Confronté à la crise, Boris Johnson en appelle à l’esprit du « New Deal »: le Premier ministre conservateur britannique a déclaré lundi vouloir s’inspirer du président américain Franklin D. Roosevelt pour relancer l’économie, durement touchée par la pandémie de nouveau coronavirus.
Le Royaume-Uni est le pays d’Europe le plus endeuillé par la pandémie avec plus de 43.000 morts mais aussi l’un de ceux dont l’activité a été le plus affectée, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyant une chute historique de plus de 10% du Produit intérieur brut cette année.
Alors que le déconfinement doit connaître une étape majeure le 4 juillet avec la réouverture des pubs, restaurants, hôtels et coiffeurs, Boris Johnson doit annoncer mardi, lors d’un discours, un programme d’investissement massif dans les infrastructures. Lors de sa campagne électorale à l’automne dernier, il s’était déjà engagé à injecter des millions dans les services publics, lui permettant de remporter des bastions travaillistes dans les régions défavoriser du Nord de l’Angleterre.
« Je pense que c’est le moment pour une approche +Rooseveltienne+ au Royaume-Uni », a déclaré M. Johnson sur Times Radio, en référence à l’auteur de la politique dite de la « Nouvelle donne » qui avait permis de relancer l’économie américaine par la demande et l’intervention de l’Etat après la Grande Dépression des années 1930.
« Ce que nous allons faire au cours des prochains mois, c’est doubler notre programme initial qui était centré sur les investissements, au profit des infrastructures, de l’éducation, de la technologie, pour rassembler le pays », a ajouté le dirigeant conservateur.
Ce programme comprend notamment un plan de reconstruction d’écoles doté d’un milliard de livres (1,1 milliard d’euros). Il débutera en 2020/21 et portera dans un premier temps sur 50 projets.
Le ministre des Finances présentera le budget à l’automne, a expliqué Boris Johnson, assurant qu’il n’y aura pas de retour à l’austérité comme celle que les Britanniques ont connue il y a dix ans, quand le conservateur David Cameron était au pouvoir.
La question du financement reste ouverte, les mesures de soutien de l’économie ayant déjà emmené la dette au-delà des 100% du PIB pour la première fois depuis 1963.
Sortir du « cauchemar »
Le chef du Parti travailliste, Keir Starmer, a plaidé pour un budget d’urgence dans la perspective d’une hausse du chômage quand les aides instaurées par le gouvernement cesseront.
« Il est stupéfiant qu’à la lumière de la crise économique qui est sur le point de s’abattre sur nous, nous n’ayons pas un budget de juillet qui place l’emploi au centre de la reprise économique », a déclaré M. Starmer à la BBC.
Sans aide supplémentaire de l’Etat, le taux de chômage pourrait atteindre des niveaux inédits depuis les années 1980, dépassant le pic de 3,3 millions enregistré en 1984, a rapporté dimanche The Observer, citant une analyse de la Bibliothèque de la Chambre des communes.
Boris Johnson a reconnu que la pandémie avait été un « véritable cauchemar » pour le pays. « Nous avons vu une forte baisse de notre PIB et tout le monde comprend que lorsque nous en sortirons, il y aura des moments difficiles, mais le Royaume-Uni est une économie incroyablement dynamique et résiliente et nous allons surmonter cela très très bien. »
Les appels à opérer une « relance verte » de l’économie se multiplient. L’organisation écologique Green alliance a pressé lundi le gouvernement de redoubler d’efforts pour atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici 2050, estimant qu’il manque 14,1 milliards de livres d’investissements pour atteindre ces objectifs.
Pour son plan de reconstruction d’écoles, le gouvernement assuré que des méthodes de construction écologiques seraient choisies, à la fois pour contribuer à atteindre cet objectif et pour créer des emplois hautement qualifiés.
La phase du déconfinement reste délicate cependant pour le gouvernement, déjà très critiqué pour avoir tardé à agir au début de la pandémie. Autour d’un millier de personnes sont testées positives chaque jour et certaines voix critiques ont dit craindre un retour à la normale dangereux.
Devant la multiplication de nouveaux cas de Covid-19 dans la ville de Leicester, dans le centre de l’Angleterre, les autorités ont dit envisager d’imposer pour la première fois des mesures locales de confinement, qui doivent être discutées lundi entre gouvernement et responsables locaux.
AFP