La LFL, lundi soir, a maintenu mordicus sa volonté de voir supprimer cette fameuse saison à 15 clubs en 2021, mais a défendu aussi la bonne volonté de la FLF de trouver des solutions.
«C’est 24 heures de malentendus», analyse crûment Fabrizio Bei, président de Differdange. «Le fil, je l’ai perdu moi aussi», admet Mauro Mariani, celui du Fola. Deux des quatre hommes forts des clubs européens du pays, en disent finalement assez long sur le niveau de tension hallucinant, et sans doute pour rien, atteint par les relations entre la FLF et la LFL.
Lundi, Jean-Paul Duarte, président du Titus Pétange, n’a pas souhaité s’exprimer, lui dont le vice-président, Pascal Wagner, vient de démissionner de la Ligue de football luxembourgeois à cause de supposées pressions de la fédération afin d’abandonner les velléités de boycott des compétitions et afin de lui faire abandonner l’idée d’une saison à 15 clubs. «Je n’ai subi aucune pression», a calmé dès lundi matin Fabio Marochi, le patron du Progrès Niederkorn, qui semblait tomber des nues. «Effectivement, c’est absolument faux, on s’est encore parlé avec Paul Philipp, lundi (NDLR : dimanche) et tout était normal», confesse encore Fabrizio Bei.
On est d’autant plus perdu que le communiqué de la LFL indique justement que c’est à cause de ces «pressions» de la part du président de la FLF que la tête de la Ligue a déraillé, pour mieux protéger les intérêts des clubs incriminés.
Tous les ingrédients étaient-ils donc réunis pour que la Ligue, qui semblait enfin parler d’une seule et même voix, implose et que la FLF en ressorte grandie ? Eh bien pas encore. Si Fabrizio Bei assure «qu’on n’a jamais parlé de boycott» alors que c’est justement le sujet d’un référendum auquel une majeure partie des clubs de BGL Ligue ont répondu favorablement, ses pairs ne passent pas encore par ce genre de précaution pour calmer le jeu. «Une saison de DN à 15 clubs, pour nous non plus, ce n’est pas envisageable», dit clair et net Fabio Marochi pour recentrer le débat sur la cause plus que sur la conséquence.
«On ne va pas créer des problèmes là où il n’y en a pas»
Oui, Pascal Wagner a démissionné, oui la LFL s’est (momentanément) retrouvée sans président, mais là n’est pas la question pour les clubs. On a cru, un temps, que l’édifice pourrait se lézarder mais non. «On ne va pas créer des problèmes là où il n’y en a pas, ce n’est pas constructif, se désole Mauro Mariani en parlant de ces déboires au long cours avec la fédération. On est en plein entre les malentendus et la querelle d’ego», embraye le président du Fola.
Aujourd’hui, après avoir correctement mis la pression sur la fédération et malgré les discussions en interne qui semblent affaiblir très légèrement le message d’unité, la Ligue ne baisse pas encore la garde. Avant la réunion de lundi soir convoquée en urgence afin d’aborder frontalement les problèmes du moment, qui ont trait autant à l’objectif (faire faire marche arrière au conseil d’administration de la FLF) qu’à la façon d’y parvenir (maintenir la pression ou mettre de l’eau dans son vin), il était question d’un bras de fer assumé. Aujourd’hui, on est plutôt dans l’appel au bon sens.
«Je ne comprends plus toute cette histoire, se désole Fabrizio Bei. J’espère encore un arrangement.» «Je ne pense pas que notre unité se fissurera, pense aussi Mauro Mariani. Il nous faut travailler sur la communication entre la Ligue et la FLF, qui n’a pas forcément l’habitude d’avoir à faire à des clubs qui s’associent. C’est ça, le plus gros chantier.» Un tacle au minimum vaut toujours mieux que pas de tacle du tout, visiblement.
Toujours est-il que les clubs de DN, au-delà de cette question de la saison 2021/2022 sur laquelle ils ne plieront pas («On a assez d’arguments pour que la FLF finisse par se dire que ce n’est pas faux», jure Marochi. «Quinze clubs? Non, il faut une autre solution», confirme Bei), se réjouissent de l’envie de la fédération de rassembler toute la famille du football en septembre. Ils comptent bien en profiter pour aborder d’autres sujets qui leur tiennent à cœur. Telles les questions des «premières licences ou du nombre de joueurs susceptibles de s’asseoir sur le banc de touche», énumère Marochi. On se doute que la question de la période des transferts ne sera pas loin non plus. Non, le front ne se lézarde pas, même quand l’édifice semble tanguer. Il prend même une sacrée assurance.
Julien Mollereau