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Ce n’est pas le moment

L’effroi s’est installé en cette soirée du 15 mars 2020 sur le Luxembourg. Le Premier ministre, Xavier Bettel, s’est présenté en début de soirée face aux caméras. Ce qui semblait encore impossible quelques semaines plus tôt, est devenu réalité : le Grand-Duché est placé en coma artificiel pour endiguer la propagation du coronavirus.
Du jour au lendemain, les écoles, les commerces non essentiels, les cafés et restaurants ont été obligés de fermer leurs portes. Avec le confinement, le télétravail a pris le dessus. Plus de bouchons aux heures de pointe, bureaux et rues désertés : une ambiance irréelle s’est mise en place. Le pays a vécu une véritable césure. A suivi la déclaration de l’état de crise, une mesure tout à fait exceptionnelle.
Aujourd’hui, l’horizon s’est largement éclairci. Depuis le 20 avril, le déconfinement est entamé. La réouverture des commerces ainsi que des cafés et restaurants courant mai ont ouvert la voie à un plus de normalité. L’école a repris, les barrières aux frontières ont disparu, des voyages au soleil peuvent être réservés, les bureaux commencent à nouveau à se remplir.
Donc, tout est bien qui finit bien? Il est bien trop tôt pour l’affirmer. Même si la Chambre va acter ce lundi la fin de l’état de crise, la menace du coronavirus reste réelle. Le nombre de nouvelles infections qui est au plus bas ne doit pas induire un sentiment de fausse sécurité. La vigilance reste de mise. Seul le respect des mesures sanitaires qui restent de vigueur au moins jusqu’à fin juillet (et très probablement loin au-delà) pourra éviter les scénarios d’une deuxième vague mortelle qui n’est pas exclue.
La modélisation la plus pessimiste des chercheurs évoque plus de 100 patients en soins intensifs dès septembre et 1 000 morts jusqu’en mars prochain. Ce n’est donc pas le moment de baisser la garde, malgré les nombreuses tentatives comme la célébration, certes en mode mineur, de la fête nationale.

David Marques