Bruxelles accuse la Russie et la Chine d’avoir mené des campagnes de désinformation lors de la pandémie de coronavirus pour tenter de « miner » les démocraties.
« Certains pays tiers, en particulier la Russie et la Chine, se sont engagés dans des (…) campagnes de désinformation sur le Covid-19 dans l’UE et mondialement, cherchant à miner le débat démocratique, à exacerber la polarisation de la société et à améliorer leur propre image », indique un document vu mardi par l’AFP.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et la vice-présidente de la Commission chargée des valeurs et de la transparence, Vera Jourova, doivent dévoiler mercredi une stratégie afin de lutter contre la désinformation liée à la pandémie. « Nous devons allouer plus de ressources à la lutte contre la désinformation », a soutenu M. Borrell mardi. « Si vous voulez faire quelque chose, il faut lui allouer des ressources », a-t-il lancé aux États membres, engagés dans une difficile négociation pour le budget européen.
Josep Borrell a aussi plaidé pour une approche moins naïve de l’UE dans sa relation avec Pékin. L’Espagnol s’est entretenu en vidéoconférence avec le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, pour préparer un sommet UE-Chine, ont indiqué ses services. Aucune date n’a toutefois été annoncée à l’issue de l’entretien. Ce sommet doit réunir les présidents des institutions européennes et le Premier ministre chinois, Li Keqiang. Il se fera en vidéoconférence et il est prévu d’ici la fin du mois de juin, si les dirigeants chinois donnent leur accord, a-t-on indiqué de source européenne.
Une Europe «trop naïve» avec la Chine
L’Union européenne a adopté en mars 2019 une stratégie vis-à-vis de la Chine, considérée à la fois comme un partenaire et un rival. « Il y a quelques semaines, dans un entretien avec la presse française, j’ai dit que l’Europe avait été trop naïve dans ses relations avec la Chine », a déclaré M. Borrell au cours d’un point de presse à l’issue de son entretien. « Je pense que nous devons construire des relations réalistes avec la Chine, afin de défendre nos valeurs et nos intérêts », a-t-il ajouté.
« L’UE a besoin de la Chine pour défendre ses priorités dans les enceintes internationales, notamment la lutte contre le réchauffement. Mais dans le même temps, elle doit défendre ses normes et ses règles, pour éviter que la Chine ne les redessine à sa façon », a expliqué un diplomate européen. « L’UE est beaucoup moins naïve aujourd’hui, mais elle a un problème de levier vis à vis de la Chine, car Pékin joue à diviser les États membres avec ses investissements », a-t-il souligné.
La relation s’est compliquée à cause de l’emprise croissante de la Chine sur Hong Kong et des campagnes de désinformation menées par Pékin depuis l’apparition du Covid-19 en Chine. La menace du virus est la raison officiellement invoquée pour le report d’un sommet entre les dirigeants des 27 et le président Xi Jinping prévu en septembre à Leipzig, en Allemagne.
Josep Borrell a assuré avoir renouvelé les préoccupations des Européens sur la situation à Hong Kong. Le Premier ministre chinois lui a donné des assurances, mais n’a fait aucune concession, et a réaffirmé que la nouvelle loi sur la sécurité nationale à Hong Kong était nécessaire.
LQ/AFP