Une seule image a suffi pour comprendre que le pays a vécu, mardi, une fête nationale tout à fait exceptionnelle. Peu avant 11 h, la limousine du Grand-Duc arrive devant le monument national de la Solidarité. Le souverain arbore un masque chirurgical pour venir rendre hommage aux héros de la crise sanitaire sans oublier ceux ayant combattu il y a 75 ans afin de rendre sa liberté au Luxembourg après la Seconde Guerre mondiale.
La première vague évacuée, le Luxembourg s’apprête à lancer la gestion de l’après-crise. Lors des discours officiels au pied du «Kanounenhiwwel», un mot est revenu sans cesse : «solidarité». Il est incontestable qu’il s’agit d’une vertu faisant la force du Grand-Duché. Il a cependant fallu vivre la crise du coronavirus pour que cette solidarité se fasse véritablement ressentir. Ces dernières années, il s’agissait trop souvent d’une coquille un peu vidée de son essence.
Cette solidarité retrouvée devra rester de mise pour permettre au pays de ressortir renforcé de la crise. Le Grand-Duc Henri s’est dit hier confiant. «Nous sommes assez forts pour maîtriser les conséquences économiques et sociales de la pandémie», a souligné le souverain. Comme à son habitude, il est un peu sorti de sa réserve politique pour évoquer les «finances publiques saines (qui) peuvent amortir le choc du Covid et aider les branches économiques impactées». Le Grand-Duc a également fait l’éloge de «l’économie innovante et diversifiée» ainsi que de «la multitude de compétences dans les secteurs privé et public».
Il revient désormais au gouvernement, avec le concours de la Chambre, de confirmer la confiance que le souverain place en la capacité du pays à rebondir. Le souverain a loué l’absence de querelle pendant la phase aiguë de la crise. Ce mercredi, le bras de fer entre majorité et opposition est réengagé. Toute démocratie a besoin d’un débat vivant. Aux moments clés, la solidarité ne doit cependant pas être jetée par-dessus bord.
David Marques