Les finances communales ont souffert elles aussi durant la crise du Covid-19. Il s’agit à présent de redresser la barre et de maintenir à flot les communes les plus en difficulté.
Les communes ont veillé à protéger les citoyens les plus vulnérables, pris en permanence de nouvelles mesures pour le bien de la collectivité et pourtant, elles semblent être les oubliées de la crise sanitaire. Ces actes vont de soi pour les citoyens.
On s’inquiète davantage du sort des indépendants, des commerces ou des entreprises. Or la crise sanitaire a eu un impact considérable sur les finances communales. Certaines communes seraient plus en difficulté que d’autres, cinq en particulier qui n’ont pas été nommées lundi, lors de la réunion du comité du Syvicol (Syndicat des villes et des communes luxembourgeoises). Ces communes ne parviendraient pas, à ce stade, à mettre en place le budget ordinaire.
Selon les chiffres du ministère des Finances, les communes perdraient pour 420 millions d’euros de ressources financières en 2020. En cause, une baisse de près d’un quart des revenus tirés de l’impôt communal commercial et de 17,4 % du fonds global de dotation communale. Un coup dur alors que les ressources financières étaient passées de 1,8 à 2,3 milliards d’euros entre 2017 et 2019. Pour 2020, ces ressources se situeraient donc à 1,9 milliard d’euros.
Un mur d’incertitudes
De quoi préoccuper les édiles, malgré la promesse de la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, que «les communes ne feraient pas faillite» et pourraient recourir à divers instruments pour rester à flot financièrement.
L’impact du Covid-19 sur les communes est donc réel, mais ne peut pas encore être mesuré de manière définitive. Les édiles se retrouvent face à un mur d’incertitudes et de mesures à prendre pour poursuivre le déconfinement. Comment faire pour redresser la situation financière des communes et combien de temps cela va-t-il prendre? Contracter des emprunts sert-il à quelque chose et les communes seront-elles en mesures de les rembourser? Faut-il ralentir les investissements et annuler des projets prévus pour la collectivité? Les questions auxquelles sont confrontés les édiles se bousculent et l’instabilité de la période actuelle rend impossibles des réponses fermes.
Sans compter que le «déficit de l’État aura un impact sur les communes», prévient Dan Biancalana, vice-président du Syvicol, qui rappelle que «les communes sont sensées soutenir une politique anticyclique et continuer leurs investissements». Les paramètres a considérer sont nombreux, ce qui rend une analyse définitive de la situation des finances communales prématurée, selon le député-maire de Dudelange. D’autant que les situations individuelles des communes sont différentes.
«Continuer d’investir est vite dit»
Annie Nickels-Theis, la bourgmestre de Bourscheid, juge la situation de sa bourgade préoccupante : «Comment fonctionner avec près de 1,6 million d’euros de recettes en moins alors que nous avons clôturé notre dernier exercice avec un boni de 4 000 euros? (…) Comment rembourser un prêt sans plus de recettes? Je sais que les communes doivent réaliser des projets pour contribuer à l’économie, mais il faudrait demander au gouvernement de les soutenir financièrement d’une autre manière qu’en leur conseillant des prêts pour obtenir des liquidités. Continuer d’investir est vite dit. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait.»
Émile Eichen, le président du Syvicol, est d’avis qu’il faut avant tout trouver des solutions à court, moyen et long termes pour soutenir les communes en difficulté, comme par exemple «l’adaptation du plafond des subsides qui n’a plus été réévalué depuis 15 ans».
Il a également proposé à l’issue de la réunion de lundi de demander une entrevue au Premier ministre, Xavier Bettel, pour lui exposer les difficultés traversées par les communes et tenter de trouver des solutions, et d’y convier certains ministres.
«Le but sera de mettre au point une stratégie commune qui nous permettra de transposer cette politique anticyclique», explique-t-il. «Si nous n’y parvenons pas, nous risquons de donner lieu à un mélange de dettes élevées et de baisse des investissements.» Le pire scénario possible pour les communes luxembourgeoises.
Sophie Kieffer