids. Ce n’est pas suffisant», indique celui qui tire dans la catégorie des lourds (jusqu’à 91 kg).
Avoir tout à disposition n’était pas suffisant pour le boxeur grand-ducal. Qui a décidé de profiter de cette période particulière pour changer carrément de mode de fonctionnement.
Sur plusieurs plans : «Auparavant, à Belfast, j’avais généralement deux à trois séances. J’ai eu l’idée de tout regrouper en une fois. Par exemple, je peux commencer par 20 minutes de shadow boxing, avant d’enchaîner avec 10 à 15 rounds de sac puis encore d’autres rounds avec le petit sac. Ensuite, je fais de la musculation, du marteau et je termine en allant courir. Cela me prend entre trois et quatre heures et j’ai fini pour la journée.»
Il s’astreint à ce rythme pratiquement toute la semaine. Sauf quand il doit se rendre à la Coque, où il n’y a pas de salle de boxe. Dans ce cas, il fait deux séances dans la journée.
Mais ce rythme d’entraînement n’est pas le seul rythme qui a changé : depuis son retour, il mange à intervalles réguliers. «Avant, je faisais ça une ou deux semaines quand je rentrais à la maison. Mais maintenant, je saute le repas du matin et je mets entre 16 et 18 h entre le repas du soir et celui de midi. Ma mère me prépare à manger à midi et le soir, je prends généralement du porridge avec un shaker de protéines», détaille le sportif d’élite de l’armée luxembourgeoise.
Pour qui la nutrition est un vrai sujet : «Je fais toujours très attention à ce que je mange. Lors des derniers tests, j’avais une masse graisseuse de 11 %, j’aimerais bien descendre sous les 10 %.»
Prêt à combattre en deux semaines
Comment se sort-il d’un tel régime ? Visiblement très bien : «La semaine dernière, j’ai passé les tests médicaux du COSL et il se trouve qu’ils étaient meilleurs que l’an passé. On m’a demandé si je faisais beaucoup d’intervalles, alors que je n’en ai pas fait du tout.»
Tout cela lui a donc servi alors qu’il a enfin pu boxer contre un adversaire. C’était cette semaine : «La législation permet désormais de le faire. Je connais un Français qui frappe fort, un lourd comme moi. C’est le meilleur sparring que je peux avoir. On a fait cinq rounds avec quelques pauses car il en avait besoin. Mais moi j’étais en grande forme. Content de remettre les gants. Ça m’avait manqué !»
S’il ne sait pas quand il aura l’occasion de remonter sur un ring et de combattre pour de bon, même si on parle d’une Coupe du monde très relevée «avec notamment des Cubains» à Cologne à la fin de l’été, voire au début de l’automne, l’ancienne petite frappe devenue boxeur se dit prête à toute éventualité : «Si je peux faire des séances de sparring trois fois par semaine, je pense que dans deux semaines, je serai prêt pour faire un combat.» Vous avez dit motivé…
Romain Haas