Miralem Pjanic est officiellement Blaugrana depuis lundi. Mais depuis, les réseaux sociaux grincent des dents : à 30 ans, il est trop vieux selon plusieurs supporters, qui fustigent les dirigeants.
Les blagues pleuvent. Pas méchantes mais au moins, elles ne laissent pas place au doute : à Barcelone, que vient de quitter le Brésilien Arthur Melo en échange du Bosno-Luxembourgeois Miralem Pjanic plus quelques millions, on a des doutes. Pas forcément à cause du Schifflangeois mais plutôt à cause de la politique sportive menée par le club, qui «sacrifie» un garçon de 23 ans pour installer dans son entrejeu un «Mire» de 30 ans, au beau milieu d’une équipe qui pullule déjà de titulaires trentenaires : Messi, Busquets, Rakitic, Vidal, Suarez, Piqué, Jordi Alba…
La blague la plus reprise, depuis 48 heures, sur les réseaux sociaux catalans? «La seule chose que le Barça va fêter ces prochaines saisons, c’est l’anniversaire des joueurs.» On touche au cœur du problème et quasiment la seule raison pour laquelle une majorité de socios du Barça s’interrogent devant cette opération. Qui a au moins une vertu : elle libère encore un peu plus la parole pour demander le départ des dirigeants. «Bartomeu doit partir!», assène ainsi Jacinta, paraphrasant une large partie de l’opinion qui n’oublie pas non plus le directeur sportif, le Français Éric Abidal.
«On a échangé une BMW pour une KIA»
Miralem Pjanic a donc servi à la fois de catalyseur et de bouc émissaire, ces dernières heures. «Génial, un autre grand-père qui vient prendre sa retraite chez nous», lâche ainsi Antonio sur le compte Facebook du club. «Ils ont transformé une dream team en équipe de petits vieux», enchaîne Bes, peu avant la saillie mordante d’un supporter français, Mickaël : «Kaka est annoncé, van Nistelrooy sur les tablettes, le Barca est également en négociation pour faire venir une star anglaise de renommée mondiale, en la personne de David Beckham.»
Mais pourquoi tant de haine? Lundi, le Barça avait pourtant pris soin de bien empaqueter son achat, vendant ce pur produit de la formation messine, également passé par le CFN de Mondercange comme un «milieu total», capable de «jouer toutes les positions de l’entrejeu» et en louant ses «qualités techniques et sa vision du jeu». D’accord, répond sur ce point Siamanta, «mais qu’a Pjanic que Rakitic n’a pas?» Car tout le monde n’est pas focalisé que sur l’âge du désormais ex-joueur de la Juventus, avec qui il doit encore aller décrocher le titre en Serie A et tenter de remonter un but à Lyon en 8e de finale retour de la Ligue des champions, avant de faire ses valises. «Génial, maintenant, on a trois joueurs pour un seul poste de milieu défensif», assène Arnab. Roberto s’attaque lui aux inclinaisons supposées de «Mire» datant de ses tendres années : «Pjanic est madridiste de cœur. Arthur, lui, il a toujours été blaugrana». Mais c’est Horacio qui met le seul tacle à la gorge de la journée : «On a échangé une BMW pour une KIA et on a juste reçu un bon de 100 euros chez Amazon en prime.»
«Il intègre un club de pleureuses»
Pourtant et heureusement, les KIA ont aussi leurs supporters du côté du Camp Nou. Et s’il s’est plongé sur les réseaux, Miralem a bien dû se rendre compte que derrière les doutes relatifs à la politique sportive du club catalan, ses qualités propres étaient finalement rarement remises en cause. Plutôt louées même. Jorge relève ainsi que «Pjanic a été directement impliqué dans 111 buts (45 buts et 66 passes) en 275 matches de Serie A avec la Juve et la Roma, avec une moyenne de 2,5 chances créées par match». Mickaël, passé les effets de manche qui l’ont fait dans un premier douter du bien-fondé de l’opération, rajoute que son «talent n’est plus à démontrer» et qu’«Arthur gardait trop le ballon au pied. Pjanic va bien mieux former Riqui Puig». «Il a un talent exceptionnel», avance Sue pour contrebalancer cet accueil plutôt mitigé pour un homme qui pèse 427 matches domestiques en France et Italie (championnat et Coupe compris), 75 matches de Ligue des champions et 91 sélections, pour un total de
86 buts.
Trop tard, Seid, qui est suffisamment agacé pour qu’on ait l’envie de se dire qu’il est bosnien, envoie paître tout le monde : «Vous êtes ingrats. Vous êtes déjà en train de pourrir un joueur sans lui avoir laissé une chance. C’est un meneur né mais malheureusement pour lui, il intègre un club de pleureuses.» Miralem Pjanic, malgré une carrière longue comme le bras et des stats qui feraient pâlir pas mal de cracks du Vieux Continent, même plus jeunes que lui, va devoir mettre tout le monde d’accord en Liga.
Julien Mollereau