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Clubs de sport au Luxembourg : les clients sont hésitants…


Malgré le déconfinement, les clubs de fitness rament pour retrouver la clientèle d'avant (Photo d'illustration : AFP).

Le Covid-19 fait peur même aux costauds et aux sportifs en bonne santé. Au grand dam de Sofiane, gérant d’une salle de sport au Luxembourg, dont la clientèle est divisée par deux depuis sa réouverture.

Tandis que pendant le confinement, les uns prenaient tranquillement du poids dans leur canapé, d’autres découvraient les joies de l’activité physique en plein air après avoir dévalisé les rayons des magasins de sport. Les parcs étaient remplis d’adultes en armures en plastique serrant les fesses sur des inline skates et de colonies de cyclistes endimanchés. Sur le net, les tutoriels et les cours de cardio, de spinning ou autres Pilates ont éclos comme des champignons. Un moyen pour les coachs au chômage technique et pour les sportifs de ne pas perdre le rythme, mais aussi pour les salles de sport de garder le contact avec leurs clients.
Elles ont été autorisées à rouvrir le vendredi 29 mai. «Je me suis senti revivre», se souvient Fabrizzio, adepte de musculation. «Mes séances d’entraînement m’ont terriblement manqué. J’avais besoin de me défouler, alors j’ai fait des exercices chez moi, mais cela n’a rien à voir. Je n’ai pas les équipements et seul dans mon salon, il était difficile de reproduire l’ambiance d’une salle de sport.» C’est avec plaisir et enthousiasme qu’il est retourné soulever des poids après ses journées de travail. Sascha a, quant à elle, repris les sessions de spinning – du vélo en salle. «Cela m’a fait le plus grand bien», indique la jeune femme. «J’ai suivi des cours en ligne de chez moi sur mon vieux vélo d’appartement dont le changement de vitesses n’a jamais fonctionné et qui n’est pas suffisamment lesté pour permettre de pédaler en danseuse. J’ai transpiré en m’ennuyant, mais j’ai fait quelque chose pour ma santé.»

«Nous attendons le retour à la normale»

Fabrizzio et Sascha ont trépigné d’impatience et se sont précipités dans leur salle de sport. Ce n’est malheureusement pas encore le cas de tous les abonnés. «Nous n’avons pas encore revu tous nos membres», indique Sofiane, le gérant de Painworld, un centre de fitness installé à Gasperich depuis 2004 et totalisant près de deux mille adhérents. «Mais notre activité sur les réseaux sociaux pendant le confinement nous a permis de gagner quelques nouveaux membres. Nous attendons le retour à la normale.» Un état qui pourrait encore se faire attendre. «Certains membres ont peur de revenir à la salle de sport et d’y attraper le virus. D’autres ont des enfants à charge et sont moins libres», poursuit Sofiane. Sans compter les membres en télétravail.
Dans la salle, des jeunes femmes transpirent sur des tapis de course au son d’une musique aux rythmes assourdissants et des hommes cultivent leurs muscles en soulevant de la fonte. Ils ne portent pas de masque. «Les règles sont les mêmes qu’au restaurant. Le masque est obligatoire lors des déplacements dans la salle, mais sur les machines, vous pouvez l’enlever», précise immédiatement Sofiane. «Une machine de cardio sur deux est fermée pour permettre le respect des distances de sécurité. De même que les casiers. Nous avons mis du désinfectant et des rouleaux de papier près de chaque machine de musculation et nous demandons aux personnes de les désinfecter après utilisation.»
Il est midi, les clients défilent devant le distributeur de gel désinfectant à l’entrée. Ils s’interpellent, se font signe, se saluent. «L’ambiance est bonne, que ce soit du côté des clients ou du personnel», note Sofiane. «J’ai proposé aux membres du personnel qui avaient peur de revenir de rester chez eux, comme ça ils ne communiquent pas leur peur aux clients et ne dégradent pas l’ambiance.»

250 clients au lieu de 550

Le nombre de clients habituels peinant à revenir, l’offre de cours collectifs a été réduite de moitié «pour pouvoir travailler uniquement avec nos coachs salariés» et «rester compétitifs». Painworld propose près de 80 cours par semaine. «La plupart des cours que nous avons éliminés posaient problème en termes d’organisation», précise Sofiane. Dans les salles, des croix ont été tracées au sol pour indiquer aux participants où se placer et où rester pendant toute la durée du cours. «La salle de cours collectifs est verrouillée pour éviter que les gens n’y rentrent avant l’heure. Nous sommes soumis à une restriction de 19 élèves par cours collectif. Cela permet au professeur de ne laisser participer que les premiers arrivés.» L’offre des cours sera étendue en fonction de la demande. Pour le moment, elle est suffisante, note le gérant, qui espère que les affaires vont reprendre.

Avant la crise, 550 personnes par jour en moyenne venaient s’entraîner à Painworld. Actuellement, elles ne sont plus que 250 maximum. «Certains clients bloquent les prélèvements automatiques de leur abonnement parce qu’ils ne veulent pas revenir à la salle. Je ne veux pas me plaindre : la salle a pu rouvrir et on travaille correctement, même si ce n’est pas assez», indique le jeune homme. «J’espère un retour à la normale pour la rentrée de septembre. On a fait peur aux gens et ça a marché. Pour les commerçants, c’est difficile. Pour moi, cela l’est d’autant plus que j’ai repris la salle six mois avant le confinement et que j’y ai investi beaucoup d’argent. Je l’ai rénovée et j’ai installé de nouvelles machines. Heureusement, elle a une solide réputation avec un public fidèle, mais nous allons quand même devoir sortir les rames et les pagaies pour nous en sortir. Il va falloir être intelligents et trouver des compromis avec les propriétaires.»

Sofiane et son équipe préfèrent ne retenir que les aspects positifs de la réouverture de leur salle. La clientèle n’est pas la plus représentée dans les statistiques des malades ou des morts du Covid-19, cependant «nous devons veiller à ne pas propager le virus et à protéger nos proches, indique Sofiane. Mais la vie doit continuer. La pandémie ne finira pas de sitôt. Nous devons apprendre à vivre avec le virus.»

Sophie Kieffer